Les habitants de Villers-devant-le-Thour, dans les Ardennes, rénovent bénévolement depuis plusieurs semaines leur église. L'occasion pour eux de vérifier que l'âme du village est toujours bien présente.
Depuis plusieurs années, un groupe de passionnés restaure la petit église de Villers-devant-le-Thour près de Rethel.
Ils frottent, ils récurent, dépoussièrent et lustrent. Il faut maintenant briquer l'écrin qui accueille ces nouveaux piliers : de la pierre brute retaillée au marteau et au burin cinq samedis durant par 25 ou 30 familles du village.
"Chacun participe plus ou moins selon ses moyens", détaille Jean Prot, le maire sans-étiquette de Villers-devant-le-Thour. "Cela va du cadre supérieur à l'ouvrier. Il y a pas de différence. C'est un village qu'on essaye de faire revivre."
Tous ont piqueté la pierre pour faire tomber une épaisse peinture marron qui s'éfritait et donnait un air pitoyable aux mariages ou aux enterrements. Mais il a fallu avant éviter qu'un bout de plafond ne s'effondre, 6 000 euros investis. Le reste, l'appel au bénévolat, s'est fait naturellement.
"On a fait des travaux déjà professionnellement", explique Emin Causevic un habitant du village. "J'ai demandé au maire si on pouvait faire du bénévolat le samedi, parce que n'importe qui sait taper avec un marteau."
Il faut dire qu'une église du 13e siècle, c'est pas donné à tous les villages. Et puis certains s'y sont mariés, d'autres y ont été baptisés, confirmés, confessés. Comme un lieu de vie intense dans le coeur des 423 habitants.
"Je ne sais si c'est spécial à Villers-devant-le-Thour mais dans le village je pense qu'il y a une certaine âme", remarque un villageois Paul Véron. "Moi je dis toujours que ça vient du moment où on avait encore un curé dans le village. On a eu un très grand curé, je pense, qui est resté 25 ans, et qui a très fortement marqué le village."
Alors il restera bien quelques toiles d'araignées, quelques couleurs un peu passées. Mais le sentiment surtout, d'avoir oeuvré pour préserver un petit bout de notre patrimoine.