Un bois privé doit être coupé à Daigny (Ardennes) pour laisser place à une vaste étendue de panneaux solaires. Des militantes et militants écologistes s'insurgent.
Les projets de construction d'infrastructures visant à produire de l'énergie renouvelable n'ont parfois pas bonne presse. C'est le cas à Daigny (Ardennes), où un bois doit laisser la place à une ferme photovoltaïque.
Des militantes et militants écologistes, y compris un élu régional faisant partie des rangs du parti Europe Écologie Les Verts (EELV), ont fait part de leur opposition à ce projet. Une manifestation avait lieu le samedi 19 août 2023 pour tenter de sauver ces arbres.
Le terrain, une ancienne friche militaire, fait 40 hectares, dont 26 hectares de bois. Il a été vendu au département en 2001, qui l'a lui-même revendu aux enchères en 2018, à un propriétaire privé.
Un projet vert, mais peut-être pas si vert
Sophie Dumay, reporter de France 3 Champagne-Ardenne, s'est rendue sur place (ou plutôt devant, la surface ayant été délimitée et vidéo-surveillée). Elle y a rencontré Caroline Oury, du collectif Nature et avenir. "C'est du privé qui veut essayer de rentabiliser un terrain en disant : on fait de l'écologie parce qu'on met des panneaux photovoltaïques." Mais elle conteste l'argument. "La nature a repris ses droits sur ce terrain. C'est en train de pousser. C'est un puits de carbone. C'est un réservoir de biodiversité."
Michel Duterme, deuxième adjoint au maire de Daigny, est allé à leur rencontre au cours d'une manifestation décrite comme étant bon enfant. "De nombreux projets par le passé n'ont pas abouti. Un propriétaire a acheté, et aujourd'hui, il a l'opportunité de poser ces panneaux. Moi, personnellement, et au niveau de la commune, je ne suis pas contre. Il faut qu'on évolue, qu'on trouve de l'énergie." Le conseil municipal a en effet validé ce projet.
De son côté, Emmanuel Jacquemain (du collectif Les Soulèvements de la Terre) veut jouer sur mots en qualifiant de "forêt" cette friche où se trouvent de nombreux arbres. Car ces derniers y pousseraient depuis plus de 30 ans. "Cette friche, si elle avait été classée correctement par les services de l'État, on n'aurait pas pu voir ce projet de centrale photovoltaïque se concrétiser. Il y a tout un arsenal de règlementation qui fait qu'on n'a pas le droit de couper une forêt comme ça. Surtout quand elle est supérieure à 25 hectares d'un seul tenant.
Le propriétaire de cette friche n'a pas souhaité prendre la parole et "regrette" les "propos injurieux" tenus à son encontre.