Une dizaine de personnes ont été interpellées dans les Ardennes vendredi dernier par la Section de Recherche de la gendarmerie de Reims dans le cadre d'une opération pilotée par l'organe européen Eurojust et la France contre un vaste trafic de viande de cheval.
En tout, vingt-six personnes ont été arrêtées en Europe dans ce cadre, plus de deux ans après l'un des plus grands scandales alimentaires du continent.
C’est donc une nouvelle affaire de viande de cheval qui est mise au jour. Une dizaine d’individus ont été placés en garde à vue dans les locaux de la section de recherche de la gendarmerie de Reims. Ces gardes à vue auraient été levées ce dimanche soir. Des mandats de dépôt auraient été requis contre certains individus.
Ces individus ont été interpellés vendredi dans les Ardennes dans le cadre du vaste coup de filet européen sur le trafic de la viande de cheval. Au total, 26 personnes ont été arrêtes dans 7 pays, notamment en Belgique, en Allemagne et Pays-Bas.
Le cerveau du trafic serait un belge et les chevaux auraient été abattus dans les Bouches-du-Rhône. Au total, l’affaire porte sur plus de 4.700 chevaux impropres à la consommation qui seraient entrés dans la chaîne alimentaire européenne.
4.700 chevaux impropres à la consommation
Au cours d'une opération menée conjointement dans sept pays, Eurojust et les autorités françaises, qui coordonnaient l'action, "ont réussi à mettre un terme à un réseau criminel organisé impliqué dans le commerce de viande de cheval illégale", a indiqué l'agence européenne de coordination judiciaire Eurojust dans un communiqué samedi. Ce réseau a falsifié les documents des chevaux et a ainsi fait "entrer, de manière frauduleuse, de la viande impropre à la consommation dans la chaîne alimentaire européenne", a ajouté Eurojust, qui est basé à La Haye. Les autorités françaises "estiment qu'entre 2010 et 2013, 4.700 chevaux impropres à la consommation ont été abattus et introduits dans la chaîne alimentaire légale", selon Eurojust.Voir notre reportage dans le JT 19/20 de ce dimanche 26 avril 2015
Les interpellations en Europe ont eu lieu dans le cadre d'une commission rogatoire délivrée par la juge d'instruction marseillaise Annaïck Le Goff, du pôle de santé publique, selon une source judiciaire française. Les suspects ont été interpellés notamment en Belgique, Pays-Bas, Allemagne et dans le sud de la France. Des gardes à vue sont en cours, selon cette source. Le parquet néerlandais a, lui, indiqué, avoir effectué une quinzaine de perquisitions et arrêté trois personnes "à la demande des autorités françaises", qui ont requis leur extradition. Celles-ci devraient avoir lieu "au cours de la semaine", selon une personne proche du dossier et désirant rester anonyme.
Le principal suspect est un Belge, opérant depuis la Belgique, a précisé Eurojust : c'est là que l'enquête avait commencé, initiée en novembre 2012 par le tribunal d'Arlon, dans le sud-est du pays. Les médias belges font, eux, état de l'arrestation en France de quatre Belges, dont le dirigeant du réseau, originaire d'Arlon, ainsi qu'un Anversois et deux hommes de main. Les animaux auraient en effet été tués dans un abattoir situé dans un "département proche des Bouches-du-Rhône", dans le sud de la France, selon la source judiciaire française.
400 passeports anormaux
En France, "quatre cents passeports de chevaux présentant des anomalies ont été détectés", a ajouté Eurojust, soulignant qu'une enquête y avait été ouverte en juillet 2013 par le tribunal de Marseille. Aucun service judiciaire n'a pour l'instant établi de lien avec le scandale de la viande de cheval de 2013. L'action, qui a également été menée vendredi aux Pays-Bas, Allemagne, Irlande, Luxembourg et Grande-Bretagne, a permis de saisir 37.000 euros en numéraire, des médicaments et 800 passeports. 200 chevaux seront examinés par des services vétérinaires. Suite aux informations fournies par les polices françaises et belges, la police britannique a également ouvert une enquête.Le scandale de la viande de cheval avait éclaté en 2013 en Irlande et Grande-Bretagne avec la découverte de burgers surgelés fournis à plusieurs supermarchés, dont la chaîne Tesco, et contenant de l'ADN de cheval. Des lasagnes du géant suédois de l'alimentation, Findus, étiquetées "pur boeuf" mais qui contenaient de la viande de cheval, avaient également été découvertes.
L'enquête en France s'était terminée en novembre et quatre personnes avaient été mises en examen, dont deux anciens responsables de la société Spanghero et deux négociants néerlandais. Des tests pratiqués par la suite dans l'Union européenne, dont les résultats ont été publiés par la Commission, ont décelé de la viande de cheval dans moins de 5% des produits censés ne contenir que du boeuf.