Un bus scolaire a plongé dans le canal des Ardennes, au Chesne (Ardennes). C'était le mardi 31 mai : une intervention rapide des pompiers et du garagiste Cimetière a permis de récupérer le véhicule, vide lors de l'incident.
Maman les p'tits bateaux qui vont sur l'eau... Tout le monde connaît cette célèbre comptine pour enfants.
Mais depuis le mardi 31 mai 2022, on pourrait l'adapter suite à un fait divers peu banal qui s'est produit au Chesne (Ardennes). En remplaçant le bateau par un bus.
Et la réponse est non : les bus ne vont pas sur l'eau. Et ils coulent. Bloquant le trafic fluvial de ce cours d'eau (visible sur la carte ci-dessous).
Résultat, il fallait l'enlever de là rapidement. Le maire de la commune, Benoît Singlit, habite juste à côté du lieu où le bus devenu sous-marin. Rapidement présent dès 10h45, il a fourni quelques explications à France 3 Champagne-Ardenne. "Je ne connais pas les causes pour lesquelles ce bus de la RDTA [Régie départementale des transports des Ardennes; ndlr] a terminé dans le canal." Malveillance, accident, négligence ? Une enquête devra le démonter : le bus (vide), comme ses comparses, était garé sur un terrain situé juste au-dessus du canal.
"Ces bus sont stationnés-là depuis au moins vingt ans, il n'y a jamais eu d'incident... Il faut toujours une première fois." Il a donc fallu appeler les secours, en l'occurrence le service départemental d'incendie et de secours (Sdis) des Ardennes, sous les yeux de beaucoup de curieuses et de curieux. "Ce n'est pas tout simple de sortir un bus de l'eau. Ça demande un peu de matériel."
J'avais peur qu'il ne puisse pas y avoir de bateaux pendant quelques jours...
Benoît Singlit, maire du Chesne
En conséquence de quoi, le trafic fluvial (parfois déjà perturbé par des bateaux se coinçant sous les ponts) a pu être rapidement rétabli. Ceci en un peu moins de quatre heures. "J'avais peur qu'il ne puisse pas y avoir de bateaux pendant quelques jours... Mais non, la navigation est de nouveau ouverte. Il s'agit de plaisanciers, et la saison s'y prête. Le tourisme se développe sur ce canal."
Le (bateau-)bus ne roulera plus
Nos collègues de Radio 8 Ardennes étaient aussi sur place en premier. Pour le garagiste, Nicolas Cimetière, il a fallu lui laisser le temps d'être appelé en renfort et d'arriver sur place. Ce dernier a tout raconté à France 3 Champagne-Ardenne. "En 25 ans de carrière, c'est la première fois que je fais ça. Quand les gendarmes m'ont appelé, je pensais qu'il n'y avait que l'arrière dans le canal."
L'opération était donc un peu délicate. D'autant qu'on ne parle pas d'une simple petite voiture (ça arrive plus souvent), mais de cet infortuné bus "de presque onze tonnes, sans compter une dizaine de tonnes d'eau à l'intérieur. On ne peut pas se mettre au bord du rivage avec nos dépanneuses. Si ça s'affaisse quand on lève..."
"On a vu avec les plongeurs, venus de la caserne de Charleville. Comme il y avait un autre bus sur le parking, on leur a montré où on voulait qu'ils passent nos chaînes, dans les roues, et des élingues en kevlar, accrochées à nos treuils, pour éviter d'abîmer le bus. Ils l'ont fait, et on l'a levé. Lentement, pour qu'il se vide et ait le moins de poids possible. On l'a ramené après sur le bord de la rive, et on l'a reposé sur la berge."
Précision importante et heureuse, "il n'y a pas eu de perte d'hydrocarbure ou d'huile dans le canal. Les pompiers avaient aussi amené des barrages, des barrières chimiques." Toute pollution est donc évitée.
Ce bus est maintenant une épave.
Nicolas Cimetière, garagiste appelé depuis Remilly-Aillicourt
Ce bus ne pourra plus rouler. "Il est fichu. C'est foutu. Le moteur s'est rempli d'eau, vous allez passer des heures de manoeuvres terribles pour le vidanger. Et tout ce qui est circuit électriques... démarreur, alternateur, clignotants... et les sièges : vous n'arriverez pas à les ravoir, ça va moisir et rouiller. Ce bus est maintenant une épave." Comme celle du Titanic (savez-vous qu'une Champardennaise se trouvait à bord ?).
Nicolas Cimetière a ramené le bus (qui avait une dizaine d'années au compteur) à la RDTA, située à Charleville-Mézières (Ardennes). "Comme ils ont des bus similaires, ils vont pouvoir récupérer des portes, des vitres... Ils vont pouvoir le désosser pour des pièces de dépannage. Et ensuite, je pense que quand ils auront pris ce dont ils ont besoin, un épaviste viendra le chercher pour le détruire." Triste fin pour ce bus, cannibalisé après avoir raté sa reconversion en bateau.