Henri Boguet (Fontoy) et Rémy Dick (Florange) sont membres du collectif réunissant 120 maires dans cette action en référé mardi 12 mai. Ces maires anti-pesticides demandent la suspension des textes fixant les distances minimales entre zones d'épandage de pesticides et habitations.
Le Collectif des maires anti-pesticides a de nouveau saisi ce mardi 12 mai 2020 le Conseil d'État, dans une action commune avec d'autres associations. Il réclame en urgence la suspension des textes fixant les distances minimales entre zones d'épandage de pesticides jugées insuffisantes pour protéger les populations. La décision sera rendue en fin de semaine.
Parmi ces maires engagés figurent en Lorraine, Henri Boguet, maire (Liste Divers) de Fontoy en Moselle.
Je ne suis pas un écologiste, porteur de pancartes, mais il faut arrêter de vendre et d’utiliser des produis néfastes pour la santé.
- Henri Boguet, maire de Fontoy
Selon lui, il ne suffit pas de quelques mètres pour protéger les habitants riverains des exploitations agricoles, il faudrait au moins un kilomètre. A 80 ans, Henri Boguet vient de boucler huit mandats et s’apprête à céder son fauteuil mais il continue d’exercer son métier de médecin. L’élu a été l’un des premiers en 2017 à prendre un arrêté interdisant l’utilisation sur sa commune des néonicotinoïdes incriminés dans la mortalité des abeilles. Un arrêté retoqué par le préfet en dépit des 50.000 signatures recueillies en soutien à sa décision.
Problème de santé publique
"J’ai un collègue qui a eu comme patient un agriculteur qui utilisait ces produits", explique l'élu. "Il présentait une paralysie des membres. Quand il a cessé son activité, les troubles ont disparu. Ce qui prouvent que certains produits sont nocifs pour l’homme et pour l’environnement."
L’élu affirme ne pas vouloir faire un combat contre le monde agricole mais il souhaite ainsi lancer un message d’avertissement sur un problème de santé publique qu’il constate. Il ne compte plus les cas de cancers digestifs qu’il estime être liés à une mauvaise alimentation.
Ce maire -et médecin respecté- a conduit un jeune élu voisin à rejoindre sa cause.
A Florange, Rémy Dick (Divers Droite) lui a apporté son soutien en faisant adopter en juin 2017 une même motion d’interdiction de pesticide sur sa commune, qui étonnamment n’a pas été cassée par une décision préfectorale.
Nous ne sommes pas dans une lutte contre le monde agricole mais notre mandat de maire nous engage dans une responsabilité de protéger la santé de nos administrés.
- Rémy Dick, maire de Florange
Le maire de Florange avoue ne pas avoir toutes les connaissances expertes pour juger de la nocivité ou non de certains produits mais il souhaite appliquer un principe de précaution et que l’Etat prenne ses responsabilités.
La crainte du coronavirus
Ce combat, porté par un collectif d'élus et d’association, demande cette suspension en urgence des textes fixant les distances minimales entre zones d'épandage de pesticides et habitations en avançant "un lien probable" entre épandage et propagation du nouveau coronavirus.
"Le virus fragilise les bronches des gens qui respirent des pesticides de synthèse et de nouveaux éléments montrent qu'il serait accéléré par la présence de particules fines dans l'air" a déclaré à l'AFP Daniel Cueff, le porte-parole de ce collectif, qui revendique le principe de précaution.
Ce mardi 12 mai 2020, le ministère de l’Agriculture s’est engagé à retirer de son site internet les textes qui incitaient à réduire les distances d’épandage au minimum.
Une première victoire.