Environnement : les études d’ATMO France prouvent que nous inhalons tous des pesticides, mais à quelle dose ?

Les associations agrées de surveillance de la qualité de l’air ont publié ce mercredi 18 décembre les mesures de pesticides effectuées pendant 15 ans en France. Dans le grand-Est, cinq molécules ressortent régulièrement, même en ville, et avec des pics au printemps et à l’automne (herbicide).

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C’est une demande croissante des citoyens, et des associations de protections de l’environnement : connaître la quantité de pesticides qu’ils respirent. Si la question est simple, la réponse, en revanche est très compliquée! Il existe bien une obligation de mesurer le taux de certains produits phytosanitaires dans l’eau et dans les fruits et légumes, mais l’air ne fait jusqu’ici l’objet d’aucune surveillance officielle en ce qui concerne les pesticides.
 

Des pesticides jusque dans les villes

Pourtant, la plupart des substances épandues sur les cultures sont volatiles, et peuvent se déplacer assez loin, à plus d’1 km jusque dans nos villes! C’est ce que démontrent les chiffres de la base de données PhytAtmo, qui est désormais ouverte au grand public et bientôt via data.gouv.fr. Ces mesures ont été récoltées grâce à des capteurs implantés dans les communes volontaires. Nous les avons consultées ce mercredi 19 décembre 2019.

De 2002 à 2017, les associations agrées de surveillance de la qualité de l’air (AASQA), ont réalisé des mesures de pesticides dans l'atmosphère. Un énorme travail réalisé uniquement sur leurs ressources et moyens locaux. 6837 prélèvements sur 176 sites! Dans le Grand Est, en 2017, près de 200 prélèvements ont été effectués sur quatre sites, dont trois implantés en ville (Nancy, Reims et Kintzheim (Bas-Rhin) et un en milieu rural (Puxieux, Meurthe-et-Moselle).


Pics de pesticides

Ce que l'on constate, ce sont des concentrations plus importantes à la campagne qu'en ville, et qui augmentent au printemps et à l’automne. Sur 61 substances actives recherchées (fongicides, insecticides et herbicides), on en a retrouvé une quinzaine à Reims, 6 à Nancy, 10 à Puxieux et 14 à Kintzheim.Voici le top cinq des molécules que l’on retrouve de façon récurrente dans la région: pendiméthaline (herbicide), triallate (herbicide), et prosulfocarbe (herbicide), lindane (insecticide), et fenpropidine (fongicide).

Sur une année, (exemple en 2017) on constate des pics de concentration au printemps, de mai à juillet, notamment de fongicides dans un environnement viticole comme à Kintzheim et Reims, et d’herbicides en automne dans un environnement de grandes cultures comme à Puxieux (54), avec des valeurs qui bondissent à 46 nano grammes/m3 pour le prosulfocarbe en 2017! Nancy affiche une concentration d’herbicides à l’automne de 9 nano grammes/m3.
 
Si l’on compare deux capteurs, l'un en ville et l’autre en milieu rural, il apparait que ceux qui habitent à la campagne peuvent être jusqu’à 4 fois plus exposés.

Objectifs du plan Ecophyto I non atteints

Plus globalement, quand on regarde la concentration moyenne en pesticides dans l’air, entre 2003 et 2017, on constate que si les pesticides ont diminué dans certains endroits, on est loin d’atteindre les préconisations du plan Ecophyto I mis en place par le gouvernement en 2014, et qui préconisait une diminution de moitié de l’usage des produits phytosanitaires.

Quelles conséquences pour notre santé ?

Si les chiffres indiquent clairement que les pesticides sont présents dans l’air que nous respirons, à la ville comme à la campagne, il est très difficile de faire un lien étroit avec des problématiques de santé. En effet, il n’existe à l’heure actuelle aucune mesure réglementaire, ni étude sanitaire capable de fixer un seuil de dangerosité concernant l’inhalation dans l’air ambiant.

Difficile également d’obtenir des chiffres détaillés sur l’utilisation des pesticides, et les quantités achetées. Des données que les associations de surveillance de la qualité de l‘air appellent de leur vœu. Un rapport parlementaire soutient l’idée d’une plateforme qui centraliserait tous ces chiffres. Idem pour les associations de protection de l’environnement comme France Nature Environnement et Générations futures.

La France figure pourtant parmi les pays les plus consommateurs en pesticides, et ces produits sont reconnus comme substances d’intérêt national par le Ministère de la Transition écologique. Charge maintenant aux autorités sanitaires et aux élus de se saisir de ces chiffres et de prendre les mesures nécessaires.
 
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