Ils n'ont pas trente ans, et le goût de l'innovation, de la diversification. Trois jeunes agriculteurs aubois, amateurs de bière, ont décidé de planter du houblon. Du jamais vu, dans ce département, où existent plusieurs brasseries. La première récolte certifiée bio est attendue pour 2023.
On peut déjà cultiver 120 hectares, en pommes de terre, betteraves, céréales, luzerne déshydratée, oeillettes, veiller sur un troupeau de 300 brebis, et ça occupe, mais avoir encore envie de se diversifier. C'est le cas d'Etienne Joanot, issu d'une famille d'agriculteurs, depuis plusieurs générations. Il n'est d'ailleurs pas le seul à avoir eu cette idée.
Son cousin, Victor, et son ami d'enfance Camille Maurois, qu'il a connu, à la maternelle, tous deux, agriculteur et éleveur, étaient dans le même état d'esprit. "Les années sont de plus en plus difficiles", explique Etienne Joanot. "La pomme de terre, par exemple, est un marché instable. Ca peut s'écrouler. Que faire pour innover ? Comme on est tous les trois amateurs de bière, à partir du mois d'octobre 2019, l'idée de cultiver du houblon a germé dans nos têtes. Et en 2020, on a entrepris de se former".
On espère que ça va bien se passer, mais on part vers l'inconnu. On est les premiers, on avance à l'aveugle. Théoriquement, ça ira. Dans les bois, on trouve du houblon sauvage.
"On est les précurseurs, dans l'Aube, mais nos trois structures apportaient des garanties suffisantes, alors la banque nous a suivis. Mais un agriculteur, tout seul, n'aurait peut-être pas été accompagné sur une telle innovation". Mais aujourd'hui "Hop'MJ" est née. C'est cette Société Civile d'Exploitation Agricole qui réunit les trois producteurs de houblon bio.
Première récolte certifiée bio en 2023
C'est dans le secteur de Balignicourt et Pars-lès-Chavanges, entre Vitry-le-François et Brienne-le-Château, que vont pousser les plants de houblon, sur deux hectares et demie. Victor Joanot, 23 ans, et son cousin Etienne, ainsi que Camille Maurois, tous deux âgés de 28 ans, n'ont pas chômé, ces dernières semaines. Pour que se développent les lianes, porteuses de cônes de houblon, il a fallu planter 350 poteaux, un tous les dix mètres.
La variété retenue par les trois associés va s'élever à six mètres de hauteur. Un culture moins haute que celle que l'on peut découvrir en Alsace, où les pieds de houblon montent à neuf mètres. "Les premiers pieds ont été plantés, fin mars", explique Etienne Joanot. " Ca pousse bien, le houblon cherche déjà à essayer de grimper. Actuellement, on est en conversion, et pour deux années encore. La première récolte certifiée bio arrivera en septembre 2023".
Une nouveauté dans le département
Les trois jeunes agriculteurs ne se sont pas improvisés producteurs de houblon. Ils ont suivi deux sessions de formation, une auprès de l'association "Houblons de France", l'autre auprès de la Chambre d'Agriculture de l'Aube. Pour autant, "on n'a pas de recul", dit Etienne Joanot. "On espère que ça va bien se passer, mais, on part vers l'inconnu. On est les premiers, on avance à l'aveugle. Théoriquement, ça ira. Dans les bois, on trouve du houblon sauvage". Mais, les trois associés, à part égale, ne disposent pas de fiche technique. "C'est difficile d'avoir une base technique".
Ca pousse bien, le houblon cherche déjà à essayer de grimper. actuellement, on est en conversion, et, pour deux ans encore. La première récolte certifiée bio arrivera en septembre 2023.
Sur leurs deux hectares et demie, les trois aubois pensent récolter une à 1,2 tonne de houblon. Ils ont sélectionné cinq variétés, pour offrir une diversité aux brasseurs, qui souvent font des mélanges, et plus ou moins précoces, pour étaler la récolte. Il y a actuellement un engouement autour du houblon, on en cultive un peu partout, en France. "On élargira notre surface, en fonction de la demande". Mais avant même de récolter, Etienne, Victor et Camille, ont commencé à prospecter le marché. "Des contacts téléphoniques, avec les producteurs de bières locaux", précise Etienne Joannot. "Il y en a bien six, dans le département, comme celle du "Moulin de Saint-Martin", "Bulle de Paradis", ou encore "Thibord", "La Roof". Ensuite, on ira voir plus loin".
Attentif au réchauffement climatique
Les trois parcelles que les agriculteurs ont regroupées, offrent une terre sablonneuse, de bordure de rivière. Comme tous les agriculteurs, Etienne Joanot est attentif à l'évolution du climat. "Le houblon n'aime pas la sècheresse", dit-il. "On peut espérer qu'il va bien s'enraciner profondément, afin de pouvoir trouver les ressources en eau dont il a besoin pour son développement". L'agriculteur n'affiche, en tout cas, pas d'inquiétude quant à la vente de la production.
La consommation de bières, ne cessent de progresser. En 2018, selon une étude du Cabinet Xerfi, chaque Français buvait, en moyenne, 32 litres de bière, par an. A l'approche du déconfinement, certains se demandent, même, si la bière ne va pas manquer. Les "petites mousses" seront probablement très demandées, dans les prochaines semaines. Les trois jeunes exploitants ne devraient pas regretter leur décision de se diversifier dans la production de houblon bio.