Voilà un concours des plus originaux : celui de l'arbre de l'année ! C'est un chêne situé à Pont-sur-Seine, dans l'Aube, qui a été sélectionné pour représenter la région Grand Est en 2024. De taille imposante, avec des particularités visuelles, un bagage historique de renom et un cadre de biodiversité notable, les Aubois espèrent le voir gagner.
L'automne ne lui rend peut-être pas hommage, mais même sans ses feuilles, sa magnificence ne fait aucun doute. “Il a quelque chose que d’autres n’ont pas”, souffle José Gilbert en regardant, émerveillé, le grand chêne situé dans la commune de Pont-sur-Seine, dans l’Aube. Un arbre tortueux à souhait, sélectionné pour représenter le Grand Est au concours "L'arbre de l'année" 2024.
La région peut d’ores et déjà se targuer d’un beau palmarès, avec le prix du public obtenu en 2020 par un peuplier noir, la Pouplie de Boult-sur-Suippe, dans la Marne et en 2022 le prix du jury gagné par le hêtre du canyon en Moselle.
Mais le président de l’association Arbres Remarquables de l’Aube l'assure, ce chêne a tout pour poursuivre ce palmarès. José Gilbert pointe ainsi du doigt une branche qui a voulu pousser et qui s’est ressoudée sur une autre branche, une “anastomose, ce que l’on voit très peu sur les chênes”, précise celui qui a poussé la candidature de cet arbre à mi-chemin, selon lui, entre un chêne de plaine, qui s’étend et un chêne de forêt, qui monte.
4 mètres 25 de circonférence
Avec un tronc d’une circonférence de 4 mètres 25, le chêne aubois n’est pas des plus grands de son espèce, mais dispose d’autres atouts. Outre son aspect visuel original et verdoyant, son côté historique est également à mentionner, puisqu’il serait âgé d’environ 244 ans. Difficile de le savoir réellement, mais il aurait été mis en terre à la fin du 18e siècle ou au tout début du 19e.
Et pas par n’importe qui… “Il a peut-être été planté par le prince de saxe ou par la mère de Napoléon, Letizia Ramolino”, indique Marie-Thérèse Simoutre, présidente de l’association Connaissance et Sauvegarde du Patrimoine Pontois.
Il a peut-être été planté par le prince de saxe ou par la mère de Napoléon, Letizia Ramolino.
Marie-Thérèse Simoutreprésidente de l’association Connaissance et Sauvegarde du Patrimoine Pontois
Le chêne se trouve dans l’ancien parc du château, habité successivement par d’illustres personnalités. Il est ainsi un témoin de l’histoire des hommes, impassible au bord d’un grand bassin qui, dès que l’on prend un peu de recul, reflète son immensité. “Je suis contente de me dire qu’il a vu passer des générations et des générations, et que je fais partie de ces personnes qui ont le privilège de le contempler”, se réjouit Marie-Thérèse Simoutre.
L’imposant chêne, du fait de son emplacement dans la Bassée, portion de la vallée de la Seine en cours de classement en réserve naturelle, représente aussi un refuge pour la faune. Hérons cendrés, cigognes, cygnes, canards ou aigrettes garzettes viennent s’y nicher.
Un arbre remarquable
“Je savais que le chêne était magnifique et dans un cadre remarquable, mais de là à être sélectionné pour représenter non seulement la commune, mais aussi la région Grand Est, c’est un honneur auquel on ne s’attendait pas”, confie le maire de Pont-sur-Seine, Denis Desmares. L’édile est persuadé que l’arbre trouvera son public s’il bénéficie de la visibilité du concours, encore plus s’il est un des grands gagnants.
Quant à Joël Gilbert, lorsqu’on lui demande s’il voit le chêne aubois gagner, il répond en rigolant : “Il y a un côté chauvin donc je vais dire que c’est le plus beau, mais il est réellement très très beau”, glisse-t-il avec fierté.
Il y a un côté chauvin donc je vais dire que c’est le plus beau, mais il est réellement très très beau.
Joël Gilbertprésident de l’association Arbres Remarquables de l’Aube
Le jury et les votants seront-ils du même avis ? Résultats le 13 janvier prochain, avec un vote du public qui se clôture le 20 décembre à 10 heures pour départager les 14 arbres sélectionnés. Celui qui obtiendra le titre d'arbre de l'année représentera ensuite la France au concours de l’arbre européen 2025.
Concours de longue date
Le concours "L'arbre de l'année" a été créé en 2011 par le magazine Terre Sauvage et l’Office national des forêts qui a pour but de mettre en lumière le patrimoine arboricole français avec un “Miss France version arbres”.
Derrière la participation de Joël Gilbert, on retrouve cette volonté de “faire passer un message sur les arbres, leur protection et celle de la nature”, explique-t-il, car quand on détruit les arbres, on détruit tout un écosystème”, rappelle le passionné.