Le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne se prononcera vendredi 9 juin 2023 dans le dossier concernant le déterrage des blaireaux ce printemps et cet été, dans l'Aube. L'association One Voice espère faire suspendre l'arrêté pris le 16 mai dernier par la préfecture du département.
Serait-ce bientôt la fin du déterrage des blaireaux au-delà des périodes de chasse, dans l'Aube ? C'était le sujet au centre des débats de l'audience de ce mardi 6 juin 2023, au tribunal administratif de Châlons-en-Champagne.
L'association de protection animale One Voice espère faire suspendre l'arrêté préfectoral pris le 16 mai dernier qui autorise les chasseurs à déterrer les blaireaux se trouvant sous terre entre le 15 juin et le 17 septembre, une période dite complémentaire.
"Oui, la période complémentaire met à mort les petits"
Lors de l'audience, Justine Gierak, représentante de One Voice a rappelé qu'au printemps "des petits blaireaux sont présents dans les terriers et peuvent être tués." Elle a ajouté : "Il y a des mailles de terriers qui peuvent être principaux ou secondaire, mais ça ne veut pas dire qu'il y a forcément des blaireaux dedans, des espèces protégées peuvent s'y trouver."
Selon la loi 424 alinéa 10 du Code de l'environnement, "il est interdit de détruire, d'enlever, de vendre, d'acheter et de transporter les portées ou petits de tous mammifères dont la chasse est autorisée, sous réserve des dispositions relatives aux animaux susceptibles d'occasionner des dégâts".
Maitre Mollard, qui représente la Fédération des chasseurs, considère qu'un blaireau est jeune "jusqu'au sevrage. Alors au 15 juin, ils sont considérés comme adultes". Ce que conteste One Voice. "Les blaireautins naissent entre mi-janvier et février et ils sont sevrés entre 12 et 16 semaines au moins, mais ils ont encore besoin de leurs parents après. Alors oui, la période complémentaire met à mort les petits", s'insurge-t-elle, en précisant que "les chiens de chasse ne feront pas la différence entre des blaireaux adultes ou des petits".
Les chasseurs peuvent trier les espèces
La vénerie sous terre est une méthode de chasse traditionnelle du blaireau. "Quand on dit que les petits sont chassés, c'est faux. Les chiens ne chassent pas les blaireaux, ils bornent là où il y en a. Ce sont les chasseurs qui les tuent donc ils ont le choix de trier les espèces", défend maitre Mollard qui ajoute que "les chasseurs sont formés à laisser partir les espèces protégées et les petits."
La préfecture de l'Aube, de son côté, avait envoyé un questionnaire aux communes du département sur la présence de blaireaux sur leur territoire. "55% des communes ont répondu à ce questionnaire. Sur ce pourcentage, 76% ont répondu qu'il avait des blaireaux dans leur commune", tient à rappeler l'association de protection animale. Emmanuelle Richard, qui représentait la préfecture, assure que "l'association vénerie sous terre de l'Aube s'engage à ne pas toucher aux petits".
La décision attendue le 9 juin
Pour l'association One Voice, en autorisant la chasse des blaireaux huit mois sur douze, "la France ne respecte pas la Convention de Berne relative à la conservation de la vie sauvage ratifiée en 1982". En septembre dernier, l'association a déposé une pétition qu'elle a adressée au Sénat pour protéger l'espèce et faire interdire la vénerie sous terre.
Plusieurs arrêtés similaires ont déjà été suspendus, notamment à Amiens, en mai 2023, mais aussi, il y a quelques jours, dans l'Allier et le Puy-de-Dôme. Le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne rendra son jugement vendredi 9 juin 2023.