Pour le syndicaliste Pascal Barbery, secrétaire départemental de Force Ouvrière Santé dans l'Aube, la grève du 5 décembre ne concerne pas seulement la question des retraites. D'autres manifestations sont organisées dans le département pour défendre l'avenir de l'hôpital public.
À l’hôpital de Troyes ce jeudi 5 décembre, ce sera pour beaucoup double journée de manifestation. Dès 10 h, les agents hospitaliers sont invités à se rendre place Jean Jaurès à Troyes, devant la Bourse du travail, pour manifester contre la réforme des retraites. Pascal Barbery, secrétaire départemental du syndicat Force Ouvrière Santé y sera. « Aujourd’hui nous avons un système de retraite par répartition qui fonctionne très bien. Nous avons 160 milliards d’avance sur nos caisses de retraites avec les complémentaires, on peut tenir jusqu’en 2070. Aujourd’hui si on arrive à donner du travail à ceux qui n’en ont pas, on a un système qui tient la route. »
Contre le discours qui stigmatise les régimes spéciaux, le syndicaliste se défend de faire partie des privilégiés : « En tant que représentant du personnel, je fais beaucoup de simulations de départ en retraite d’aides-soignantes ou d’infirmières avec des pensions tout juste supérieur à 1000 €. Et il y en de plus en plus. » Une situation qu’un nouveau système par point ne pourra qu’empirer.
Aujourd’hui, ils parlent d’une valeur du point à 55 centimes. Qui nous dit qu’après une crise, un autre krach boursier, ils ne vont pas passer le point à 50 centimes. Le gouvernement refuse de promettre qu’ils ne toucheront jamais au prix du point. Rien ne nous garantit que les pensions ne baisseront pas à terme
- Pascal Barbery, secrétaire départemental Force Ouvrière Santé dans l'Aube
"J’ai toujours travaillé à l’hôpital, j’ai 58 ans bientôt, je n’ai jamais vu ça"
Après avoir quitté le cortège des manifestants contre les retraites, Pascal Barbery poursuivra la mobilisation. À 13 h 30, les personnels de santé de l’hôpital sont appelés à un rassemblement dans le hall du pavillon de la Mère et de l’Enfant. Cette fois, c’est l’avenir de l’hôpital public qui sera en jeu.
« Je travaille dans la fonction publique hospitalière depuis 37 ans, j’ai toujours travaillé à l’hôpital, j’ai 58 ans bientôt, je n’ai jamais vu ça. On a un personnel en détresse, on manque de lits. Dans les années 90, à l’hôpital de Troyes on avait 1.600 lits et places, aujourd’hui il en reste à peine 1.000. La population vieillit. La population augmente. On nous ferme des lits. Tout ça par manque de médecins. On manque de gynécos, on va voir des sages-femmes, on manque d’ophtalmo, on va voir des opticiens… »
Pour Pascal Barbery, les exemples de cette santé malade sont nombreux. Urgences, Ehpad, psychiatrie, le monde médical est en crise et le département de l’Aube n’est pas épargné. « Il n’y a plus de chirurgie pédiatrique à l’hôpital de Troyes. On n’a plus un seul lit de dermatologie dans le département. » Comme à chaque mouvement de grève, les personnels de santé poursuivront le travail dans l’intérêt de leurs patients mais beaucoup auront la tête à la grève.
Ce jeudi, la colère des agents hospitaliers ne se limitera pas à Troyes. Des manifestations pour défendre l’avenir de l’hôpital public seront également organisées à 13 h 30 à Bar-sur-Aube et à 14 h à Bar-sur-Seine. Une mobilisation qui pourrait donc se poursuivre dans les prochaines semaines.Demain, le mouvement va être suivi c’est sûr. Tout le monde doit être dans la rue, même les retraités. Les étudiants n’en peuvent plus. Le BTP, les paysans, on est tous dans la même galère. Les profs aussi. Le problème, c’est comment maintenir la pression pour que le mouvement dure
– Pascal Barbery, Secrétaire départemental Force Ouvrière Santé de l’Aube.