Une météo capricieuse, un contexte politique national qui joue sur le moral des Français, des finances pas toujours au beau fixe... Voilà les 3 raisons principales qui participent au bilan en "demi-teinte" de l'activité touristique dans le département de l'Aube au cours de l'été 2024. Heureusement, le Tour de France et l'accueil des délégations olympiques et paralympiques ont apporté un petit rayon de soleil.
"C’est un bilan en demi-teinte"… C’est par ces mots que la directrice de "Aube en Champagne Attractivité", Christelle Taillardat, a lancé le bilan touristique de l’été 2024, mardi matin. "Le tourisme est lié au moral des gens… Et le contexte politique, géopolitique et météorologique, ça casse le moral !". Bien sûr, il y a les chiffres qui rassurent, comme le nombre de nuitées enregistrées dans le département entre le 1er mai et le 31 août : 2,72 millions (en augmentation de 4,2% par rapport à 2023), mais il ne suffit pas à faire passer la pilule d’un été pluvieux, trop pluvieux, qui n’a pas facilité la tâche des acteurs du tourisme.
Entre juin 2023 et juin 2024, les précipitations ont augmenté de 22%. "Ça tue les arrivées en hôtelleries de plein air", regrette Christelle Taillardat qui souligne une période morose jusqu’aux Jeux Olympiques. C’est alors que le beau temps a fait son retour et que les dépenses effectuées par les touristes ont augmenté, permettant de combler le retard pris au début de l’été. Dans l’Aube, le panier moyen est estimé à 70€ par jour et par personne. "C’est bien mieux que sur le littoral où on est plutôt autour de 50€", précise Patrick Ruelle, le directeur par intérim de l’Office de Tourisme de Troyes La Champagne. Pourtant, l'ensemble des acteurs se rejoignent pour dire que les touristes dépensent moins.
Troyes en forme olympique
Si la cathédrale Saint-Pierre Saint-Paul reste une raison majeure invoquée par les touristes pour un séjour troyen, il y a toujours une difficulté persistante à capter la clientèle de passage dans les magasins d’usines situés en périphérie. Toutefois, dans la colonne des satisfactions de l’été, on peut classer les 80 visites guidées de la cité tricasse qui ont fait le plein (1700 inscrits) et le succès de l’aire de camping-cars avec un taux d’occupation de 99%. Troyes a aussi profité de l’effet combiné des Jeux Olympiques et Paralympiques en accueillant plusieurs délégations sur son sol, ce qui a pu représenter jusqu’à 120 chambres payantes et 400 sportifs hébergés durant 3 semaines pour l’équipe paralympique de gymnastique du Brésil, par exemple. Le passage du Tour de France, les 6 et 7 juillet, a également été à l’origine d’un pic concernant les nuitées.
"Pas une saison mémorable" pour les grands lacs
On a donc plutôt le sourire à Troyes, mais à une trentaine de minutes de route vers l’est, on fait grise mine. S’il y a bien une partie du territoire de l’Aube qui a pris l’eau cet été, c’est celle couverte par l’Office de tourisme des Grands Lacs de Champagne. Peu aidée par une météo pour le moins capricieuse, surtout en juillet et septembre, la fréquentation a reculé de 20% en un an. "Ce n’est pas une saison mémorable", concède Adeline Loison, la directrice de l’office, qui se console avec un nombre de visiteurs du site internet en hausse de 74%. Ici, on espère ardemment le retour d'un soleil estival en 2025. Un soleil qui pourrait permettre aux touristes étrangers de retrouver le chemin des plages auboises. S’ils représentaient 20% des visiteurs jusque-là, leur proportion est tombée à 10% cet été.
Le locatif à la hausse
Du côté des hébergements, la tendance veut que la clientèle hôtelière soit en recherche d’une offre dite de luxe. Avec un établissement 5 étoiles et bientôt un deuxième 4 étoiles, Troyes continue de s’équiper en ce sens quand d’autres villes souffrent d’un déficit d’hébergements de standing. À Nogent-sur-Seine, par exemple, il est difficile de garder le soir les touristes américains pourtant très amateurs des œuvres de Camille Claudel. Pas sûr qu’ils se rabattent sur le locatif qui ne compte heureusement pas sur eux dans le département pour afficher une belle progression des réservations en 2024 : +12% en juillet et +21% en août. Ces chiffres placent l’Aube dans le top 4 des départements les plus demandés dans le Grand Est avec la Marne, le Haut-Rhin et le Bas-Rhin.
Pas d’été indien
Comme écrit plus haut, c’est un bilan touristique en demi-teinte que l’Aube affiche pour l’été 2024. Le territoire aurait pu compter sur un été indien, espoir déçu… En septembre, la pluie a fait son retour pendant que les températures baissaient progressivement, ce qui a forcément un impact sur la fréquentation. "On n’aura pas un mois de septembre exceptionnel au niveau des chiffres", regrette Christelle Taillardat. L’été est bel et bien fini. Même les campings ont fermé leur piscine un mois plus tôt que l’an passé.