Pendant des années, cinq avions abandonnés entreposés dans une ancienne base militaire dans l'Aube ont attisé la curiosité, l’intrigue ou l’indignation. Le dernier d’entre eux, un Lockheed Neptune P2V7, devrait être renvoyé chez son propriétaire, le musée du Bourget, d’ici un an.
Certains passionnés d'aviation connaissent bien ces carcasses, immobiles pendant des années, voire des décennies, mais les avions abandonnés de l’Aube ne seront bientôt plus qu’un lointain souvenir.
Pendant “au moins 20 ans”, l’entreposage de cinq avions désuets dans une ancienne base militaire de l'Aube ont suscité la curiosité, l’indignation et autres divers projets. D'ici à un an, le dernier d’entre eux devrait définitivement quitter le site dont nous ne révélerons pas l'adresse précise pour des raisons de sécurité.
“Le projet de base était de les donner pour la création d’un musée qui n'a finalement jamais vu le jour”, raconte Nathalie Vignez, chargée d'opérations foncières et de gestion locative au Conseil départemental de l’Aube.
Les quatre premiers déplacés
“En six ans, nous avons fait partir les quatre premiers. Deux ont été démantelés et deux ont été reconstruits”, poursuit-elle, ajoutant que les véhicules étaient en complète perdition.
“La particularité du dernier, c’est que l’armée de l’air l’a cédé au musée du Bourget. Nous sommes donc actuellement en négociations pour qu’ils le récupèrent d’ici un an”, précise la chargée des négociations, soulignant les difficultés économiques et autres problèmes de stockage que crée ce déplacement. Il faut dire qu'un avion qui ne vole plus, ça ne se déplace pas n'importe comment.
En termes de références, le dernier toujours sur place est un Lockheed Neptune P2V7, le numéro 563 de la gamme plus précisément. Un avion de patrouille maritime et de lutte anti-sous-marine américain retiré en 1984.
Intrusions sur le site
Au-delà de la désuétude des avions, leur présence sur l’ancienne base militaire posait d'autres problèmes. Elle a notamment été source de diverses intrusions sur le site : “des gens venaient pour voir les avions, ce qui est dangereux pour eux et pour le site. On a dû progressivement sécuriser l’accès au lieu”, détaille Nathalie Vignez.
Sur place, il est effectivement très compliqué d’avoir accès à l’avion sans de multiples autorisations, et les grillages et barbelés qui cloisonnent le site n’auront pas de mal à décourager les amateurs d’escalade ou d'exploration urbaine (urbex).
La fin des indignations
Avec ce dernier déplacement, c’est aussi ces fameuses indignations qui prendront fin. Sur internet, de nombreux passionnés ont échangé à propos de ces avions, souvent choqués qu’ils soient laissés là, sans entretien ni protection.
“Ces machines arrivées en état de vol n’auraient jamais dû être laissées aux intempéries. Déjà que sous hangar les appareils vieillissent ; l'exposition statique à l’air libre est encore pire. Le couple galvanique de différents métaux assemblés amène de la corrosion, les peintures se défraîchissent, les pneumatiques se dégonflent, craquellent et pourrissent”, écrit notamment Pascal Teil sur un des forums où la question était abordée, souvent dans une rhétorique plus belliqueuse.
Alors, une fois le Neptune P2V7 rapatrié au musée de l'air et de l'espace du Bourget d'ici un an, les avions abandonnés de l’Aube ne seront plus qu’un souvenir ou une histoire à raconter, pour le plus grand bonheur des indignés.