Un collectif d’enseignants appelle à la grève dans 4 écoles élémentaires et 4 écoles primaires affiliées au collège des Jacobins de Troyes dans l’Aube. Depuis 10 ans, ils demandent leur classement en REP+, en vain. Dans le collège du réseau, l’accueil des 6e se déroule normalement, mais un préavis de grève est déposé pour la journée de demain mardi.
Une rentrée particulière à Troyes ce lundi matin. L’accueil des élèves n’a pas pu se dérouler normalement dans l'ensemble du réseau des Jacobins, soit les écoles élémentaires Millard Kléber, Marcel Pagnol, Blossières, Charles-Dutreix, et écoles maternelles Brossières, Auguste Millard, Les Trévois et Marcel Pagnol.
Pour les parents d’élèves, dès le jour de la rentrée, il a fallu s’adapter. Plutôt compréhensifs voire solidaires du mouvement de grève des professeurs. Un service minimum de garderie était tout de même assuré par la mairie en cas de difficultés.
Le collectif d’enseignants avait appelé à la grève dès le mois de juillet pour cette rentrée. Leur revendication, le placement en REP + de leurs établissements. Le réseau des Jacobins, comme on nomme ces écoles affiliées au collège des jacobins de Troyes, est classé en REP, insuffisant pour les professeurs.
Ils ont manifesté ensemble ce midi devant l'école des Blossières et recommenceront demain midi devant le collège des Jacobins.
La population scolaire de ces établissements est marquée par des difficultés sociales plus significatives, appartenant principalement aux quartiers Jules Guesde et les Senardes.
Ces 2 quartiers font partie des 7 quartiers prioritaires pour la politique de la ville recensés par l’Agence Nationale pour la Cohésion et le Territoire.
10 ans qu’ils attendent...
Pour les professeurs, c’est l’incompréhension. Selon eux le réseau des Jacobins correspond à tous les critères, et pourtant, les écoles ne sont pas reconnus REP+. Des erreurs de chiffres de l’indice de catégorie socioprofessionnelles des habitants des quartiers auraient porté à confusion. Cet indice diffère entre les données de la ville et celles des syndicats enseignants. Erreur rectifiée depuis 2020 par la mairie, plaçant bel et bien les quartiers en zone prioritaire pour la ville.
C'est tout bénèf pour les élèves !
Guillaume Pelzer professeur d'EPS au Collège des Jacobins
Pour Guillaume Pelzer professeur d'EPS au Collège des Jacobins et porte-parole des grévistes interrogé par Tiphiane Le Roux, le classement en REP+ est nécessaire :
"On le sent parce que c'est un public défavorisé qui a besoin d'être épaulé et on doit ça à nos élèves. Actuellement les enseignants s'investissent pour réaliser des projets avec les élèves et les encadrer le mieux possible, mais avec le REP+ il y aurait vraiment des temps dédiés à ça. [...] Ça permet d'avoir des temps de concertations sur le temps de travail et donc de mieux travailler en équipe et de mieux fonctionner en réseau et d'avoir un meilleur suivi des élèves."
REP ou REP +, ça veut dire quoi ?
REP, cela signifie réseau d’éducation prioritaire. En 2014 les REP ont remplacé les ZEP lorsque la carte scolaire fut redessinée en suivant ses 4 critères :
- Le pourcentage d’élèves issus de catégories socioprofessionnelles défavorisées
- le taux de boursiers au collège
- le taux d’élèves ayant redoublé avant la 6e
- le pourcentage d’élèves résidents en quartiers prioritaires pour la ville.
Être scolarisé dans un établissement Classé en REP, c’est bénéficier :
- des classes de – de 25 élèves au collège et des classes dédoublés en CP et CE1
- d’un soutien scolaire spécifique à ses besoins
- de financements pour des sorties ou projets scolaires
- d’un internat de proximité.
La différence entre REP et REP+ c’est qu’il y a moins d’heures de cours pour chaque professeur, pour la préparation de projets collectifs et un meilleur suivi individuel ainsi qu’une meilleure rémunération des enseignants.
Dans l’Aube, seuls 2 collèges sont classés en REP+ , les collèges Brossolettes et Camus de la Chapelle Saint Luc.