De l’Aube à l’Amérique latine, elle s’engage pour une communauté amazonienne gravement touchée par le coronavirus

Mathilde Payta vit actuellement en Colombie où elle dispense des cours de français en ligne. Originaire des Riceys dans l’Aube, elle s’engage pour récolter des fonds afin d’aider une communauté amazonienne fortement touchée par le Covid-19.

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« Je ne fais pas ça pour attirer l’attention sur moi. Ce que je veux, c’est que les gens comprennent que la crise sanitaire en France ou en Colombie, ce n’est vraiment pas la même chose. » Mathilde Payta à 31 ans. Depuis 2019, c’est déjà son deuxième voyage en Amérique latine où elle arpente (plus ou moins) seule le continent, avec pour compagnon de route un sac à dos. « Je ne suis pas la seule à voyager de la sorte, je rencontre beaucoup de touristes, dit-elle. Ce qui fait que je ne suis jamais vraiment seule. »
 

"La seule blanche avec mon grand sac à dos"

C’est bien cette envie de solitude qui a poussé l’Auboise au fin fond de l’Amazonie, du côté péruvien. « Un peu par hasard », elle est tombée sur le peuple Chayahuita, loin des circuits touristiques. « Au départ, j’ai senti leurs regards interloqués sur moi, la seule blanche avec mon gros sac à dos. » Pas effrayée pour un sou, Mathilde a vécu au rythme des levers et couchers de soleil pendant quinze jours. « C’est loin de tout notre confort quotidien occidental, raconte la diplômée de l’école de commerce de Troyes. On vivait dans des maisons en bois, sans électricité ni eau courante, obligée de faire bouillir l’eau pour tout. Ça m’a beaucoup plu. Mais au bout de 15 jours, on a quand même envie de laver ses vêtements et de prendre une douche sans avoir à faire bouillir l’eau avant ! »
 
 

Une nouvelle cagnotte en ligne

Deux semaines durant lesquelles la Ricetonne s’est sentie particulièrement intégrée, notamment auprès du chaman du village, Artido Chujandama, avec qui elle a gardé des liens forts. De retour à Medellin en Colombie après son excursion, elle apprend que la crise sanitaire n’a pas épargné les Shawis. « A l’époque, ils étaient 45 dont la moitié d’enfants, se remémore-t-elle. Ils ont eu quelques morts, sans compter d’autres membres de communautés voisines qui sont venues demander de l’aide. » Aujourd’hui, 60 familles vivent sur place, dont 40 nouvelles venues pour Artido Chujandama, guérisseur réputé dans la région.
 

L’Auboise décide alors de créer une cagnotte en ligne, sans faire de communication, compte-tenu de l’urgence de la situation. « J’ai récolté 625 euros ! », se réjouit-elle. Afin d’envoyer au plus vite les fonds à Artido Chujandama, elle bloque la cagnotte et lui verse l’argent dans l’urgence. Ce jeudi 15 octobre, elle en a ouvert une seconde pour venir en aide à la communauté. En Amérique latine, dans la plupart des pays qui détiennent une part de l’Amazonie, les populations indigènes sont délaissées par les pouvoirs politiques en place. « Il n’y a que trois hôpitaux dans un des Etats les plus grands de Colombie, détaille Mathilde Payta, dont plus de 1.500 décès rien qu’au sein de la communauté indigène. »

Régulièrement, Artido Chujandama envoie des photos des vivres achetés grâce à la cagnotte à Mathilde. « Je les partage aux donateurs, pour leurs prouver que je n’ai pas gardé cet argent pour moi », justifie-t-elle. L’Auboise a d’ailleurs créé une adresse mail (sos.shawis@gmail.com) dédiée aux questions que pourraient se poser les Internautes ou les donateurs. Elle pense, à terme, créer une association pour que la communauté soit entendue au niveau des institutions européennes, même si, pour l’heure, l’urgence est de soigner et nourrir les malades.
 
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