L'association Handi Model National organise l'élection de Miss et Mister Handi le 13 mai à l'hôtel de ville de Troyes. Laetitia Champenois, elle-même en situation de handicap, organise l'évènement. Objectif : changer le regard sur le handicap et surtout redonner confiance à chacun quelle que soit sa situation.
Le 13 mai aura lieu l’élection de Miss et Mister Handi. Dix candidats sélectionnés en France et en Outremer vont participer. Déjà élus au niveau régional, les lauréats s’engagent à devenir des ambassadeurs de la cause des personnes en situation de handicap.
L’élection va se dérouler comme toutes les élections de ce style. Au programme, un défilé en tenue de soirée, un défilé en maillot de bain, une chorégraphie et un discours ayant pour objet de valoriser une action en faveur des personnes en situation de handicap. « Nous avons hésité à prévoir un passage en maillot de bain mais finalement nous pensons que c’est important pour briser les tabous". Pour l'élection 2023, ils sont 10 candidats, âgés de 18 à 45 ans, sélectionnés sur leur motivation.
Apprendre le handicap dans sa chair
La nouvelle présidente de l’association Handi model National qui organise cette élection connait le handicap, sait ce que c’est que de se retrouver en fauteuil roulant, de devenir dépendante. Elle était auxiliaire de vie lorsqu’elle a dû subir une intervention chirurgicale au genou. Une intervention bénigne, qui va mal tourner.
Les médecins lui diagnostiquent une algoneurodystrophie et une arthrose précoce. Elle n’a que 36 ans. Nous sommes en 2017. Elle ne se relève pas de son opération et se retrouve en fauteuil roulant. Elle va y passer 5 ans. Elle raconte : "J’ai dû repasser mon permis de conduire car étant handicapée, je n’avais plus le droit d’utiliser mon permis rose. J’ai dû adapter le logement de ma maman, puisque je vis chez elle. J’ai arrêté mon entreprise de service à la personne et de garde d’enfant".
Elle n’en a pas fini avec la maladie. Elle apprend qu’elle ne pourra pas avoir d’enfant et que sa maladie n’est pas stabilisée, qu’elle peut évoluer. "Pour tenir le coup, j’ai décidé de m’engager dans l’associatif, de me battre pour la cause des personnes en situation de handicap. Heureusement ma mère était là. Elle m’a aidé et m’a soutenue dans tous les moments, m’a encouragée dans toutes mes initiatives, s’est engagée dans mon combat. Elle est devenue la mamie de tout le monde".
Faire évoluer la société
En tant qu’auxiliaire de vie, elle a souvent été confrontée au handicap d’adultes ou d’enfants. "La souffrance est toujours là. Quand on fait des soins à ces personnes il faut parfois prendre sur soi. Je me suis souvent demandée pourquoi elles sont dans cette situation, pourquoi des enfants, des parents souffrent".
Certaines situations lui semblent insupportables. Cet enfant handicapé qui n’a pas été scolarisé. "Bien sûr les choses évoluent mais il reste encore beaucoup à faire. Souvent les personnes handicapées ne savent pas à qui s’adresser, ne connaissent pas leurs droits".
Elle qui s’est longtemps déplacée en fauteuil roulant constate que "les trottoirs sont encore trop hauts, qu’on commence seulement à adapter des logements et à donner la priorité aux personnes en situation de handicap".
On ne juge pas. On accepte les gens tels qu’ils sont.
Laetitia ChampenoisMiss et mister Handi
L’organisation de l’élection de Miss et Mister Handi lui a demandé un an de travail. Il a fallu convaincre chaque candidat. "Certains ont des problèmes d’élocution. Il faut les rassurer, car ils peuvent s’exprimer, parler au public et en public. Quel que soit le handicap, ils sont capable de faire des choses. Notre association, c’est une famille. On ne juge pas. On accepte les gens tels qu’ils sont".
Rendre le handicap visible
Les candidats seront en répétition à Troyes dès le vendredi. Les plus dynamiques et les plus engagés gagneront l’élection. Car pour les lauréats, le challenge sera de rendre visible le handicap. "Plus ils se montrent mieux c’est, que ce soit lors du Téléthon, dans des œuvres humanitaires, dans des actions de sensibilisation en établissement scolaire ou même dans des écoles d’infirmières".
Laetitia veut transmettre ce message : « Cela peut arriver à n’importe qui à cause d’un accident, d’une maladie. Les personnes en situation de handicap ne sont pas différentes des autres. «