Se faire une toile sans polluer la planète : voici l'ambition d'Utopia à Pont-Sainte-Marie, près de Troyes, dans l'Aube. La salle de cinéma, issue d'une chaîne née à Toulouse, ouvre ses portes ce mercredi et elle se veut 100% écolo.
Dans le tout nouveau cinéma Utopia, à Pont-Sainte-Marie près de Troyes dans l'Aube, la pièce la plus commentée et qui suscite le plus la curiosité des visiteurs, n'est pas forcément celle que l'on croit. Non, il ne s'agit pas de la salle obscure, mais bien des toilettes... sèches.
"Nous voulons économiser l'eau, explique Anne Faucon, gérante du cinéma originaire de Toulouse, car c'est un bien qu'on a tendance à trop dilapider."
Un cinéma 100% écolo
Anne Faucon, se définit elle-même, avec humour, comme "la dame pipi de l'art et essai". Mais derrière l'anecdote, il y a l'ambition. Et elle est vaste : c'est bien un cinéma 100% écologique que nos équipes visitent ce mercredi, pour son ouverture dans la banlieue troyenne.
En plus des débats sur l'écologie que nous menons ici, nous avons voulu passer à l'action, en construisant un cinéma avec des matériaux durables, comme de la paille et du bois. L'établissement a aussi un fonctionnement bas carbone.
Anne Faucon, gérante du cinéma Utopia à Pont-Sainte-Marie (Aube)
La façade flambant neuve de l'édifice, construit grâce à des artisans locaux, donne tout de suite le ton, avec sa couleur verte et son bois clair, comme un petit chalet perdu dans une jungle urbaine. Sur le toit, des panneaux solaires ont été installés. A l'intérieur, on y trouve également un poêle à granulés. Une initiative particulièrement intéressante dans ce contexte de sobriété énergétique.
Le projet devait voir le jour à Troyes, mais la ville avait fini par refuser le concept. Le maire de la commune voisine, Pont-Sainte-Marie, a donc saisi l'opportunité.
C’est une chance extraordinaire pour une ville de 5.000 habitants d'avoir un cinéma d'art et essai. Je suis moi-même allé voir les porteurs de ce projet à Toulouse, pour les inciter à venir s'implanter. C'était il y a trois ans.
Pascal Landréat, maire de Pont-Sainte-Marie
La part belle aux petits producteurs
Cette salle de cinéma fait partie d'un réseau français de cinémas indépendants, créé par les parents d'Anne Faucon et implanté à Avignon, Bordeaux, Montpellier, Saint-Ouen-l’Aumône (Val-D'Oise), Pontoise, Toulouse et Tournefeuille (Haute-Garonne). La programmation se veut moins commerciale que d'autres grandes salles et plus diversifiée, afin de donner leur chance à des petits producteurs et des distributeurs indépendants.
"Cela manquait à Troyes, confie un couple de spectateurs venu voir le film Armageddon Time. Là on a beaucoup hésité pour notre film, parce qu'il y avait trop de choix et trop de choses qui nous plaisaient. Ce qui nous manquait, c'était aussi un ciné-débat, et nous espérons qu'ils vont travailler avec des associations pour développer tout ça !". Le couple a même d'emblée acheté un carnet de dix tickets.
Et pas de quoi se ruiner, avec un ticket à 4,50 euros pour les enfants, 5 euros pour les adultes avec abonnement et 7 euros plein tarif.
Choisir des "petits films" est aussi un geste pour la planète, alors que les films à gros succès américains sont bien souvent polluants. Selon un rapport de l'UCLA (Université de Californie, située à Berkeley), l’industrie cinématographie et télévisuelle à Hollywood produirait 140.000 tonnes de CO2 par an. Elle serait même le deuxième plus gros pollueur de Californie, derrière l'industrie du pétrole.