Après avoir pris près d'un an de retard à cause du Covid, l'hôtel La Licorne a enfin ouvert ses portes à Troyes, le lundi 16 janvier. L'établissement de luxe situé au bord de la Seine, attend son premier client mardi. Les prestations proposées lui permettent de viser 5 étoiles.
C’est le jour J dans les couloirs de la Licorne, et pourtant c’est aussi la course. Ici, on repasse une couche d’enduit… Là, on installe une vasque dans la salle de bain. « On a aucune chambre de prête à l’heure actuelle mais ce soir on en aura au minimum quatre. », précise Christophe Merat, l'un des menuisiers de l’hôtel troyen. Avec quelques autres, il est au chevet de la chambre 008 où « il reste à fixer les patères, les portes-savon, déballer le lits… du bricolage de finition. » Et il y a un petit caractère d’urgence puisque l’hôtel est officiellement ouvert depuis ce lundi 16 janvier au matin. Le premier client n’est attendu que dans la journée de mardi et il occupera une des 18 chambres qui seront prêtes d’ici la fin de semaine.
Maintes fois repoussée, l’ouverture a donc enfin eu lieu mi-janvier, pour le plus grand soulagement de Maxence Gublin, exploitant de cet hôtel de luxe et co-propriétaire avec la Caisse des Dépôts et le Crédit Agricole. Il reconnait « un peu d'appréhension, mais beaucoup de bonheur et beaucoup de joie après plusieurs années de travail ». Le projet a été lancé 8 ans plus tôt. Ici, on ne parle pas de palace, mais on vise clairement l’obtention des 5 étoiles. Tout a été pensé et réalisé dans cet optique. « On a voulu essayer de travailler avec beaucoup de pierres, beaucoup de marbre, notamment le bar, les sols de l'accueil, de la moquette en laine. On trouve des matériaux nobles dans la plupart des lieux », décrit le propriétaire. On continue la visite et on tombe sur ce piano « made in France » dans la salle de restaurant. « Un La Cornue, c’est le prix d’une Porsche ! »
Pas moins de 14 millions d’euros ont été injectés dans cette ancienne gendarmerie située au bord de la Seine, entre la Cité du Vitrail et le Coeur de Troyes. L’enjeu est de taille, le pari peut-être risqué. Maxence Gublin croit en sa bonne étoile et vise une clientèle d’affaires, une clientèle touristique étrangère aussi, notamment du nord de l'Europe, « qui aime beaucoup Troyes et qui a besoin de retrouver les standards internationaux de l’hôtellerie haut de gamme ». La directrice du Comité Départemental du Tourisme de l’Aube abonde dans ce sens : « On avait vraiment un déficit d’une offre très haut de gamme. Ça répond à ce besoin, notamment des Anglais. On avait beaucoup de mal à faire venir des tour-opérateurs anglais. Ils attendaient ce 5 étoiles ».
Christelle Taillardat voit donc d’un très bon oeil l’arrivée sur la place de Troyes d’un hôtel comme celui-ci qui « va engendrer un certain challenge dans l’hôtellerie 4 et 5 étoiles. » « On sait aujourd’hui que des hôteliers ont déjà fait ou programment des rénovations », ajoute-t-elle. Avec l’ouverture de La Licorne, l’hôtellerie de luxe compte désormais près de 440 chambres dans l’Aube (18% de l’offre globale). Elle se positionne comme un vecteur essentiel du développement touristique et de l’attractivité du territoire. L’arrivée d’un nouvel acteur laisse également penser que les nuages se dispersent après une période délicate entre 2019 et 2021 au cours de laquelle 6 hôtels avaient fermé dans le département (Source : INSEE).
Les Troyens ne sont pas oubliés, l’envie est également de leur proposer un lieu de vie, avec un bar, un restaurant et des soirées musicales. « L’enjeu est ici, pas dans le taux d’occupation des chambres », explique Maxence Gublin. La directrice du CDT 10 se veut rassurante sur ce point : « dans le haut de gamme, dans l’Aube, le taux de remplissage avoisine les 70%. » Et le maître des lieux de conclure : « L’avantage d’un hôtel, c’est le temps long. On a le temps de voir si on s’est trompé. »