L'annonce de l'installation du supermarché à très bas prix, Mere, un groupe d'origine russe, à Pont-Sainte-Marie dans l'Aube, avait suscité la curiosité. Finalement, le groupe a décidé d'abandonner son bail. Quelques mois après le début de la guerre en Ukraine.
L'enseigne Mere casse les prix comme personne, notamment dans l'alimentaire, mais les habitants de l'Aube n'en verront jamais la couleur. Ce supermarché à très très bas prix, un "hard discounter" dans le jargon, avait annoncé son arrivée en France fin 2021. Le groupe russe avait indiqué que trois implantations étaient prévues dans le Grand Est en 2022, dont une dans l'Aube à Pont-sainte-Marie, terre bien connue des magasins d'usines. "Nos magasins aideront à préserver considérablement le budget de nombreuses familles. Le territoire du région Grand Est est choisis (sic) pour démarrer le développement du réseau", peut on lire dans le communiqué de presse.
Le local était même choisi, dans un secteur réservé jusque-là aux enseignes textiles. Entre deux vendeurs de vêtements dégriffés et un magasin de sport en salle. Google Maps l'avait d'ailleurs déjà référencé sur ses cartes. L'emplacement était loué. Il y a un mois et demi, en avril 2022, certains commerçants ont même aperçu des semi-remorques livrer du matériel comme des chariots, en vue de l'ouverture du supermarché. Mais depuis, plus rien. Rideau.
Des gérants de magasins voisins nous ont confirmé l'annulation du projet. "C’est annulé. Ils ont clôturé le bail. La cellule est à nouveau en location, on le sait depuis quelques mois, témoigne un gérant du secteur qui souhaite rester anonyme. Il confirme qu'un magasin russe de l'enseigne "Mere", l'équivalent d’un Liddl ou Aldi, "mais 30% moins cher que ces enseignes-là", devait ouvrir. Le local est même en vente si l'on en croit l'annonce d'un ensemble mis à prix 6,9 millions d'euros à l'adresse prévue.
Du matériel installé
"C’était très agressif comme concept. Mais moi je préfère quand les cellules sont remplies", reconnaît un vendeur voisin. "Dans l'Aube, c’est terminé, sur le plan national, je ne sais pas", s'interroge le gérant. Deux autres villes étaient sur la liste, dont Thionville en Moselle. La guerre en Ukraine ne serait pas le facteur premier de cet abandon. C’était déjà compliqué avant la guerre, évoquent les protagonistes.
"Je l’ai su par le propriétaire du local. C'est fini et enterré depuis un mois et demi, précise une gérante qui a travaillé dans le bâtiment en question. C’était annoncé, mais avant c’était un magasin de textile, il fallait donc changer la destination du local. Je ne pense pas que le voisinage était heureux. Mais l’installation d'un commerce, c’est mieux que du vide. Après, les gens sont toujours inquiets. Je ne connaissais pas, je me suis renseignée. Ils avaient installé du matériel. Ils avaient loué le bâtiment. Ils avaient amené des chariots".
Tout était prêt. La gérante voisine avait même vu arriver le matériel de l'enseigne Mere. "Trois semi remorques étaient là. Ils avaient des Fenwick, des congélateurs, et les chariots sur le parking. On a été surpris. J’ai rendu le local, avant le premier confinement, il fait 900 m2. La guerre en Ukraine n’a pas aidé. On avait aussi créé une stratégie adaptée pour attirer cette clientèle chez nous". Du "mass market", c'est à dire des prix écrasés.
VIDEO : reportage les supermarchés hard discount débarquent en Allemagne.
La mairie refuse l'implantation
Le maire (Modem) de Pont-Sainte-Marie, Pascal Landréat, nous a donné son explication ce 29 juin. "Nous avons reçu les porteurs de projet en mairie, mais ils n'ont pas pris contact avec nous en amont. Je leur ai dit que cette zone était dédiée aux magasins d'usine, ce n'était donc pas un lieu adapté. Je ne souhaitais pas qu'ils s'installent ici. C'est sans rapport avec le conflit Russie Ukraine. Simplement leur activité ne va pas avec les magasins d'usine".
Mere avait annoncé à l'été 2021 son arrivée dans l’hexagone avec trois magasins prévus en octobre à Pont-Sainte-Marie (Aube), Sainte-Marguerite (Vosges ) et Thionville (Moselle). "Cette échéance avait été repoussée suite à des retards, pour une nouvelle ouverture à la fin de l’année 2021 ou au début 2022", précisaient nos confrères de LSA, le magazine de la grande consommation en France.
Contacter l'enseigne relève de l'impossible. Le Figaro précise que Mere, filiale du groupe Svetofor, originaire de Krasnoïarsk, en Sibérie (à 7 000km de Pont-Sainte-Marie) est un mystère. Sur son site Internet, on apprend que le groupe fondé en 2009, fait valoir que "les magasins n'ont pas d'étagère, de comptoir, de vendeur Les marchandises sont vendues à partir de palettes ou de caisses. Ce format est appelé sans fioritures".