Plus d'un mois après l'ouverture de son procès à Londres, Sabrina Kouider, co-accusée du meurtre de la Troyenne Sophie Lionnet, a été entendue ce vendredi. Si elle ne s'est pas encore exprimée sur les faits qui lui sont reprochés, son témoignage a laissé transparaître sa personnalité chaotique.
Cheveux frisés et cernes sous les yeux, Sabrina Kouider, 35 ans, a retracé sa vie devant la Cour d'Old Bailey de Londres. Ce vendredi, plus d'un mois après l'ouverture de son procès, son audition était particulièrement attendue. Avec son compagnon Ouissem Medouni, elle est accusée d'avoir tué leur fille au pair Sophie Lionnet, une Troyenne de 21 ans dont le corps carbonisé avait été retrouvé dans le jardin de leur logement londonien en septembre dernier. Si Sabrina Kouider ne s'est pas encore exprimée sur les faits qui lui sont reprochés, son témoignage a laissé transparaître une vie chaotique et une personnalité instable.
Née en Algérie, où elle a grandi auprès de sa grand-mère et d'une tante, Sabrina Kouider a rejoint la France enfant. En Algérie, "mon oncle a abusé sexuellement de moi", raconte-t-elle à la cour, expliquant avoir tu cette agression.
À 18 ans, elle absorbe une grosse quantité de somnifères. "Je n'étais pas bien, je pensais à ce qui s'était passé avec mon oncle", dit-elle. "La tête qui tourne", elle se blesse gravement en tombant d'un balcon. Elle confie également à l'audience qu'elle fume du cannabis "de temps en temps, pour des raisons médicales".
Une relation émaillée de ruptures
Semblant épuisée, parlant d'une voix éteinte, elle livre le récit de sa relation avec Ouissem Medouni. Le couple s'est rencontré à une fête foraine en France en 2001, avant d'entamer une relation émaillée de ruptures, pendant laquelle Sabrina Kouider a eu deux enfants avec deux autres hommes. Elle accuse Ouissem Medouni d'infidélités, le dépeignant comme un homme violent, qui lui accorderait peu d'attention : "Il était avec moi pour le sexe, rien d'autre, et l'argent."
Sabrina Kouider explique être tombée enceinte de son premier enfant après "s'être saoulée" et s'être réveillée aux côtés d'un de ses amis, Anthony François. Dans une déclaration faite à la police, lue à l'audience ce vendredi, celui-ci affirme au contraire que Sabrina et lui ont eu une relation pendant six mois.
Une femme "manipulatrice", à la "double personnalité"
Il dépeint une femme à la "double personnalité" : "Elle pouvait être adorable comme elle pouvait être détestable. Elle criait souvent et devenait agressive. Son attitude était incompréhensible." Elle pouvait s'énerver "à cause d'un regard, d'une bêtise". Pour ce manutentionnaire qui vit en région parisienne, Sabrina Kouider est une "manipulatrice", capable de "charmer" et de "mentir". Selon lui, elle s'en prend aux "plus faibles".
Ouissem Medouni est quant à lui "froid" et "distant", selon Anthony François. Sabrina Kouider était "certainement amoureuse de Medouni" mais elle se plaignait qu'il la brutalisait, raconte-t-il.
En 2004, Sabrina Kouider s'installe à Londres, où elle occupe différents emplois : nourrice, puis employée à la poste, vendeuse de crêpes avant de se lancer dans la mode.
"Qu'est-ce que j'ai fait ?"
En 2011, elle rencontre dans une banque Mark Walton, fondateur du boys band irlandais "Boyzone", avec qui elle a son second enfant. Celui-ci avait raconté à l'audience être tombé fou amoureux, mais avoir vécu une relation "tumultueuse" avec Sabrina Kouider, qui pouvait "devenir folle" et "agressive".
Sabrina Kouider et Ouissem Medouni auraient développé une obsession pour Mark Walton. Ils accusaient Sophie Lionnet de les droguer et de laisser entrer Mark Walton dans la maison pour qu'il abuse sexuellement des membres du foyer.
Ils se livraient à des interrogatoires violents de la jeune fille. Selon Ouissem Medouni, Sophie Lionnet est morte à la suite d'un interrogatoire que sa compagne aurait poursuivi sans lui dans la nuit du 18 au 19 septembre 2017. Parti se coucher, il aurait été réveillé par Sabrina Kouider, qui lui aurait montré la victime inanimée dans la salle de bains, tout en répétant : "Qu'est-ce
que j'ai fait ?"