Témoignage. Un photographe se retrouve au milieu d'un combat de cerfs, il obtient un cliché magnifique

Publié le Écrit par Vincent Ballester

Yohann Berry, un photographe en milieu naturel, s'est retrouvé pris au milieu d'un combat de cerfs, à la mi-septembre 2022. Il n'a pas caché son émotion en décrivant "une scène d'une grande beauté" sur les réseaux sociaux. (Première publication le 10 octobre 2022)

Du 15 septembre au 15 octobre c'est l'époque du brame du cerf. Et de ses amours. Le grand cervidé peut donc s'emballer. Un spectacle qui plaît aux personnes passionnées.

Yohann Berry en fait partie. Pour lui, le cerf un animal d'une grande beauté. Depuis 2015, ce photographe en milieu naturel (de faune, de flore, de paysages), âgé de 33 ans, côtoie le cervidé.

Durant un soir à la mi-septembre 2022, il était de sortie dans les alentours de Troyes (Aube). Bien dissimulé sous une toile, il a attendu des heures pour pouvoir capturer une scène de son objectif.

Du jamais vu

Sa patience a été récompensée. Voilà qu'un petit cerf arrive en compagnie de plusieurs biches. C'est une belle scène, presque poétique. Puis un autre cervidé plus gros survient... et s'écroule de fatigue. Un instant plus tard, le voilà relevé, chargeant le cerf gringalet.

Après une victoire malgré la fatigue de cet imposant cerf, d'autres sortent du bois. L'un d'eux, immense, vient relancer le combat. Et ça brame, et ça court tout autour de l'arbre sous lequel se trouve Yohann Berry... Ce dernier a conté sur Facebook, via un texte et une unique photographie, "une soirée de brame comme je n'en ai que rarement vu depuis des années [...] Sans doute une des plus belles choses qu'il m'ait été donné de vivre." (voir la publication ci-dessous)

"J'étais en affût pour photographier", narre Yohann Berry auprès de France 3 Champagne-Ardenne. Il a aussi pour ambition de réaliser un court-métrage d'une quarantaine de minutes sur ce noble animal. Son appareil, un Canon R6 (ou R7) avec objectif 400mm F2.8.

"Il faut cacher sa silhouette humaine", explique l'expert. Il doit aussi faire attention au sens du vent, qui risquerait d'amener son odeur humaine au mufle du cerf "Ce sont des animaux très craintifs. Ma technique, c'est de tendre un filet de camouflage, et laisser juste la lentille frontale de l'objectif de la caméra dépasser. Et attendre derrière, au ras du sol, pendant des heures..."

Rester caché pour être témoin de la beauté

Au sein de cette place de brame ("un endroit où les cerfs et les biches se retrouvent à la nuit tombée pour entamer la période de rut"), où s'est déroulé ce combat animalier, Yohann Berry aurait pu prendre peur quand la harde s'est déplacée vers l'endroit où il s'était tapi. Même pas (ou presque).

"Avoir peur ? J'adore ça, et puis, on sait ce qu'on risque avec ces animaux sauvages de 200 kilos. On sait que dans ces moments-là, il ne faut pas se montrer et rester caché, attendre que les animaux passent : ils ne restent jamais. Ce genre de scène est déjà tellement rare... Je comprends que ça puisse faire peur au commun des mortels. Mais quand on côtoie ces animaux, on connaît." Il rappelle que si les cerfs sont alors "dans un état second", ils sont "très paisibles le reste de l'année. Heureusement, les promeneurs ne sont pas chargés par les cerfs en forêt." 

Normalement, "c'est un lieu de rencontre où il faut rester un petit peu loin. Il ne faut évidemment pas se mettre au milieu. Les cerfs reviennent généralement vers 17h30 ou 18h00. En fonction de la chance et du moment, il peut y en avoir un, ou zéro, ou plusieurs. Là, c'était le cas, dont les trois qui ont commencé à se battre. J'étais adossé à mon arbre; les animaux ont fini par se déplacer vers ma position, un peu partout autour de moi. Ils ne faisaient plus du tout attention à l'odeur ni à rien : ils étaient dans l'effervescence du moment, on va dire."

Une passion qui demande du temps

Le photographe a vécu un moment de grande émotion. "Ce sont des animaux que je connais un peu. J'essaye de les suivre d'année en année, de les reconnaître car ils conservent sensiblement la même ramure. Je peux voir ceux qui sont encore en vie, ceux qui reviennent."

J'ai un affect particulier pour ces cerfs. On tisse un peu un lien avec eux : les croiser est tellement difficile...

Yohann Berry, photographe en milieu naturel

"Moi, j'aime tous les animaux - je ne fais pas que du cerf toute l'année - mais j'ai un affect particulier pour ces cerfs. On tisse un peu un lien avec eux : les croiser est tellement difficile... On est donc obligatoirement ému, et d'autant plus quand on en a qu'on connaît qui viennent se battre devant soi. C'est forcément un grand moment." 

Certaines personnes font de leur passion un métier, mais pas Yohann Berry (il est responsable de la logistique dans un groupement hospitalier). Il passe des heures à attendre l'occasion de faire le cliché parfait, qu'il se plait à intituler, commenter, et montrer à sa communauté sur Facebook (voir un autre exemple ci-dessous).

Il tient à insister "sur le fait que les cerfs qui brament font du bruit. Les gens peuvent être tentés d'aller vers les cerfs, mais c'est ce qu'il ne faut surtout pas faire. Ce n'est pas ce qu'on peut croiser au bord d'un chemin : ils sont tellement craintifs... L'important, dans la discipline de la photographie animalière, c'est vraiment qu'il faut pratiquer l'affût, non pas l'approche. L'image que j'ai faite, j'ai pu l'avoir parce que j'ai passé 200 à 250 heures dehors depuis début septembre." Cela fait beaucoup d'heures... mais quand on aime, on ne compte point.

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