Une voiture est tombée dans le canal dans la nuit du 13 au 14 janvier, chaussée du Vouldy à Troyes. Le bilan est très lourd : trois jeunes entre 18 et 20 ans sont décédés. Seul le conducteur a survécu, il était alcoolisé au moment de l'accident.
Un accident mortel s'est produit dans la nuit du lundi 13 au mardi 14 janvier dans le centre de Troyes. Une voiture qui transportait quatre jeunes gens a plongé dans le bras de la Seine qui longe la chaussée du Vouldy à Troyes, peu avant une heure du matin. Le véhicule est passé par dessus les rochers et la barrière avant d'atterrir dans le canal. Le bilan est lourd : sur les quatre occupants de la voiture, trois personnes sont mortes. Seul le conducteur, âgé de 20 ans, a survécu.
L'accident s'est produit à proximité de la caserne des pompiers de Troyes. C'est le conducteur de la voiture qui a donné l'alerte aux pompiers tout proches. Parvenu à s'extirper de l'habitacle, il a été pris en charge et conduit à l'hôpital de Troyes. Malgré les tentatives de réanimation des pompiers sur les trois passagers, aucun n'a survécu. Les victimes sont une jeune femme et deux jeunes hommes âgés de 18 ans et 19 ans. On ne connaît pas encore les raisons de cet accident.
Le conducteur en garde à vue
Selon un ami des victimes venu se recueillir sur place ce mardi matin, les jeunes gens sortaient d'un anniversaire. Ce qu'a confirmé dans l'après-midi la vice-procureure de la République de Troyes par intérim, "les quatre jeunes se connaissaient très bien, ils semblaient amis et ont passé la soirée ensemble," précise Charlène Mahot.Le conducteur est a été mis en examen pour le motif d' "homicide involontaire aggravé." Il s'avère qu'il était alcoolisé au moment de l'accident, "plus d'un gramme par litre de sang," détaille la procureure. "D'ailleurs, il reconnait qu'il est bien le conducteur et qu'il a bu lors de la soirée." Mais il reste la question de la vitesse ... qui pourrait aussi être à l'origine du drame. "Mais à ce stade de l'enquête, on en peut pas l'affirmer," ajoute Charlène Mahot.
VIDÉO - les précisions de la vice-procureure de la République de Troyes
L'enquête devra également déterminer quelle a été la trajectoire exacte du véhicule. "Ce qui est sûr, c'est qu'il a percuté le rocher et cela a modifié la trajectoire de la voiture," selon la procureure. "Ce n'est pas un rond-point particulièrement accidentogène. Le jeune homme est extrêmement choqué. Son casier judiciaire est vide. L'ouverture d'une information judiciaire est envisagée avant une éventuelle mise en examen. Le jeune homme encourt jusqu'à 5 ans de prison".
L'adjoint au maire de Troyes en charge de la sécurité, Bruno Baudoux, était de permanence cette nuit-là. Il raconte avec émotion. "C'est très difficile, ce qui s'est passé est effroyable. En deux ans c'est le 2e accident de ce type auquel je suis confronté. La dernière fois, en août 2017, un véhicule avait pris feu, avec des jeunes du même âge à l'intérieur, boulevard Georges-Pompidou, à Troyes. J’ai des enfants du même âge que les victimes, de 17 et 20 ans, donc on s'identifie aussi. Je me suis rendu sur place".
"Au niveau des pompiers, je n’ai jamais vu autant de monde. C’était aussi parce que les personnes n’étaient pas décédées, les secours ont tout tenté pour les sauver. Mais quand je suis arrivé les plongeurs étaient sortis de l’eau. J’ai rencontré une partie de la famille des victimes. Les corps ont été évacués. Dans ce cas, on reste factuel avec les proches. On essaye de calmer, sans faire d'ingérence avec les secours. On est parents aussi..."
L'accident filmé par la vidéo-protection
Des trémolos dans la voix, les images en tête, l'élu troyen poursuit : "les pompiers ont déclenché un accompagnement psychologique pour les familles et leurs membres avec le soutien de psychologues, la structure s’est mise en place. La complexité de cet accident tient aussi au fait que la voiture est bloquée sous le pont. Les images des caméras de vidéo-protection ont ont été saisies. La vidéo devra donner les détails. Les images ont été réquisitionnée pour l'enquête qui débute. Là où il y a eu l’accident, une caméra est en place, comme sur l'ensemble du tracé de la voiture. Leur itinéraire a donc été filmé de bout en bout".Carte : c'est à l'entrée de ce rond-point qu'a eu lieu l'accident. Tout près de la caserne des pompiers.
Encore sous le choc, il évoque sa compassion "pour les familles, pour tout le monde, pour ce jeune rescapé qui conduisait la voiture, et qui va devoir porter un fardeau toute sa vie. Les réactions sont dures envers lui sur les réseaux sociaux. Il ne faut pas ajouter de la haine là-dessus. On s’associe à ce deuil. J'ai passé une nuit blanche avec des familles qui pleuraient leurs enfants. On a vu les corps en train d'être évacués, le drame dans tous les sens du terme. Ça interpelle, ça prend les tripes. Mais je tiens à saluer le professionalisme des secours".
Hommage des jeunes troyens
En début de soirée, plusieurs centaines de personnes, dont de nombreux jeunes de l'âge des victimes se sont rassemblés chaussée du Vouldy, sur les lieux du drame, en hommage aux trois jeunes décédés dans cet accident. Camille, Enzo et "Boubou". Des roses, blanches, des bougies, et des messages écrits sur des draps. "Repose en paix mon frère, tu resteras à jamais dans nos coeurs, ta soeur. Je t'aimerai pour la vie mon chat, tu étais mon pilier, mon meilleur ami. Je t'aime, repose en paix, à tout jamais dans mon coeur"."C’est tragique, c’est atroce, ils n’auraient jamais dû mourir", lâchaient deux jeunes filles rencontrées sur place, qui connaissaient les victimes. Ça fait plaisir de voir autant de monde venir ce soir pour leur rendre hommage".
La date des obsèques des jeunes victimes n'était pas encore connue ce mardi soir, mais une onde de choc circule dans la ville. Un drame qui suscite tristesse et interrogation notamment auprès des jeunes de la même génération que les trois Aubois décédés.