Personnels au bout du rouleau, prise en charge difficile, manque de moyens... Les raisons qui poussent les personnels hospitaliers à manifester devant les urgences de Troyes ce jeudi 6 juin sont nombreuses. Les urgences sont sur le point de craquer. La ministre annonce une "stratégie d'ensemble".
Les personnels des urgences de Troyes, comme beaucoup de leurs confrères partout en France, ont répondu ce jeudi 6 juin à 13h30 à l'appel à mobilisation nationale lancé par le syndicat inter-urgences, soutenu par la CGT, SUD, FO et l'association des médecins urgentistes de France.
Ils se sont réunis pour crier un double désespoir : celui de voir le système de santé s'effondrer et avec lui, une prise en charge correcte et humaine des patients. Mais ils lancent un cri d'alerte, aussi, sur la façon dont ils vivent une situation devenue ingérable pour la plupart, et le profond mal-être que cela engendre. Le manque de lits met les patients en danger, et les gens qui les soignent aussi.
Aux urgences aujourd'hui, on peut mourir sur un brancard. Il y a plus de décès sur les brancards que de morts sur la route.
- Pascal Barbery, secrétaire général de FO à l'hôpital de Troyes
Les brancards, justement. De nombreux infirmiers pointent du doigt le fait qu'il en manque. Mais aussi des bassins, des thermomètres et tous ces outils de soins indispensables pour lesquels il faut se battre à longueur de temps. Le reflet d'un manque de moyens, qui se traduit aussi dans le manque de personnel, et notamment infirmier.
A Troyes, 40 équivalents temps plein infirmiers au lieu de 66
A l'hôpital de Troyes, selon le secrétaire général de FO au niveau local, les infirmiers comptent 40 équivalent temps plein. Avec 62.000 passages annuels aux urgences, soit entre 200 et 210 par jour, ils devraient être 66 équivalents temps plein, d'après le référentiel SAMU Centres 15, un document qui détermine les besoins en fonction de la fréquentation d'un établissement.Une fréquentation qui ne cesse d'augmenter, d'une part parce que la médecine de ville n'a plus la capacité d'accueillir les patients faute de médecins généralistes en nombre suffisant, d'autre part parce que les patients qui ne peuvent payer une mutuelle attendent une forte dégradation de leur état de santé avant de consulter... Et se retrouvent aux urgences.
Aujourd'hui, on revendique pour le service public, pour la santé en France. On ne pourra pas faire baisser le nombre de passages aux urgences. Ce qu'il faut, c'est du personnel.
- Pascal Barbery, secrétaire général de FO à l'hôpital de Troyes
La ministre de la santé Agnès Buzyn a annoncé ce jeudi 6 juin avoir demandé au conseil national de l'urgence hospitalière et au député LREM Thomas Mesnier de plancher sur la façon "d'adapter nos urgences aux nouveaux besoins". Elle compte aussi impliquer les agences régionales de santé dans la possibilité de débloquer des crédits exceptionnels pour les établissements les plus touchés et de tenter de rénover les locaux les plus vétustes.