Les collectionneurs de voitures anciennes sont parfois embêtés puisque leurs pièces automobiles peuvent être introuvables dans le commerce. Valentin et Lucas, deux Troyens, ont trouvé une solution : les reproduire grâce à la modélisation et à l'impression 3D.
Deux jeunes hommes se sont lancés, en mars 2020, dans une nouvelle aventure : celle de confectionner des pièces détachées de véhicules de collection par impression 3D pour ensuite les vendre au grand public. Un défi ambitieux : "Quand on a créé notre entreprise, il y a plus de quatre ans, le Covid venait d'arriver en France, il n'y avait pas encore de masques donc on a fabriqué des visières pour fournir les entreprises et les associations locales. Pendant trois ou quatre mois, on n'avait évidemment pas de clientèle pour ce qu'on voulait faire au départ", confie Valentin Vitu, co-gérant de Meca Place. Aujourd'hui, la société fonctionne bien au niveau local, mais également au niveau national grâce à la plateforme Ebay : "Les 3/4 des demandes viennent des quatre coins de la France, les échanges se font à distance, puis les clients nous envoient la pièce."
Trois techniques différentes
Avant de créer leur entreprise, Valentin et Lucas, passionnés de vieilles voitures de collection, ont fait face à un problème, auquel ils n'avaient pas de solution : "Certaines pièces de nos véhicules étaient cassées, détériorées ou avaient mal vieilli mais malheureusement, on ne trouvait pas de solutions pour les réparer. On avait quelques connaissances dans la modélisation et impression 3D, donc on a décidé de développer le projet pour nos amis. Puis ensuite pour le plus grand nombre", raconte le co-gérant de la société.
L'objectif des deux jeunes est donc de renforcer les fragilités de certaines pièces de voitures, datant de 1900 à 1990, pour qu'elles soient plus viables dans le futur : "Les clients viennent nous montrer leur pièce, puis on modélise ce qu'il faut rajouter ou modifier via un logiciel", explique Valentin Vitu. "On utilise trois techniques, la bobine de fil fondue, c'est la plus connue, l'imprimante va fabriquer la pièce couche après couche, la résine, c'est une base liquide qu'on va solidifier par de la lumière avec un écran LED et le frittage, la moins connue, c'est une poudre de plastique ou de métal qui est fusionnée par un laser".
Ces différentes techniques, qui présentent chacune des points forts et des points faibles, permettent de s'adapter au mieux au besoin du client, puisque chaque pièce est faite sur mesure. Il est possible, néanmoins, de commander des pièces sur un catalogue : "On a plusieurs pièces en stock, c'est essentiel surtout lorsqu'on est sur une plateforme comme Ebay qui a beaucoup d'exigence sur les délais".
Les salons automobiles, une vitrine pour l'entreprise
Leur activité est florissante, depuis quelques mois, voire quelques années, puisque l'impression 3D se démocratise en France : "Ça rentre de plus en plus dans la tête des gens, qu'on peut créer beaucoup de choses grâce à cette technologie". Ils s'ouvrent petit à petit à la fabrication de plus grandes séries : "On vient de finir un projet pour un sous-traitant automobile, qui n'était pas de l'impression 3D, mais on a fait appel à un partenaire pour fabriquer une tête d'amortisseur pour des Citroën XM, il y a des besoins chez des centaines de collectionneurs", se réjouit Valentin Vitu.
Les profils des collectionneurs sont variés : associations, professionnels et particuliers. L'âge l'est un peu moins : "C'est surtout des personnes âgées qui ont assez d'argent pour acheter et entretenir d'anciennes voitures. Mais il y a tout de même une nouvelle vague de jeunes, de 20 à 30 ans, qui s'intéressent à des véhicules qui datent du début des années 2000, ce sont des voitures qu'ils ont connues petits", explique le co-gérant de Meca Place.
Souvent ce milieu fonctionne par vague, il faut 15/20 ans pour qu'une voiture soit de nouveau à la mode, les voitures des années 2000 connaissent aujourd'hui une nouvelle jeunesse.
Valentin VituCo-gérant de Meca Place
Pour faire connaître leur savoir-faire au grand public, les deux gérants se rendent régulièrement aux salons d'automobiles anciennes, comme Epoqu'auto, qui se déroule ce week-end, du 8 au 10 novembre, à Lyon : "C'est primordial pour nous parce que les gens s'imaginent qu'avec l'impression 3D, on peut seulement faire des figurines ou des petites créations alors qu'on peut réaliser des pièces techniques. On montre donc des exemples, souvent les gens viennent avec des a priori et sont assez sceptiques mais souvent ils repartent inspirés".
Valentin et Lucas seront présents aux Belles Champenoises d'époque, le 8 et 9 mars 2025 à Reims. Ils sont également tous les deuxièmes dimanches de chaque mois à l'UTT de Troyes, pour un rassemblement de voitures anciennes.