Jean-Pierre Wermuth s'est mis au sport sur le tard. Depuis, pas un jour ne passe sans qu'il enfile ses baskets. À bientôt 90 ans, il court toujours après les médailles, dans son Alsace natale comme dans le monde entier.
Championnats d'Europe à Torun en Pologne mi-mars, championnats de France à Thonon-les-Bains (Haute-Savoie) mi-juin, championnats du monde à Göteborg en Suède fin août... Jean-Pierre Wermuth a un calendrier chargé. À bientôt 90 ans - il les fêtera le 23 décembre 2024 - il est encore de tous les grands rendez-vous, aligné sur 400, 800 et 1500 mètres.
À l'aise sur la piste comme sur la route. Ce dimanche 12 mai, il sera l'un des doyens des courses de Strasbourg. Inarrêtable, infatigable. "J’ai besoin de faire du sport au moins une fois par jour. Je me sens libre, c’est un combat contre moi-même. Il faut bousculer son corps et j’aime ça", sourit cet habitant de Daubensand (Bas-Rhin), qui sera au départ du 5 kilomètres.
Il faut le voir, en train de soulever de la fonte au milieu de jeunes sportifs dont il pourrait être l'arrière-grand-père. Un extraterrestre, abonné à la salle de fitness : "Trois fois par semaine au moins."
Et dire qu'il avait déjà 58 ans lorsqu'il a commencé le sport. Jean-Pierre Wermuth fumait alors près de deux paquets de cigarettes par jour et pesait 86 kilos, pour 1 mètre 67. À peine quelques minutes de course péniblement encaissées au départ. Puis la souffrance est devenue évidence. Il s'est vite mis à la compétition. Au point de devenir accroc et d'enchaîner les marathons.
Des marathons dans le monde entier grâce à une discipline de fer
Berlin, Londres, New-York, Paris... Il a pris part aux courses les plus prestigieuses. Des souvenirs incroyables pour ce passionné d'histoire : "À New-York, en 2001, les ruines des tours jumelles fumaient encore après les attentats du 11 septembre". L'une de ses fiertés : sa médaille de bronze, empochée en 2015 aux mondiaux d'athlétisme à Lyon, en semi-marathon chez les plus de 80 ans : "Jamais, je n'aurais osé rêver d'un podium".
Dans sa grande maison alsacienne, il a dû faire de la place pour exposer ses trophées. Mais sa plus grande victoire, c'est son retour à la forme à la veille de la soixantaine. Comme une deuxième vie qui s'est ouverte, grâce à une hygiène de vie totalement transformée.
Aujourd'hui encore, il s'astreint à une discipline de fer. Le natif de Kingersheim (Haut-Rhin) surveille drastiquement son alimentation : pas plus de 1600 calories par jour et très peu de viande. Une, voire deux fois par semaine maximum, et uniquement de la volaille. Jamais de viande rouge. "C'est mauvais pour la santé". Il privilégie les légumes, autant que possible issus de son potager : "Je dois faire attention car j'ai tendance à prendre du poids très vite", assure-t-il, en même temps qu'il s'affaire aux fourneaux.
90 ans, et toujours de grandes ambitions
Jean-Pierre Wermuth a d'ailleurs pendant un temps tenu un restaurant, après une vingtaine d'années dans le secteur du transport. Et avant de se lancer un autre défi, en même temps que celui du sport, à 58 ans : devenir guide conférencier. "J’aime l’art et les belles œuvres, confie-t-il. C’est vraiment le métier que j’ai toujours eu envie de faire. J'ai suivi une formation de deux ans à Strasbourg, puis obtenu mon examen".
Entre les entraînements et les compétitions, il propose ses services aux touristes partout en Alsace. Avec toujours de nombreux projets en tête. Et une grande ambition. Aux mondiaux sur piste, en août, il rêve de décrocher une deuxième place : "Mais ça devient compliqué. Je changerai de catégorie en décembre, quand j’aurai eu 90 ans. Mais en attendant, beaucoup de mes adversaires sont plus jeunes que moi. Après, ça ira mieux, quand j’aurai eu mes 90 ans...".
Car Jean-Pierre Wermuth n'envisage pas une seule seconde de s'arrêter. Courir pour vivre, vivre pour courir, c'est son fil conducteur.