Carton plein pour une plateforme de cours en ligne gratuits avec 30 millions de vues sur un an, les deux créateurs n'en croient pas leurs yeux

Benoit et Lucas Schildknecht viennent de Selestat et de Colmar, en Alsace. Ils ont lancé Maître Lucas : des cours en ligne de mathématiques, de français ou encore de sciences. Et ça cartonne.

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Dans la famille Schildknecht, demandez Benoit et Lucas pour vous donner la bosse des maths, mais pas que. Comment ? Avec des cours en ligne gratuits, du CP au CE2, qui fonctionnent. "30 millions de vues sur les 12 derniers mois", à en croire le duo de cousins originaire de Colmar (Haut-Rhin) et de Selestat (Bas-Rhin). Le premier, 37 ans, est à Paris et travaille dans le digital pour une entreprise française. Le second, 38 ans, est ancien professeur en école primaire et maintenant formateur d'enseignants au Luxembourg.

Leurs cours en ligne sans publicité et sans inscription existent depuis 2017. Depuis, leurs leçons ont attiré une communauté de 200 000 personnes sur les réseaux sociaux, dont 175 000 sur Youtube. Il s'agit de vidéos pédagogiques dans plusieurs matières, comme les sciences, les mathématiques ou le français. Un succès qui dépasse les frontières de la région : ils ont signé un contrat avec les éditions Hatier, pour créer des cahiers de révisions écrites. Leur initiative a même été saluée par le président de la République. 

Un carton plein en suivant leur objectif : aider parents et enseignants des écoles primaires à transmettre des connaissances aux enfants, avec des vidéos simples à comprendre.

La montée en puissance

La recette gagnante de ces vidéos : "Trois personnages récurrents : maître Lucas, un élève pour que le spectateur s'identifie à cet élève-là. Un enfant qui fait des erreurs, pose des questions qu'on peut dire 'bêtes', pour dédramatiser le statut de l'erreur. Sans oublier un papi ronchon, pour le côté humoristique et le rire, détaille Lucas. Il y a toujours une introduction avec une problématique. Des questions et des exercices à réaliser sur ardoise et écran, pour que le public ne reste pas passif devant la vidéo."

Ces premières vidéos ont commencé à être mises en ligne, il y a 7 ans, quand Lucas travaillait aux États-Unis. Il les destinait alors uniquement à ses élèves. "J'enseignais à New York. Comme je ne trouvais pas de contenu approprié, je l’ai créé moi-même. Je voulais faire de la 'classe inversée' avec les élèves. L'idée était qu'ils regardent une vidéo à la maison, pour qu'ils arrivent ensuite en classe avec une représentation du sujet. Ce qui favorise alors les échanges en classe", se souvient Lucas.

En 2020, la période du Covid vient vite changer la donne. Pas d'école physique, place alors à l'école à distance : "Nos vidéos ont pris de l'ampleur, ce qui voulait dire achat de matériel, changement des personnages. À ce moment-là, mon cousin Benoit entre dans l'aventure. De sorte qu'en septembre 2020, les publications se font plus régulières. Les statistiques des visites s'envolent." En parallèle, les médias commencent à parler de leur initiative. Le président de la République, sollicité par Benoit, leur répond dans une lettre et les félicite de leur succès. Dans le même temps, leur site s'enrichit d'articles de blog, et de "cartes mentales". Des schémas qui tiennent sur une page, pour mieux mémoriser les leçons. 

La professionnalisation puis la consécration

Après la professionnalisation et des publications plus nombreuses, le duo est de plus en plus regardé. Benoit et Lucas revendiquent diriger Maître Lucas "à côté de notre travail". "On a la chance de pouvoir bien gagner nos vies, et donc de travailler bénévolement sur la création de nos contenus. Tout ce que nous gagnons est réinvesti dans la plateforme", complète Lucas. Un site sans inscription préalable et sans publicité : comment font-ils alors pour le faire fonctionner ?

Les vidéos des deux cousins sont sur Youtube. "Au-delà d'une certaine audience, la publicité est obligatoire. Youtube a laissé entendre que nous pouvions ne pas prendre l'argent issu de toutes les vues, mais qu'il y aura dans tous les cas de la pub. Autant alors prendre l'argent : pour payer les serveurs, le matériel, et pour notre application, payer les développeurs", précise l'ancien professeur en école primaire.

L'ancien professeur et son cousin consultant digital sont très suivis en France, mais aussi dans l'espace francophone. "La moitié de notre audience est en France. Le reste est localisé dans des pays francophones, comme la Belgique, la Suisse, le Luxembourg, le Canada, le Liban, la zone Maghreb, et l'Afrique de l'ouest", décrit Lucas. Le duo de cousins a pu bénéficier de l'aide de la fondation Orange, l'organe caritatif de l'opérateur téléphonique, sur le continent africain : "Dans 17 pays, certaines écoles sans internet, qui ont été chargées au préalable sur des cartes mémoires."

Prochaine étape pour Benoit et Lucas : "La sortie de deux nouveaux cahiers d'activité, en dictée et fluidité de lecture, qui complètent ceux de maths et de français sortis l'année dernière. Nous voulions les publier, après avoir vu les niveaux des élèves, dans les résultats de l'étude internationale Pisa." Toujours en parallèle de leur activité sur le web, où ils travaillent d'ailleurs actuellement sur un dossier traitant de l'empathie. 11 vidéos mises en ligne dans le cadre de l'enseignement moral et civique, une autre matière que les deux Alsaciens d'origine traitent, tout comme l'histoire et la géographie.

LIRE AUSSI. Une professeure de français de Haute-Saône met en ligne des cours sur le web, suivis par près de 70 000 personnes

Un développement continu qui devrait aussi s'accompagner de podcasts, dans les mois à venir. 

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