Avez-vous déjà goûté du "Tonic" maison ? C'est le pari fou que s'est lancé Suleyman, à Strasbourg. Le gérant du bar "Le douanier" produit cette boisson à la fois amère et légèrement sucrée, depuis 2021. Une recette qui attise la curiosité et surprend les papilles des clients.
Prenez un zeste de bagout, ajoutez un peu de curiosité. Secouez le tout, et vous obtiendrez une boisson faite maison. C'est le pari qu'a fait Suleyman, 35 ans. Il est à la tête du "Douanier", situé à Strasbourg (Bas-Rhin).Un bar à cocktails né de son imagination, il y a 6 ans.
Soucieux de se distinguer et de séduire davantage ses clients, il a entrepris de produire ses propres boissons. Suleyman commence d'abord avec du Gin, avant de continuer avec la production de "Tonic".
Cette boisson que vous connaissez et consommez peut-être, est caractérisée par son goût légèrement amer et sucré. Le gérant nous livre quelques-uns de ses souvenirs, tirés de l'avant-concrétisation de ce projet.
Deux ans de maturation pour deux ans de réussite
"Cette idée, je l'avais depuis longtemps dans ma tête. Elle a mis deux ans à naître", se souvient Suleyman. Celui qui est à la tête du "Douanier" à Strasbourg (Bas-Rhin) produit son Tonic, depuis deux ans. "Je me suis lancé par curiosité. C'était très technique : il a fallu trouver les ingrédients, les paramètres exacts", rappelle-t-il. Une curiosité qui a tout de même un prix. Il a dû investir 100.000 euros et monter une société (la "Fabrikadrink") pour pouvoir produire la précieuse boisson. "Les appareils, les frais de structure ont dû être payés au comptant, comme nous venions de nous lancer. Sans compter les tests en laboratoire, les graphistes pour confectionner les étiquettes, les code-barres et le site internet qu'il a fallu réaliser", se souvient l'homme.
Pas de Tonic non plus, sans un mélange rigoureux : "Cela exige d'avoir le bon dosage, les bonnes températures, mais aussi le bon PH (NDLR : indicateur d'acidité). Tout ça dans les bons appareils : il nous a fallu une embouteilleuse, des cuves, mais aussi des saturateurs. Ce dernier élément est important, car il nous permet d'apporter le gaz carbonique dans la boisson. Il faut d'abord porter le mélange à bonne température, pour pouvoir y ajouter ce gaz". La recette est payante, moyennant tout de même quelques ajustements : "Nous avons de bons retours. Au début, certains pouvaient trouver que la boisson était trop sucrée, ou à l'inverse, pas assez sucrée. Justement, il faut qu'elle ne soit pas trop sucrée : pour faire un Gin Tonic. Il faut ajouter le Gin, et il contient déjà assez de sucre. Globalement, les gens font preuve de curiosité, ils sont surpris".
Avant de se lancer dans la production de cette boisson "soft", Suleyman avait d'abord commencé par la production de son propre Gin : "Nous avons un partenariat avec la distillerie Officine, à Colmar. Cela fait 4 à 5 ans que nous travaillons avec. Nous avons lancé une gamme qui s'appelle "Wackes", ou "petit malin" en alsacien. Cela cadre avec notre nom de bar. C'est une édition limitée, tirée à 1.000 bouteilles. Elles ont la particularité d'avoir des étiquettes dessinées par l'artiste Stom500. Le même qui a dessiné sur les bornes de collecte."
Une carrière inattendue
Celui qui enseigne aussi au CEFPPA d'Illkirch (Bas-Rhin), dans la filière "barman", n'avait d'abord pas envisagé de se lancer dans une telle carrière. "Le bar a été ouvert il y a 6 ans, il compte 6 employés et employées", détaille le gérant. Avant cela, Suleyman ne composait pas les cocktails, mais plutôt avec les chiffres : "J'avais fait des études de comptabilité, mais elles ne m'avaient pas donné envie de continuer."
Il passe quatre ans à Strasbourg. C'est là qu'il se prend de passion et s'accroche au milieu des bars : "J'ai eu l'idée, après une soirée en fin de cours." Il en profite aussi, un peu plus tard, pour s'accorder une parenthèse à l'étranger : "Je suis parti à Montréal, au Canada. J'ai travaillé au Lab. Un bar qui a fini premier d'Amérique du Nord, parmi un classement international." C'est à la suite de cette expérience, qu'il se lance enfin.
Il revient en France, travaille un an. Vient ensuite le moment de trouver un local : "C'est une ancienne librairie, qui a donc été réaménagée, comme on le voit aujourd'hui, en bar à cocktails." Tout un mélange parfait d'après Suleyman, et qu'il s'évertue à faire découvrir (avec modération, bien sûr) à ses clients.