Douze commerçants de Hoerdt (Bas-Rhin) se déshabillent pour attirer l'attention sur leurs commerces et exister face à la grande distribution. Objectif : ramener les citoyens vers leurs commerces de proximité.
Ils ont voulu faire une sorte de coup d'éclat, pour attirer l'attention des habitants de leur commune. "L'idée de faire un calendrier de nus trottait déjà dans nos esprits, mais on ne savait pas vraiment comment s'y prendre", raconte le président des commerçants de Hoerdt, Yannick Chandon. Mais quand un photographe a rejoint l'association, ça a rendu la chose possible et voilà le calendrier en vente dans les commerces de Hoerdt depuis septembre.
Coiffeur, responsable d'agence pour l'emploi, cuisinier, formateur, artiste, etc. ; Ils sont douze commerçants à avoir osé se lancer. Car poser nus, toutes parties intimes cachées bien sûr, n'est pas pour autant si évident.
Le photographe Franck Horand a donc pris le temps avec chacun d'eux. "Certains étaient plus à l'aise, d'autres plus timides. D'abord, on parlait de leur métier, de leur entreprise, de Hoerdt et parfois de tout autre chose. Si besoin, je faisais d'abord une photo habillée. Pendant qu'ils retiraient leurs vêtements, je me retournais, car c'est souvent la partie la plus gênante. Une fois qu'ils étaient déshabillés, je les regardais à travers mon appareil et ça s'est très bien passé avec chacun."
"L'idée était d'encrer chaque professionnel dans son lieu de travail. C'était plus facile pour le coiffeur, qui a des accessoires explicites comme les ciseaux et le peigne, ou pour le cuisinier avec sa toque et un tablier. Mais par exemple pour le président qui tient une entreprise d'intérim, il est forcément installé derrière son bureau, et avec celui qui forme à la sécurité incendie, on a opté pour l'extincteur. On voulait que chaque commerçant soit simple à identifier."
Sans caricaturer, on a opté pour la dérision et l'ironie
"On a pris le contrepied des dieux du stade, mais on a gardé les codes de la photo esthétique, en noir et blanc. Eux ont des corps musclés d'athlètes, nous, on a fait avec nos bourrelets et la marque du slip, le petit détail qui fait basculer dans la réalité hoerdtoise."
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À l'unanimité, ils ont choisi Boris, de la société "Numerize" pour faire la couverture du calendrier. Il dirige une entreprise de numérisation de revues et de documents. Il pose devant sa table de numérisation, avec la lumière devant lui, et l'avant de son corps dans l'ombre.
Pour le président de l'association, le calendrier est un succès. "Certaines personnes sont venues par simple curiosité là où les calendriers sont en vente. Les habitants qui connaissaient les commerçants, les ont découverts sous un autre jour, et parmi ceux qui nous découvraient, certains se rendaient compte que nos services ou produits pouvaient les intéresser."
"On a investi pour l’impression, la mise en page et la réalisation mais aujourd'hui le but est atteint, les gens en parlent."
Yannick Chandon, président des commerçants de Hoerdt
Le photographe s'était déjà fait connaître par les habitants de Hoerdt lorsqu'il s'y est installé avec son épouse en 2019. Pour s'intégrer dans la ville de 4 400 habitants, il a pris tous les habitants en photo et a publié leurs portraits sur les réseaux sociaux, sous l'intitulé Unchain my Hoerdt. Sa particularité, "je travaille sans studio, sans lumière additionnelle et sans retouche, pour être au plus près de la réalité." Désormais tout le monde le connaît et la confiance est établie.
Beaucoup de personnes lui ont demandé "où sont les femmes commerçantes et entrepreneuses ?" Ils et elles y réfléchissent ensemble pour 2025. Ils ne veulent pas que les choses soient mal interprétées. Un calendrier mixte est possible aussi et peut-être même une séance de dédicaces.
Le calendrier est vendu à 10 euros. "On voulait effectuer une action de communication, plus qu'une action qui rapporte de l’argent " explique le président des commerçants de Hoerdt. L’argent sera reversé à une association caritative."
Avec ce calendrier, les commerçants ont réussi à attirer l'attention sur Hoerdt et ses entreprises. Fin octobre, ils ont déjà vendu 450 exemplaires sur les 500 imprimés. Les derniers vont être "collectors."
