Il renonce à prendre le train à cause de la désorganisation des TER

Cela faisait quinze ans que Martin, jeune papa quadragénaire soucieux de l'environnement, prenait le train. Mais suite à de nombreux retards et annulations de son TER quotidien pour aller travailler, il n'a pas d'autre choix que de prendre sa voiture.

Quand Martin a appris la mise en place du Réseau Express Métropolitain Européen (REME), autour de Strasbourg, il était plein d'espoir. Sa ligne fonctionnait déjà plutôt bien, avec régularité et elle était assez bien desservie mais l'idée que ce serait encore mieux, lui convenait parfaitement.

Présenté comme le premier RER en région, le REME promettait 800 trains supplémentaires par semaine, à partir de décembre 2022, puis plus d'un millier en septembre 2023. Force est de constater qu'au bout de douze mois, beaucoup d'usagers sont perplexes, voire désespérés. Et surtout contraints et forcés de reprendre la voiture.

"Sur le papier, ça s'annonçait bien, je me disais ça va être super",reconnaît d'emblée Martin. Mais au bout de quelques jours, mon train de 8h11 à Benfeld a été supprimé. Il a fallu que j'en trouve un autre. Celui de 7h49, me permettait d'arriver à l'heure au travail, mais je ne pouvais plus déposer mon enfant à l'école primaire, celui de 8h19 me permettait de déposer mon enfant à l'école, mais il s'arrêtait dans toutes les gares, alors j'arrivais systématiquement en retard au travail."

Obligé de prendre la voiture

Martin aurait volontiers pris le vélo. Il était même prêt à investir dans un vélomobile mais ce mode de locomotion est interdit, à la nuit tombée, sur les pistes cyclables non éclairées, sur les chemins de halage et le long des cours d'eau et canaux. Impossible donc de se rendre et de revenir du travail en hiver, quand les journées sont courtes.

Avec le nouvel horaire imposé, il arrivait donc en retard d'une dizaine de minutes chaque jour. Dans son métier de monteur, c'était à peu près gérable. "Sauf que très vite, il y a eu trop de retards et même d'annulations de trains. 20 à 30 minutes de retard fréquemment le matin et au retour le soir aussi. Alors quand on a des enfants à aller chercher à l'école ou chez la nounou, ce n'est pas possible. Il ne me reste donc que la voiture" regrette-t-il.

Autour de lui, sur le quai de gare, les propos désespérés étaient récurrents. "Ils veulent qu'on prenne le train, mais comment on fait s'ils sont tout le temps en retard ou supprimés ?" Pour beaucoup, ce REME n'est rien de moins qu'un fiasco.

L'usager, perdant sur tous les plans

Martin avait plusieurs bonnes raisons de prendre le TER. "Je le prenais pour des raisons écologiques, je polluais moins en empruntant les transports en commun et pour des raisons économiques, puisque mon employeur me payait la moitié de mon abonnement. Il y avait aussi moins de fatigue et pas de problème de stationnement à l'arrivée."

Tout cela, c'est fini pour lui et de nombreux autres ex-usagers du train, qui ont dû reprendre la voiture. Le jeune homme a envoyé plusieurs courriers au service transports de la Région, aux élus écologistes de la région, à la SNCF. Seul le service transport de la Région Grand Est lui a répondu, en argumentant : "la mise en place du Réseau Express Métropolitain Européen (REME) n’a pas pu être effectuée en une fois. Le REME a nécessité un re-phasage en plusieurs étapes..."

Concernant son train supprimé : "Ce nouveau plan de transport ne prévoit toujours pas la remise en circulation du TER 831840. Dans cette attente nous ne pouvons que vous recommander d’utiliser le train suivant n° 832012 départ Sélestat 8h04, arrêt à Benfeld à 8h19 et arrivée à Strasbourg à 8h49 soit un peu plus d’un quart d’heure que l’horaire d’arrivée du TER 831840."

Et de conclure :"nous partageons votre constat que ce nouveau plan de transport ne répond ni à vos attentes ni à celle de la Région et nous le regrettons."

La SNCF, de son côté, annonce la mise en place d’un système de maintenance, mobilisant les trains moins longtemps, l'embauche de plus de personnels et l'ouverture d'un nouvel atelier.

Au moment du bilan, après une année d'expérimentation, l'insatisfaction semble donc au rendez-vous pour tous les protagonistes. Usagers en première ligne. "C’était censé être une amélioration, moi je ne vois qu'une dégradation", conclut Martin. Mais il veut continuer à y croire. "J’espère que c'est provisoire et que ces trains refonctionneront." Tout le monde veut y croire, reste à le faire.

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