Au cœur de Strasbourg se trouve l'église Saint-Guillaume. Hormis l'antenne inclusive LGBTQIA+ qu'elle héberge, toutes sortes d'événements inhabituels s’y déroulent. À la tête de la paroisse protestante, le pasteur Daniel Boessenbacher s'assure qu'elle soit ouverte au plus de monde possible et qu'elle le reste malgré les opposants.
Être croyant et queer en même temps ? C’est le sujet du prochain groupe de parole, dans la petite chapelle attenante à la nef de l’église Saint-Guillaume de Strasbourg. Le ton est donné et le drapeau LBGT hissé sur la façade est très explicite. Autant débattre de cela au sein même d’une église, elle qui n’a pas souvent rimé avec inclusion et tolérance. Pour le pasteur Daniel Boessenbacher, il est important que les choses changent.
Installé à Saint-Guillaume depuis 2021, Daniel Boessenbacher n'est pas là par hasard. C’est un choix. Bien qu’il ait toujours médité sur l’ouverture d’esprit qu’il souhaitait apporter à son travail, le cancer qu’on lui a diagnostiqué couplé à une formation (bien nommée : “Pasteur, posture et imposture”) ont fini par lui ouvrir les yeux. La façon de faire “à la Saint-Guillaume" était une évidence pour lui. “Plus je lis la Bible, plus je pense qu’on devrait agir comme Jésus agissait. Il acceptait tout le monde. Il entrait en contact avec les malades, les lépreux. Ou ceux qui étaient un peu à côté de la religion, il est allé les voir aussi. Finalement, je ne fais rien d’autre et je ne pourrais pas faire autrement.”
Ainsi depuis 2013, une antenne inclusive coexiste avec la communauté paroissiale. Aujourd'hui, elle en fait partie intégralement, devenant commission paroissiale de l’église. Une fois par mois, l’antenne se réunit pour des conférences, groupes de parole, cultes inclusifs ou autres manifestations. Tous les ans, l’antenne participe même à la marche des visibilités.
"C'est “comme un nid. On est bien.
Philippe Genitrini
Autrefois symbole de rejet pour certains, cette église-là, en tout cas, est devenue un refuge pour la communauté LGBTQIA+. Pour Roger-Stéphane Roth, vivre sa foi n’a pas toujours été facile. “Quand j’ai parlé à mon curé du fait que je préférais vivre avec un homme, c’était comme si toute ma vie au sein de l’église ne comptait plus pour un sou. Si j’osais me présenter à la messe du dimanche, il ne fallait surtout pas que je fasse la communion.”
Se sentant enfin accepté dans cette église, il s'y est marié il y a deux ans avec son compagnon et ceci malgré le fait qu’ils soient de confession catholique. C'est Daniel Boessenbacher, le pasteur de l’église Saint-Guillaume qui a accepté de les marier. Cette église "c'est comme un nid. On est bien. On se donne des idées, on parle, on avance”, confie Philippe Genitrini, époux de Roger-Stéphane.
Un lieu de culture aussi
En plus de l'antenne inclusive, l'église Saint-Guillaume de démarque aussi par les événements qu'elle accueille. Exposition ou spectacles de pole dance, pour Daniel Boessenbacher tous les arts ont leur place dans une église. Et même si cela ne plaît pas à tout le monde (le pasteur a déjà été menacé de mort, ndlr), Daniel Boessenbacher continuera d'accueillir tout le monde. Un enrichissement pour tous. Il a d'ailleurs été contacté par d'autres paroisses intéressées par cette ouverture d'esprit.