Chaque année, pour Noël, Wolfgang Beyer et ses deux fils préparent un clip musical qu'ils publient sur les réseaux sociaux. Généralement un chant connu, qu'ils interprètent avec délectation, en plusieurs langues, dont toujours un peu d'alsacien.
Parmi les chanteurs de la famille Beyer, il y a Wolfgang, le père, et ses deux fils, Tommy et Max (Maximilien). "A nous trois, nous formons la Beyer Music Family" précise ce dernier. "Nous gérons plusieurs entreprises (dans l'immobilier, les assurances et la communication digitale, entre autres) explique son père. Donc à Noël, au lieu d'envoyer à nos clients une bouteille de vin ou des bredele, nous leur envoyons le clip vidéo d'une chanson en plusieurs langues, et nous essayons de la réaliser le mieux possible."
"On le fait depuis plus de 10 ans, ajoute Tommy. La liste de nos réalisations est déjà assez longue, et chaque année, on s'améliore." Au début, il était seul à enregistrer ces chants de Noël avec son père. "Papa est un grand musicien, et quand j'étais petit, il m'a un peu forcé. J'ai commencé par faire du piano, durant presque dix ans. Puis un peu de guitare et de trompette. Et un jour il m'a dit : 'Fiston, tu chantes pas mal du tout !' Alors j'ai chanté avec lui à des soirées, pour des mariages et diverses animations. Et on a continué comme ça."
Maximilien, lui, a rejoint le duo en 2019. "Au début, ça ne me tentait pas trop, reconnaît-il. Quand on est jeune, on ne pense pas à ces choses-là. Mais avec le temps, j'ai compris que c'est une occasion de passer du bon temps ensemble, Et de nous construire de beaux souvenirs. La famille, c'est important."
Au fil des ans, la liste de leurs titres se rallonge : "Hallelujah" de Leonard Cohen, "Petit papa Noël", l' "Ave Maria" de Gounod, ou encore "Feliz Navidad" du Portoricain José Feliciano, ou même, pour 2021, un très humoristique "Noël du covid".
En chaque début d'année, le trio réfléchit déjà au chant à mettre en œuvre pour le Noël suivant. "Leur mère et leur sœur donnent aussi leur avis" précise Wolfgang. Ensuite, c'est lui, à l'origine un musicien professionnel, qui fait les arrangements et traduit certaines strophes en d'autres langues.
"Puis l'été, pour l'enregistrement, on se rend dans un studio professionnel à Mannheim, en Allemagne, raconte-t-il. Il y a près de 50 ans, j'ai travaillé là-bas. Les ingénieurs du son de l'époque, parfois plus âgés que moi, sont toujours là. Ils font un travail de grande qualité. L'ambiance est toujours joyeuse, on y passe un très bon moment avec les garçons. Deux à trois jours tranquilles, sans stress."
Pour ce Noël 2024, ils réinterprètent "We are the world, we are the children" (Nous sommes le monde, nous sommes ses enfants), un tube de 1985, écrit par Michael Jackson et Lionel Richie, et chanté à l'origine par plusieurs artistes américains célèbres pour collecter des fonds contre la famine en Ethiopie.
Mais comme tous les ans, après l'enregistrement audio, ils ont un peu attendu le dernier moment pour la partie visuelle du clip, durant laquelle ils chantent en play back. "Il nous faut une ambiance de Noël, explique Wolfgang. Parfois on peut le faire deux mois avant, parfois c'est juste quelques jours avant la mise en ligne." "On cherche des lieux originaux, ou bien décorés, précise Tommy. Mais si on s'installe ensemble autour d'une bière, on trouve toujours une bonne idée. Et alors, on fonce."
Cette année, leur clip a été tourné en partie dans le restaurant de la Marne, à Saverne, et en partie avec un drône, sur le chemin des cimes à Drachenbronn. D’autres fois, c'était au château de la Hunebourg, dans un centre commercial, ou encore au Royal palace de Kirrwiller.
Le montage est fait par un professionnel. Et généralement début décembre, le clip vidéo est mis en ligne, sur Youtube et les réseaux sociaux. "Si on n'a encore rien publié à quelques semaines de Noël, nos fans nous appellent, s'amuse Wolfgang. 'Ben alors, elle vient quand, votre chanson ?' "
Cette année, une dizaine de jours après la mise sur les réseaux, la vidéo totalisait 33 500 vues. Déjà plus que la moyenne annuelle de 30 000 vues. Pourtant, Wolfgang Beyer a un petit regret. "Cette fois, on a mis trop peu d'alsacien." En réalité, une seule strophe, ainsi qu'un peu de français. Le reste conserve le texte d'origine, en anglais. Il ne s'explique pas vraiment cette omission, car il est un fervent défenseur de sa langue maternelle.
"Pour moi et ma famille, l'alsacien, c'est notre amour, notre passion, martèle-t-il. Cette langue représente nos origines, nos parents, grands-parents et tous les "arrière"… Dans notre région, on la parle depuis 15 siècles. C'est l'une des choses les plus importantes à transmettre."
Donc pour l'année prochaine, même si le futur tube n'est pas encore vraiment défini, "il y aura davantage d'alsacien. Promis juré."