Par décision ce 12 mai 2023, le tribunal administratif de Strasbourg a annulé les arrêtés environnementaux de 2019 et 2020 concernant le contournement de Châtenois (Bas-Rhin), entrainant de fait l'arrêt des travaux en cours depuis quatre ans.
La Collectivité européenne d'Alsace se dit "abasourdie". La décision du tribunal administratif de Strasbourg rendue ce 12 mai 2023 et qui annule les arrêtés environnementaux de 2019 et 2020 concernant le contournement de Châtenois, est à ses yeux "incompréhensible".
Parce que les conséquences sont là : cette décision entraîne l'arrêt des travaux de cette route de cinq kilomètres, autorisés par la préfecture en 2019. Une "deux fois deux voies" située entre l’entrée ouest de la commune de Châtenois et l’autoroute A35 à l’est. Après quatre ans, la construction, dont le montant est de 60 millions d'euros, était presque achevée.
Frédéric Bierry, président de la CEA était notre invité ce samedi 13 mai dans le JT. Très agacé, il s'est demandé "si notre pays ne marchait pas sur la tête".
Pour l'association Alsace nature en revanche, c'est une belle victoire. C'est elle qui avait déposé deux recours en 2019 et 2020 et qui vient d'obtenir gain de cause. "Il est temps de penser la nécessaire protection des ressources en eau et de la biodiversité comme cruciales, bien au-delà des seuls objectifs de gestion des flux de marchandises par transport en camions", clame Alsace Nature dans un communiqué.
Le tribunal en effet a relevé plusieurs vices dans l'autorisation accordée par la préfecture. Et notamment que la destruction de sept hectares de zone humide par le projet n'est pas suffisamment compensée. D'autant que la justification d'intérêt public majeur n'existe pas selon le tribunal.
En effet, préfecture et CEA arguaient le fait que la route actuelle qui traverse Châtenois, sur laquelle 20.000 véhicules transitent chaque jour, est trop accidentogène et engendre trop de pollution. Or, pour le tribunal, il n'est pas prouvé que la nouvelle route sera moins accidentogène ni polluante.
C'est une gabegie d'argent public.
Luc AdonethMaire de Châtenois
"C'est ubuesque de juger quatre ans après le recours", a réagi de son côté Luc Adoneth, le maire de Châtenois auprès de l'AFP. Le chantier est en phase terminale, c'est une gabegie d'argent public". La CEA a fait savoir que l'arrêt de ces travaux entraînerait un surcoût immédiat d'un million d'euros et de 250.000 euros par mois d'attente.
Pour reprendre les travaux, la collectivité doit recommencer les phases de consultation publique et faire d'autres propositions de compensations environnementales. Elle a donc décidé de faire appel.