"Les enfants sont des chiffres", les parents d'élèves se mobilisent contre la fermeture d'une classe de maternelle

Le rectorat a annoncé, fin juin 2023, la fermeture d'une des deux classes de l'école maternelle de Matzenheim (Bas-Rhin). En cause, seuls 33 élèves sur les 35 prévus seront scolarisés à la rentrée. Les parents d'élèves sont vent debout et ont lancé une pétition qui a recueilli 440 signatures.

"C'est une situation dramatique", c'est avec ces mots qu'Amandine Bouchon, parent d'élève, décrit ce qu'il risque de se produire à l'école maternelle de Matzenheim dès la rentrée 2023. L'établissement scolaire a été informé, fin juin, que l'une des deux classes serait fermée en septembre. Les élèves de petite, moyenne et grande section devront donc cohabiter tous ensemble, avec une seule maîtresse et une ATSEM.

Depuis, l'inquiétude gagne les parents, mais aussi les élus de cette petite commune alsacienne. "Le rectorat se justifie en disant que 33 élèves seront scolarisés dans l'école en septembre prochain. Or, selon eux, le seuil pour ouvrir deux classes s'élève à 35, déplore Amandine Bouchon, nous sommes donc à la recherche de deux nouveaux pour sauver l'éducation de nos enfants".

Lors du conseil de classe, les parents d'élèves ont été informés que le plafonnement à 24 élèves pour la classe de grande section ne serait pas respecté. "Ce sont ceux qui doivent acquérir des connaissances avant d'entrer au CP, c'est important. Mais à côté de ça, la maîtresse va devoir s'occuper d'enfants qui ont à peine trois ans et qui ne sont pas toujours propres", constate la parente d'élève.

Le corps éducatif de l'école a prévenu les parents que les siestes l'après-midi, pour les plus petits, ne pourront pas être effectuées. "C'est révoltant, on met nos enfants à l'école, mais on doit trouver une nourrice pour les faire dormir l'après-midi", ajoute-t-elle. "Il n'y a plus d'humain dans tout ça. Le rectorat voit les élèves comme des chiffres".

Des élèves bientôt laissés de côté ?

Le non-respect du plafonnement des élèves en grande section de maternelle n'est pas le seul problème qui préoccupe les parents. Une élève de trois ans, qui passera en moyenne section l'an prochain, présente des troubles du comportement et bénéficie d'un dossier à la Maison départementale pour les personnes handicapées. Elle a besoin d'une ATSEM à temps plein et ne pourra donc pas en bénéficier à la rentrée prochaine.

La situation des élèves ukrainiens, qui ont été intégrés dans l'école cette année, inquiètent aussi les parents. "Ils ne parlent pas le français, alors cela demande un effort supplémentaire. D'autres pourraient arriver à Matzenheim l'année prochaine, il nous faut les accueillir dignement dans l'école. Dans la situation prévue par le rectorat, c'est impossible", fait remarquer Amandine Bouchon.

La seule maîtresse qui restera sera aussi la directrice

Amandine Bouchon, parent d'élève à l'école maternelle de Matzenheim

Les parents font également remarquer que plusieurs familles vont emménager, dans les mois à venir, au sein d'immeubles flambant neufs. "Le seuil des 35 élèves va être très vite atteint, et on restera avec une seule classe de maternelle. Ce n'est pas sérieux, la seule maîtresse qui restera sera aussi la directrice de l'établissement", indique-t-elle. 

Une pétition et des courriers au rectorat

Pour tenter de convaincre le rectorat, la mairie de Matzenheim avait déjà fait part de son inquiétude sur le risque de fermeture d'une classe dans cette école en janvier 2023. Il a détaillé la présence de nouveaux logements et l'arrivée de familles. Toutefois, l'éducation nationale n'est pas revenue sur sa décision.

Amandine Bouchon, en compagnie d'autres parents d'élèves, a mené plusieurs actions pour tenter d'être entendue. "Nous avons mis des banderoles sur la façade de l'école, des pancartes à l'entrée de la commune, chez les commerçants... Les soutiens viennent de partout aux alentours", explique-t-elle.

Une pétition a aussi été lancée et a été signée par 440 personnes. Les parents d'élèves l'ont déposé au rectorat, ce mardi 4 juillet, accompagné d'un courrier demandant l'annulation de fermeture de classe. "Il nous faut nous mobiliser maintenant, car après, ils partiront en vacances et laisseront le sort de cette école en suspens", s'inquiète-t-elle. Le rectorat a affirmé que la décision finale serait donnée le 20 août prochain, avec la crainte du corps enseignant de devoir s'organiser à la dernière minute.