Les vignes victimes d'une attaque de mildiou très précoce, "les 16 000 hectares du vignoble alsacien sont concernés"

Les pluies continues de ces dernières semaines en Alsace ont favorisé l'apparition du mildiou dans le vignoble. La prolifération du champignon, particulièrement précoce cette saison, cause de lourdes pertes aux viticulteurs en ce début du mois de juin.

Il en a pris l'habitude chaque semaine ou presque : dès qu'une éclaircie météo se présente, Matthieu Zoeller sort traiter ses 11 hectares de vigne, qui s'étalent sur les pentes à l'extérieur de Wolxheim (Bas-Rhin).

Installé au guidon de son véhicule à quatre roues, il parcourt toutes les parcelles. Derrière lui, un dispositif permet de disperser le traitement sur chaque pied de vigne.

Quand on s'approche, le viticulteur nous fait découvrir les dégâts. Il s'empare d'une feuille, en examine chaque côté : "On peut voir comme des taches d’huile et quand on retourne la feuille, on peut voir le micellium, le côté blanc".

Une fois que les premiers symptômes sont apparus, les grappes commencent à brunir, une semaine plus tard, avant de sécher. Les pertes sont importantes pour les vignerons indépendants comme Matthieu Zoeller : "Sur la récolte, ça représente 10 à 15% par endroits, et ça peut monter jusqu’à 30%, tout dépendra maintenant de la météo qu’on aura dans les deux à trois semaines à venir."

La prolifération du champignon a été particulièrement précoce cette année, favorisée par les pluies incessantes de ces dernières semaines. Chaque fois qu'il tombe 20 millimètres de pluie, le traitement doit être de nouveau administré.

Une précocité et une intensité de précipitation que Matthieu Zoeller n'avait jamais constatées, en 32 ans d'exploitation : "Des années comme ça, on en a connu en 2021 et 2016, mais là, c'est plus précoce que ces années-là. Les attaques avaient lieu un poil plus tard par rapport à cette année. Là, l’attaque est très précoce, et c’est l’engorgement d’eau qu’on n’a jamais connu à de tels niveaux."

Tout le vignoble alsacien est concerné. "100% des viticulteurs ont du mildiou", confirme Marie-Noëlle Lauer, conseillère viticole à la chambre d’agriculture. Les parcelles sont impactées dans des proportions variables : "Ça va d’une tache sous les pieds à plusieurs centaines de taches. Mais les 16 000 hectares du vignoble alsacien sont concernés", poursuit la spécialiste.

Tant que le champignon reste sur la feuille, la situation reste gérable problème. "L’enjeu, c’est sur les grappes, avec les attaques en crosse. La future grappe va se replier puis se nécroser", estime encore Marie-Noëlle Lauer. "On estime que moins de 5% des parcelles sont touchées de manière très sévère, c'est-à-dire là où il va y avoir plus de 70% de perte de récolte". 

Les professionnels du secteur attendent avec impatience une météo plus clémente, ce qui devrait être le cas jusqu'au week-end prochain. Mais la saison est loin d'être terminée, et de futures pluies sont redoutées.

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