Les chasseurs surveillent activement la forêt rhénane entre Rhinau et Marckolsheim. Le but : éviter tout risque qu'un sanglier, contaminé par la peste porcine africaine détectée Outre-Rhin, ne vienne la propager côté français. Une mesure avant tout préventive, car ce risque reste minime.
Depuis ce matin, mercredi 1er juin, les chasseurs bas-rhinois surveillent de près une bande de forêt de 20 kilomètres de long sur 5 de large, qui s'étend entre Rhinau et Marckolsheim.
Cette forêt rhénane, relativement dense, longe les quatorze communes situées en face de Forchheim (Bade-Wurtemberg), la petite ville allemande où un foyer de peste porcine africaine avait été détecté dans un élevage, le 25 mai dernier.
L'objectif de cette surveillance est d'écarter tout risque qu'un sanglier sauvage, qui se serait éventuellement approché de l'élevage allemand contaminé, ne transmette la maladie côté alsacien.
Un risque cependant infime, selon Frédéric Obry, le président de la Fédération des chasseurs du Bas-Rhin. En effet, le foyer d'infection allemand a été "bien clôturé et électrifié", ce qui rend très improbable la possibilité d'un contact entre un animal sauvage et un porc malade. "On est à 200% dans la prévention" assure-t-il.
Néanmoins, pour écarter toute éventualité, et ainsi soutenir et rassurer les éleveurs de porcs alsaciens, les chasseurs bas-rhinois ont lancé toute une série de mesures de surveillance, avec l'espoir de pouvoir les lever le plus rapidement possible.
Repérer d'éventuels cadavres de sangliers
"Très contagieuse et létale" la peste porcine africaine "entraîne une mort rapide" précise Frédéric Obry. Un sanglier contaminé ne ferait pas long feu.
Consigne a donc été donnée aux chasseurs, mais également aux pêcheurs, "s'ils trouvent par hasard un cadavre de sanglier, d'alerter immédiatement la Fédération, ou le réseau Sagir qui collecte des animaux retrouvés morts, afin de permettre leur analyse vétérinaire."
Dans ce cas, "des techniciens formés se rendraient sur place, avec des gants et des combinaisons. Ils effectueraient des prélèvements sur place, puis emporteraient le corps de la bête, pour déterminer la cause de sa mort."
Mais Frédéric Obry se veut rassurant. Car depuis la détection du foyer de contamination de Forchheim, "aucun cas n'a été signalé, ni côté allemand, ni côté français." Alors même que, côté allemand, des chiens spécialement entraînés à repérer des cadavres ont été emmenés dans les zones à risque.
Ne plus chasser dans cette forêt
L'autre principe de précaution est de déranger les sangliers de cette forêt le moins possible, pour ne pas les inciter à se déplacer. Dans l'immédiat, il n'est donc plus question d'y organiser la moindre battue. "Chasser serait l'erreur à ne pas commettre" estime le président de la fédération. "On ne va pas bouger, on ne va pas rentrer dans la forêt."
De toute manière, la contagiosité de la peste porcine africaine est telle qu'un seul sanglier malade contaminerait rapidement tous les autres. Et "ils mourraient tous sur place."
Dans la même idée de laisser les animaux tranquilles, il est également demandé aux promeneurs d'éviter ces vingt kilomètres de forêt dans les jours à venir. "Par chance, ce n'est pas la période des champignons" ironise Frédéric Obry.
Tirer sur les sangliers qui sortent du bois
En revanche, les chasseurs locataires des lots de forêt concernés seront à l'affût sur les miradors, "au lever du jour et le soir avant le coucher du soleil." C'est-à-dire à tous les moments où les animaux pourraient avoir, malgré tout, envie de faire une petite balade.
Chaque sanglier qui en viendrait à quitter le massif forestier pour se diriger vers la plaine sera impitoyablement tué. Et son corps analysé, "toujours par esprit de précaution."
"Si on en tire une cinquantaine, et qu'aucun ne présente le moindre symptôme, on saura que les choses se passent bien" explique Frédéric Obry. Autrement dit, que la crainte d'une contamination n'aura plus de raison d'être.
"L'avenir nous le dira très rapidement" espère-t-il. Selon lui, une période d'observation de huit à dix jours sera largement suffisante, "sans prendre aucun risque." Et permettra de rassurer tout le monde, en confortant l'idée que tout danger est définitivement écarté.