Voilà bientôt 3 ans que les Savernois (Bas-Rhin) ont adopté Cristal, la petite navette électrique alsacienne. Plus de 100 000 personnes en ont profité depuis sa mise en service, deux fois plus qu'espéré. La commune de Rosheim teste à son tour ce mode de transport silencieux et non polluant.
Ding, ding ! Dans les rues de Saverne, tout le monde s'est habitué à la petite sonnerie qui annonce son arrivée. Cristal, rebaptisée E-Lico fait désormais partie du paysage. E-lico en référence à la licorne, emblème de la ville, agrémenté du e résumant désormais tout système de nature électrique/électronique.
Mis en service en juin 2021, le petit véhicule modulable a déjà transporté 100 000 passagers, soit deux fois plus qu'espéré. "Selon nos études, on tablait sur 500 personnes par semaine, et on est plutôt à 1 200 ou 1 300 personnes, ce qui montre que le besoin était là", sourit Stéphane Leyenberger, le maire de Saverne.
Après des décennies à hésiter à doter la petite ville - quelque 11 000 âmes - d'un mode de transport collectif, l'équipe municipale s'étonne autant qu'elle se réjouit de ce succès. "Le transport en commun à Saverne, ça a été un serpent de mer pendant longtemps. On craignait de faire circuler des bus à vide. On se demandait si ça valait le coup pour peu de monde. Mais une petite navette modulable et électrique, ça répond vraiment aux besoins de notre ville. Cristal nous a permis de passer le cap, on a l'impression qu'il a été conçu pour nous", poursuit l'édile.
Une navette née chez Lohr à Duppigheim
Cristal n'a pas été imaginée spécifiquement pour Saverne mais pour ce type d'usage. Le petit véhicule, 100% électriques, a été conçu et fabriqué à Duppigheim, chez Lohr Industrie. Il peut transporter 14 personnes. Sa capacité double ou triple en mode convoi de deux ou trois wagons.
Plusieurs villes de France ont choisi d'en acquérir et en apprécient les qualités. Dans les rues étroites et escarpées d'Ajaccio, après avoir testé trois autres constructeurs, on vante les capacités de franchissement de pentes du modèle alsacien. Orange et Avignon sont également conquis.
Le coût de la gratuité
À Saverne, ce mode de transport est gratuit pour l'usager. Peut-être une des raisons de sa fréquentation exceptionnelle ? Les passagers croisés apprécient unanimement le service. "C’est super, pour aller en ville, pour aller chez le médecin. Surtout pour les personnes âgées comme moi. Avant, je marchais, je n'avais pas le choix. Mais maintenant que c’est gratuit, on en profite", sourit Marie-Louise. "Pour les gens qui habitent loin, comme moi aux Gravières, c'est bien parce que ça fait une trotte !", confirme José.
Le service E-lico fonctionne du lundi au vendredi. Les horaires en temps réel sont consultables sur l'application Zenbus. Un autre habitant nous confie néanmoins quelques pannes : "Parfois ça s'arrête ou la porte ne fonctionne pas", nous explique ce monsieur qui utilise néanmoins E-lico "tous les jours, pour aller au jardin et revenir. Elle s'arrête presque devant chez moi !"
Mais la gratuité a un coût. Au-delà de l'acquisition (300 000 euros pour les deux modules à l'achat), la navette coûte 150 000 euros par an à la municipalité. "C’est essentiellement de la masse salariale, nous avons deux chauffeurs titulaires et trois chauffeurs remplaçants de la mairie, c’est le principal poste de dépense avec la maintenance et l’électricité", détaille Stéphane Leyenberger.
Jean-Christophe Arbogast assure la moitié des rotations : "C'est un jouet ! résume le chauffeur. C'est très facile, très intuitif. J'ai juste la marche arrière, la marche avant. J'accélère et je freine." L'ancien employé à l'Eurométropole de Strasbourg est venu expressément à Saverne pour le lancement d'E-Lico. Et il en apprécie l'ambiance. "Saverne, ce n'est pas les vacances, mais presque !"
À Rosheim, le Rosabus
Une deuxième ville alsacienne se dote de la petite navette. Rosheim, vient de réceptionner deux exemplaires, en location. Baptisées Rosabus, en référence à l'emblème de la ville, elles sont entrées en service ce lundi 5 février. De la gare au centre-ville, elles desserviront 16 arrêts.
Le Rosabus entame une phase de test, et ce pour six mois. Horaires et parcours sont consultables en ligne. Si elle a autant de succès qu'à Saverne, l'expérience pourrait bien être pérennisée.