Élection municipale à Schiltigheim : le projet Dinghof au cœur du débat

Le premier tour de l'élection municipale anticipée aura lieu dimanche 8 avril à Schiltigheim. L'épineuse question de l'urbanisation de l'ancienne cité des brasseurs s'y est invitée, avec le projet Dinghof, du nom d'une ancienne ferme datant du 17ème siècle.

Le projet Dinghof est un conflit emblématique qui cristallise toutes les tensions autour de la question de l’urbanisme à Schiltigheim. Entre le maire et ses adjoints ou anciens adjoints notamment, c’est l’un des enjeux de la prochaine élection municipale.

Sur 42 ares, une maison du 17ème siècle est tout ce qui reste aujourd’hui d’une ancienne ferme composée de plusieurs bâtiments. Jean-Marie Kutner maire sortant (SE) veut déplacer et reconstruire cette bâtisse quelques mètres plus loin, rajouter un immeuble de 16 logements et un jardin de 25 ares. 


Les opposants du maire reconnaissent le besoin de logements mais pas à cet endroit, pour ne pas déplacer la maison seul vestige du Dinghof. Ils préconisent qu’elle soit démontée et reconstruite sur les mêmes fondations. Selon une des candidates à la mairie, Danielle Dambach qui avait pris un arrêté de péril, du temps où elle était chargée de l’urbanisme et du logement (sous la mandature de l’ancien maire Raphaël Nisand), la cave sous le bâtiment aurait une valeur historique et pour cette raison la maison doit rester là où elle se trouve actuellement. 


Schiltigheim, un gros chantier ?

"Trop, c’est trop" affirment désormais certains habitants qui dénoncent une « bétonisation » à tout va. Les adjoints au maire (actuels et passés) et ses opposants n’en pensent pas moins. En tout cas, c’est le sujet qui échauffe tous les esprits en cette veille d’élections municipales.


Jean-Marie Kutner se défend de tout bétoniser: "On a besoin de logements, mais avec chaque construction, on plante des arbres et de la végétation. A Schiltigheim, on a prévu 40 000 m² d'espaces verts. Mais on plante seulement après avoir construit !". Une association de riverains, entraînée par Michel Szlosser, s'est constituée et veut s'opposer à ce chantier. Ce sont les habitants du quartier qui ne veulent pas d'un immeuble sous leur fenêtres, alors qu'un site de type "ecovillage" pourrait y voir le jour. Comme certains candidats à la mairie, ils rêvent à un site qui redonnerait vie à cette ferme. Un lieu où des scolaires et autres visiteurs pourraient retrouver des métiers et activités d'antan.

Projet de veille

Depuis mardi matin, les opposants au projet ont mis en place un tour de garde pour empêcher les engins de chantiers de démonter la maison. Quelques personnes restent sur place en permanence et alerte un réseau plus vaste, en cas d'arrivée des entreprises. Un réseau qui s'élargit selon Berthe Beyer, membre de l'association des riverains et en charge du dossier patrimonial. 

L’argument du coût des travaux

En déplaçant cette maison à colombage, affirment les opposants au projet, les travaux reviendraient à 650 000 euros. En la maintenant sur ses fondations, les coûts s’élèveraient à 250 000 euros. Reste un aspect non négligeable à considérer: Si le chantier était abandonné, en cas de victoire d'un des opposants au projet d'immeuble sur le Dinghof,  il devra envisager un dédommagement pour le promoteur immobilier. Ce qui pourrait coûter cher, à moins que des compensations avec d'autres chantiers prévus soient envisageables. 


Manipulation électoraliste? 

Cette question du chantier du Dinghof entre-elle dans une stratégie électoraliste, voire une "manipulation électoraliste" comme l'affirme le maire ? Dans tous les cas, le projet du Dinghof pourrait bien être l'arbre qui cache la forêt. A Schiltigheim, de très nombreux chantiers ont vu le jour ces dernières années ou sont en projet: l'ancienne coopérative des bouchers, le quartier Fischer, le centre sportif Nelson Mandela, la médiathèque Nord, les friches Istra, Weehr et Deetjen, entre autres. "Il y a encore peu, Schiltigheim était la deuxième ville la plus pauvre du département, nous ne pouvions pas rester comme ça, sans rien faire" se défend l'actuel maire.

Changer l’aspect d'une ville, sans brutaliser si les lieux ni les habitants, nécessite sans doute du temps. Pas forcément compatible avec des mandats politiques, qui eux, sont courts. Les électeurs qui sont appelés aux urnes dimanche, auront sans aucun doute le chantier du Dinghof à l'esprit. A quel point pèsera-t-il dans leur décision? 
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