Inquiets des restrictions budgétaires à venir, les élus de Schiltigheim ont décidé d'organiser une journée "ville morte" le 4 décembre. En fermant les services publics pendant une journée, la maire Danièle Dambach veut alerter les citoyens sur les conséquences de ces restrictions sur la qualité de vie des habitants.
Partout en France, les protestations d'élus contre la perspective d’une baisse des dotations de l’État aux communes se multiplient depuis quelques semaines. Dans les villages comme en ville, la colère gronde contre ces coups de rabots demandés aux collectivités dans leurs budgets pour éponger le déficit de la France.
Voisine de Strasbourg, la ville de Schiltigheim n'échappe pas aux menaces sur ses finances. Lors du dernier conseil municipal du 26 novembre, les élus ont voté à l’unanimité moins une abstention l'organisation d'une action "ville morte" pour expliquer aux habitants les conséquences de ce nouveau contexte budgétaire. Elle aura lieu mercredi 4 décembre.
Comme cela s'était passé au Congrès des maires de France il y a quelques jours pour signifier le deuil des services publics, Danièle Dambach et ses adjoints avaient décidé de porter, eux aussi, une écharpe noire en conseil municipal. Il s'agissait d'"afficher une position forte face au danger que représente le projet de loi de finances 2025", s'est justifiée la maire écologiste dans un message publié sur Facebook juste après les délibérations.
Les employés municipaux travailleront, mais sans contact avec les administrés
Cette journée "ville morte" se traduira par la fermeture de "tous les services municipaux, sauf urgences et police municipale", a précisé l'élue. Cela signifie que mercredi prochain, la mairie, les gymnases, la piscine, l'école des arts ou encore les accueils enfance et séniors ne seront pas accessibles au public.
Les employés municipaux travailleront dans les bureaux ou dans les ateliers, sans contact avec les administrés. L'idée étant "de montrer à quoi pourrait ressembler une ville privée de ses moyens d'action", explique Zoé Benali, la directrice de cabinet de la maire, jointe par téléphone.
650 000 euros en moins en 2025
Si les mesures d'économies sont confirmées, le budget de fonctionnement de Schiltigheim en 2025 s'élèvera à 39 millions d'euros. 21 millions pour les investissements. Cela représente "650 000 euros qui pourraient disparaître en 2025 et d'ici à 2027, ce déficit pourrait atteindre 3 millions d'euros par an", avertit Danièle Dambach qui se demande s'il faudra bientôt choisir entre le financement des activités périscolaires, des cantines ou celui de la police municipale. "650 000 euros, cela correspond à l'ensemble des charges de personnel de la police municipale", assure Zoé Benali.
En raison de ces incertitudes, le vote du budget 2025 de Schiltigheim, qui avait pourtant déjà été préparé, sera reporté. Initialement prévu le 17 décembre, il aura lieu le 1ᵉʳ avril 2025, le temps de procéder à un nouvel examen et à des arbitrages.
Une bâche et un piquet de grève
À Schiltigheim, les élus ont prévu d'échanger avec leurs administrés lors de cette journée "ville morte" du 4 décembre. Une grande bâche sera déployée sur la façade de la mairie et un piquet de grève installé devant les portes du bâtiment. La maire et ses adjoints seront présents avec du jus d'orange et du vin chaud pour faciliter les échanges avec le public.
Le 21 novembre, lors de la clôture du congrès des maires de France, Michel Barnier avait rappelé à son auditoire la situation plus que délicate des finances du pays qui comptabilise 3 228 milliards d’euros de dettes. Le Premier ministre voudrait réaliser 60 milliards d'euros d'économies pour redresser les finances publiques et ramener le déficit à 5% du PIB en 2025.
Dans un premier temps, la contribution demandée aux collectivités territoriales s'élevait à cinq milliards d'euros. Cette ambition a été revue à la baisse depuis : "Cela peut être un peu plus que deux milliards, mais non, ce ne sera pas cinq milliards", avait confirmé lundi 25 novembre le ministre du Budget et des Comptes publics, Laurent Saint-Martin. Sans doute encore trop pour les collectivités.