L'ordre du Mérite agricole a été décerné à la vigneronne Mélanie Pfister. Son domaine viticole se trouve à Dahlenheim (Bas-Rhin). Pour elle, il s'agit d'une belle reconnaissance.
Mélanie Pfister a été élevée au grade de chevalière de l'ordre du Mérite agricole. Pour cette vigneronne, qui incarne la huitième génération de la famille à s'occuper du domaine, il s'agit d'une belle reconnaissance.
En 2020, son domaine avait reçu une étoile au Guide des meilleurs vins de France. Une distinction qui, déjà, mettait à l'honneur son travail dans les vignes.
Le domaine Pfister se trouve à Dahlenheim (Bas-Rhin). Il s'agit d'un village agricole de 775 âmes situé dans les environs de Molsheim (Bas-Rhin, voir sur la carte ci-dessous).
L'ordre du Mérite agricole a donc été décerné à Mélanie Pfister au printemps 2021. Mais pour l'instant, "la médaille ne m'a pas encore été remise... J'ai bien eu un diplôme, envoyé par la Poste." Mais pas la médaille, ni cérémonie officielle. "La période covid a peut-être fait que toutes ces choses-là ont un peu changé de forme. J'ai juste eu un petit mail de la préfecture."
Créé en 1883, le "poireau" comme on l'appelle (à cause de la couleur verte du ruban de la médaille, qui est émaillée de blanc), récompense officiellement "les femmes et les hommes ayant rendu des services marquants à l'agriculture". C'est bien le cas pour Mélanie Pfister.
Une actrice du monde viticole
Cette distinction, "c'est une reconnaissance de ses pairs, donc c'est gratifiant. Ça valorise mon investissement pour la profession : je pense que c'est en partie lié à cela." Mélanie Pfister est membre de plusieurs associations, et notamment des Divines d'Alsace, qu'elle a fondé en 2011 et présidé durant six ans.
"Il s'agit d'une association de femmes de vin. Elle regroupe une soixantaine de femmes de la filière. La partie production avec des femmes vigneronnes, et femmes de vignerons aussi. La partie commerciale : des sommelières, des femmes qui travaillent dans le marketing du vin d'Alsace. Et des cavistes... Toute la filière est représentée pour diversifier nos compétences."
Reconnaissance d'un modèle de viticulture
Mélanie Pfister est engagée dans la production de vins biologiques. C'est ce qui lui a valu sa première étoile dans l'édition 2020 du Guide des meilleurs vins de France, qui voulait mettre à l'honneur ce type de vins. Pas sûr que ce soit l'une des raisons de l'obtention de cette distinction, mais "c'est une démarche pour laquelle on est beaucoup de vignerons en Alsace. Ils distinguent les gens qui font des efforts, et c'est très d'actualité."
Les vins Pfister, ce sont des "vins de sol calcaire, puisque ce sont les sols qui dominent dans nos parcelles. En rouge, il y a des pinots noirs structurés avec beaucoup de finesse, et des blancs surtout d'équilibre sec." Ils sont "purs, cristallins, avec très peu de souffre, qui ont connu des élevages longs et qui sont stables et évoluent très bien dans le temps". Des vins méritants, donc.
Médaille collective
"C'est une reconnaissance du travail des générations d'avant aussi. On ne monte pas un domaine comme ça sur une génération : c'est plus compliqué. J'ai cette chance de travailler sur de beaux acquis." Bien sûr, la vigneronne ne "court pas du tout après les distinctions. C'est quelque chose qui arrive de façon spontanée, donc c'est d'autant plus réjouissant."
Faire du vin, ça ne se fait pas tout seul. Évidemment, je le dois au départ à mes parents, et bien sûr à mes collaborateurs.
Et derrière Mélanie Pfister, c'est tout un milieu qui est consacré. "C'est évident que faire du vin, ça ne se fait pas tout seul. Évidemment, je le dois au départ à mes parents, qui m'ont transmis leur passion pour ce métier-là, et qui m'accompagnent toujours aujourd'hui. Et bien sûr mes collaborateurs, qui se donnent à fond dans leur métier et sont passionnés par ça. Ils adorent travailler dans les vignes, et ça leur a fait très plaisir quand je leur ai dit qu'on avait reçu cette distinction."
La remise de l'ordre du Mérite s'est (à ce jour) faite sans fanfare. Néanmoins les félicitations sont venues de "quelques collègues qui avaient appris la nouvelle, de vendangeurs très très contents, et du monde politique".
Saison compliquée, mais avenir prometteur
Avec l'enchaînement de pluies tombées sur la région, le monde viticole fait grise mine. Surtout avec le mildiou qui explose un peu partout. "J'ai rarement vu autant de pluie sur une saison végétative que cette année. Ce qui, en agriculture biologique, est compliqué parce que les fenêtres de traitement étaient hyper serrées, et qu'il a plu tout le temps..."
Mais Mélanie Pfister est philosophe. "C'est des années comme ça qui sont des années de challenge, et ça fait partie intégrante du métier. On sait qu'on travaille avec la nature. C'est souvent elle qui a le dernier mot. Et cette année, elle nous a donné du fil à retordre. Mon père, la première année où il a repris le domaine, il a été grêlé à 90%. Forcément, quand on démarre dans ces conditions-là, c'est très compliqué. Mais ça fait prendre conscience qu'on ne peut pas tout maîtriser." Et peut vanter la résilience de son domaine familial, qui a la chance d'avoir "plus d'assise".
Les nuages gris ne semblent pas obscurcir ce qu'il y a à venir. "Ça n'engage en rien la qualité du millésime, c'est plus les volumes qui seront impactés. Si l'arrière-saison est belle, on aura une très belle récole qualitativement." Et l'avenir, "collectif", augure de bonnes choses pour les vins d'Alsace. "Leur reconnaissance évolue positivement : c'est hyper motivant, on sent qu'il y a de l'intérêt. La jeune génération, les jeunes sommeliers font un peu plus de focus sur les vins d'Alsace, et pour la filière, j'entrevois ça de manière plutôt positive." L'optimisme est donc de mise pour la suite.