Un "big bang" de la consigne : c'est la promesse de la secrétaire d'Etat à la Transition écologique Brune Poirson qui a installé mercredi 19 juin, à Strasbourg, un comité de pilotage visant à améliorer la collecte des emballages plastiques, des canettes...et "des bouteilles en verre éventuellement".
La secrétaire d’Etat à la transition écologique Brune Poirson a lancé ce mercredi 19 juin, depuis l’Alsace, la première réunion du comité de pilotage chargé de trouver des solutions concrètes pour améliorer la collecte des emballages usagés et des bouteilles vides en France. "Si nous voulons (...) que certaines ordures ménagères (...) ne se retrouvent plus dans la nature, (...) nous devons (donner aux) Français les moyens de (les) déposer au bon endroit", a-t-elle déclaré, avant d’ajouter, "C'est un peu un Big bang dans la poubelle des Français".
Elle existe en Allemagne et sera prochainement installée en France !@brunepoirson lance ce mercredi le comité de pilotage chargé de la mise en œuvre de la #consigne.
— Ministère Écologie ? (@Min_Ecologie) 19 juin 2019
➡ Mais au fait, comment ça marche ? pic.twitter.com/8Kuk1jZHM1
Une annonce plus choc que chic, prononcée dans une région érigée en exemple dans le domaine de la consigne. L’association Zéro déchet Strasbourg, qui a pris part à la table du comité aux côtés d'élus, d'industriels et de citoyens, tente notamment de remettre au goût du jour la consigne du verre. Une vieille tradition abandonnée un peu partout dans les années 80 face à l'augmentation des emballages à usage unique.
"C’est la pratique la plus vertueuse environnementalement parlant" affirme Simon Baumert, cofondateur de l’association. "La consigne du verre réutilisé consomme 79% de gaz à effet de serre en moins que le verre recyclé."
De bons résultats qui ont poussé plusieurs industriels locaux, Carola, Météor et Lisbeth à créer, avec Zéro déchet Strasbourg, en avril dernier, "Réseau Alsace consigne". L’objectif est de rendre la consigne plus visible, et de mieux la valoriser. Car même si elle est toujours d’actualité en Alsace, elle a connu des jours meilleurs. Par exemple, en trente ans, les volumes de vente de bouteilles consignées, chez Meteor, ont été divisés par trois. Malgré cette diminution, au moins 25 millions de bouteilles en verre sont encore consignées chaque année dans la région.
Cependant, rien à voir avec le retour à la consigne promu par le gouvernement dans sa "feuille de route économie circulaire" présentée fin avril 2018. Le ministère de la Transition écologique disait alors vouloir développer la "consigne solidaire du plastique". Une matière première, à nouveau mise en avant ce mercredi par Brune Poirson, évoquant "un système de consigne" pour "collecter les emballages plastiques, les bouteilles en plastique, les canettes" et "les bouteilles en verre éventuellement".
On ne veut pas que ce soit oublié
- Simon Baumert, co-fondateur de Zéro déchet Strasbourg -
Le verre est-il relégué au second plan ? C’est ce que craint Simon Baumert. "C’est compliqué de deviner les priorités gouvernementales, mais on a parfois l’impression que le verre est laissé de côté. On ne veut pas que ce soit oublié" argue le Strasbourgeois, pour qui le verre réutilisé est écologique, bon pour l’emploi "puisque cela nécessite des étapes intermédiaires, notamment du nettoyage" et économique. "Les produits en version consignée sont vendus moins cher que les produits similaires en plastique, c’est une réalité".
Concrètement, les clients achètent leurs bouteilles vingt centimes plus cher, ce qui correspond au prix de l’emballage. Un surcoût qui leur est rendu au moment de la restitution des bouteilles en supermarché, sous forme de bon d’achat.
L’Allemagne, un modèle en la matière
"La brasserie Météor enregistre 97% de taux de restitution, ça marche" s’enthousiasme encore Simon Baumert qui voudrait que la France prenne exemple sur l’Allemagne, dans lequel le système de la consigne est généralisé. Le pays atteint un taux de collecte qui avoisine les 90%. 42% des emballages proposés sont en verre consigné. D’ailleurs, avant l'installation du comité, Mme Poirson a visité un supermarché à Kehl, située sur l'autre rive du Rhin. Les clients peuvent y déposer leurs bouteilles dans une machine et obtenir en retour un bon utilisable en caisse.Un modèle qui explique en partie l’engagement alsacien en la matière. Le représentant de Zéro déchet Strasbourg rappelle aussi que les consommateurs sont particulièrement attachés à leurs marques locales. "Si celles-ci favorisent le verre recyclé, ils auront tendance à suivre". Pour autant, l’engouement pour le plastique serait encore loin de disparaître. C’est ce qui expliquerait en partie, selon lui, la frilosité du gouvernement concernant le développement du verre réutilisé. "C’est certainement une façon de ne pas bousculer les pratiques des consommateurs" avance-t-il.
De son côté, l'association strasbourgeoise, est, elle, bien décidée à bousculer les pratiques. Elle devrait prochainement lancer une carte interactive répertoriant les points de collecte régionaux et travailler avec des magasins "pilotes" vertueux.
Au total, en France, 70% des emballages ont été recyclés en 2018, contre 68% l'année précédente, selon Citeo, l'organisme chargé de la gestion des déchets ménagers. Le taux de recyclage a atteint 86,5% pour le verre, 26,5% pour le plastique et 44% pour l'aluminium.