Une jeune femme souffrant d'un cancer recto vaginal risquait de ne plus pouvoir enfanter. Lors de deux opérations réalisées à Strasbourg, son appareil reproductif a été déplacé le temps des traitements puis remis en place. Une prouesse chirurgicale, mais aussi une première mondiale.
Une jeune femme de 24 ans est atteinte d'un cancer rare et agressif qui aurait pu la priver de sa fertilité. Elle a été opérée avec succès pour la deuxième fois mardi 3 décembre au CHU de Hautepierre à Strasbourg. L'enjeu était de taille : venir à bout de ce cancer sans mettre en danger l’utérus et ses ovaires. Et faire en sorte que cette patiente puisse conserver sa possibilité de procréer. La démarche médicale est une première mondiale.
"La patiente est jeune, elle veut des enfants, le cancer lui tombe dessus. À mon sens, cela ne doit pas être une double peine", assure Cherif Akladios, chef du pôle de gynécologie, obstétrique et fertilité des Hôpitaux Universitaires de Strasbourg. Ce médecin qui déclare vouloir "se battre pour les patientes" a donc envisagé une méthode inédite pour soigner le cancer de cette jeune femme.
Protéger l'utérus de la radiothérapie
Avec son équipe, le professeur Akladios a imaginé, pour extraire la tumeur du corps de sa patiente sans léser son utérus, de remonter l'organe au niveau de son nombril. Il sera ainsi protégé de la radiothérapie à venir. Lors d'une première intervention chirurgicale réussie, l'utérus a donc été rattaché au nombril par son col.
Huit mois plus tard, la patiente a terminé ses traitements et ses médecins ont pu constater qu'elle était en phase de rémission de son cancer. Le moment était donc venu de raccorder son utérus à son vagin. Cette seconde opération, délicate, a eu lieu mardi 3 décembre, toujours dirigée par le professeur Akladios. Elle a duré quatre heures et s'est bien passée.
Attendre une rémission complète
La jeune patiente a pu quitter l'hôpital et pourra envisager une grossesse dans les prochaines années. "Le problème essentiel (reste) la rémission du cancer, prévient toutefois le médecin, il faut attendre au moins un, voire deux ans avant de dire qu'elle est en rémission complète et qu'elle sera capable de tomber enceinte".
Cette prouesse de l’équipe strasbourgeoise fera l’objet de publications dans les plus grandes revues médicales. Elle fera également évoluer la manière de lutter contre le cancer de la femme en désir d’enfant.