Le 1er août, un camp de sans-abri avait été évacué à la Meinau (Strasbourg). Alors que 150 personnes ont dû être relogées, leur prise en charge est bien différente selon les situations, regrette une association de terrain.
Des familles avec ou sans papier, des femmes seules ou encore des hommes isolés... Près de 150 personnes ont dû être relogées après le démantèlement de leur camp de fortune jeudi 1er août. Située au square Krimmeri, en face du Stade de la Meinau, l'évacuation s'était bien passée, mais le relogement ne s'est pas déroulé aussi bien pour tout le monde.
"On a identifié trois situations, détaille Sabine Carriou, présidente de l’association Les Petites Roues. La première concerne les familles avec des papiers en règle, qui se sont vues attribuer soit directement des logements, soit des places d’hébergement d’urgence pour pouvoir ensuite accéder à des logements pérennes."
Cette solution, jugée "satisfaisante" pour l'association, est toute autre pour les familles non régularisées. "Elles ont été envoyées au centre d’aide pour le retour (CAPR) de Bouxwiller : ce n'est pas un centre de rétention, mais ce n'est pas pour autant un centre d'hébergement", regrette la présidente, qui précise que beaucoup de familles, craignant d'être expulsées, ne vont pas dans ces centres et retournent à la rue.
Deux Afghanes en situation régulière remises à la rue
La troisième situation est celle qui agace le plus le monde associatif, "et qui se reproduit à chaque démantèlement". "Pour le cas des personnes isolées, elles intègrent un parcours de rotation, alternant entre hébergement d'urgence et remise à la rue", détaille Sabine Carriou.
Comme il n'y a pas suffisamment de places d'urgences, les sans-abri alternent, et se retrouvent parfois un mois dehors avant de pouvoir retourner quelques jours en hébergement d'urgence. "C'est ce qui est arrivé à deux Afghanes, évacuées du camp début août, relate la bénévole. Alors que depuis une semaine elles étaient au centre d’hébergement d’urgence Château d’eau, jeudi 8 août on les a remises à la rue."
Choquées, les deux femmes dont les papiers sont en règle ont appelé l'association Les petites roues, qui leur a payé une nuit d'hôtel. "On va repayer pour vendredi soir, mais après elles devront appeler le 115... Du jour au lendemain elles se retrouvent à la rue car elles ne sont pas mariées ou n'ont pas d'enfants : comment cela se fait qu’il y ait un traitement différent entre famille et femme seule ?"
Du jour au lendemain, elles se retrouvent à la rue car elles ne sont pas mariées ou n'ont pas d’enfants
Sabine Carriou, présidente de l'association Les petites roues
En charge des mesures de relogements, la préfecture n'a pour l'heure pas répondu à nos sollicitations. De son côté, la Ville de Strasbourg se targue notamment d'avoir financé "une équipe mobile portée par l’association Entraide le Relais, avec pour mission d’évaluer les situations et de formuler des demandes d’hébergement auprès des services compétents." "Mais comme l’hébergement dépend de la préfecture, cela ne permet pas d’accélérer l’accès à un hébergement", constate la présidente associative.
Un nouveau campement à la Montagne Verte
Consciente du manque de logements, la direction de la solidarité de la municipalité réclame notamment "la réunion d’un comité stratégique partenarial réunissant l’État, les collectivités, les associations du secteur et les représentants des personnes pour construire des solutions pérennes."
En attendant, un nouveau campement est en train de se former à la Montagne Verte. "Une quinzaine de tentes ont déjà pris place avec notamment des familles qui avaient été placées au CAPR", se désole Sabine Çarriou. Un problème sans fin...