Maurice Rosart a encore espoir que le rayon vert de la cathédrale de Strasbourg, disparu depuis sa restauration au printemps dernier, réapparaisse pour le 23 septembre. Mais les services de l'État restent pour le moment sourds à ses complaintes.
L'équinoxe d'automne, jour où se produisait auparavant le phénomène optique si particulier du rayon vert dans la cathédrale de Strasbourg, arrive bientôt. Mais vendredi 23 septembre, il ne sera a priori pas possible d'apercevoir cette lumière quasi-mystique frappant le Christ de pierre. En effet, depuis la restauration du vitrail en question représentant le pied de Juda, cet évènement qui attirait deux fois par an des centaines de curieux venus parfois de loin, ne se produit plus. C'est lors de la dernière équinoxe de printemps, le 16 mars 2022, que les Strasbourgeois s'en étaient aperçus.
Maurice Rosart, l'ingénieur-géomètre qui avait découvert en 1972 le rayon vert, a tout de même l'espoir de pouvoir l'admirer à nouveau un jour. D'autant que cette année, il s'agit des 50 ans de sa découverte. "Une demande pour rétablir le rayon vert a été envoyée à la DRAC et à la préfecture, qui n'ont pas réagi, déplore-t-il. Le 19 septembre, ça fera deux mois que je les ai relancé. En droit administratif, deux mois sans réponse équivalent à un refus. A ce moment-là, la question se posera de saisir le tribunal administratif."
Une action en justice envisagée
Mais pour voir réapparaître ce phénomène, au-delà de la nécessaire présence d'un rayon de soleil, il faudrait enlever la patine appliquée sur le verre pour le restaurer, qui est, avait assuré la préfecture en mars, réversible. Maurice Rosart parie sur "l'intelligence de l'administration" pour un retour du fameux rayon le 23 septembre, bien que dans un délai aussi serré, recevoir une réponse positive et entreprendre le retrait de cet enduit semble improbable voire impossible.
"Il faut bien se rendre compte que ce phénomène est extraordinaire, scientifique, précis, spectaculaire, beau, et qu'il a un intérêt pour les gens, ajoute son découvreur. Ce serait un scandale de laisser passer ça, de le supprimer sans concertation, sans réflexion. Il faut être complètement fou."
Selon l'avocat Me Julien Laurent, qui s'est associé à Maurice Rosart pour défendre ce patrimoine strasbourgeois, ce dernier possède une autorité morale en tant que découvreur du rayon vert. "Nous avons écrit à plusieurs autorités, dont la mairie qui a indiqué que ce n'était pas dans ses compétences d'agir là-dessus. Ce qui est surprenant, parce qu'elle aurait pu faire pression en tant qu'administratrice de la Fondation de l'oeuvre Notre Dame, qui s'occupe de la restauration de la cathédrale. On a l'impression de prêcher dans le désert. Pourtant, le rayon vert contribue à la notoriété de Strasbourg à travers le monde."
C'est un phénomène extraordinaire. La question, c'est pourquoi il a été supprimé. On connaît son origine scientifique, ce n'est pas un hasard. Il devrait être protégé au même titre que le monument historique.
Me Julien Laurent, avocat en droit immobilier
Car il ne s'agit pas d'un phénomène hasardeux, selon l'ingénieur de Vendenheim, mais bien scientifique, qui aurait été voulu par l'architecte Gustave Klotz, responsable des vitraux au XIXe siècle lors de leur restauration. "C'est un phénomène extraordinaire, abonde Me Laurent. La question, c'est pourquoi il a été supprimé, se demande l'avocat en droit immobilier. On connaît son origine scientifique, ce n'est pas un hasard. Il devrait être protégé au même titre que le monument historique."
Ses défenseurs craignent que la DRAC et la préfecture continuent d'ignorer leur demande tant que les Strasbourgeois ne se saisissent pas de la question. Pour rappel, une pétition avait recueilli 3 245 signatures pour le retour du rayon vert.
Contactée, la Direction régionale des affaires culturelles indique qu'un communiqué conjoint avec la préfecture devrait être émis sur la question la semaine prochaine.