Ce qu'il faut savoir sur les places de stationnement violettes mises en place ce lundi à Strasbourg

La première phase de l'expérimentation des places violettes débute ce lundi avec un temps dit de "pédagogie". Un premier bilan sera fait en 2024 afin d'amender et de pérenniser le système, tandis qu'une partie des commerçants reste vent debout contre la politique de stationnement.

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Les plus observateurs l'auront déjà remarqué ces derniers jours : les places violettes se matérialisent une à une dans les rues du centre-ville de Strasbourg. Des lignes de couleur violette sont tracées autour des parkings originels pour signifier au conducteur leur nature particulière. Elles coûtent un euro pour une heure avec possibilité de rester maximum 1h30 en payant plus cher et sont censées compenser en partie la hausse générale des prix de stationnement engagée depuis avril dernier.

L'objectif affiché est de favoriser la rotation des voitures et de permettre à la clientèle des commerces du centre-ville de se garer "plus facilement", selon la mairie. Mais la mesure est avant tout intervenue en pleine contestation du monde économique strasbourgeois, notamment après une lettre ouverte publiée par la CCI et la chambre des métiers pointant du doigt les conséquences de la tarification du stationnement sur l'activité économique locale. 

Ces places violettes vont-elles vraiment permettre de faire passer la pilule de la hausse des tarifs de stationnement ? Quoi qu'il en soit, les prochains mois pourraient être décisifs dans le processus d'acceptation - ou non - de ce train de mesures présenté par la majorité municipale comme allant "dans le sens de l'histoire".

Une phase de "pédagogie" pour commencer

Les places violettes sont donc visibles dès ce lundi 14 août, sauf celles du Boulevard de Lyon dont la mise en place a été "retardée par les travaux sur la ligne de bus". Elles ne seront cependant pas encore réellement effectives. "Il s'agira d'abord de faire de la pédagogie, avance Pierre Ozenne, adjoint en maire en charge de la voirie. On sera dans l'explication, notamment vis-à-vis des résidents qui ont pris l'habitude, parfois depuis plusieurs années, de garer leur véhicule sur ces zones. Or, ce ne sera plus possible sur les plages de 9 à 19 heures dans quelques jours." Une fois cette phase pédagogie terminée, les contrôles ordinaires se feront dès le 1er septembre.

Pourquoi avoir choisi le cœur de l'été pour le lancement du dispositif ? Est-ce pour éviter toute bronca, comme celle entrevue à partir du printemps dernier ? "À la rentrée tout va se bousculer, ça n'aurait pas été adéquat pour une phase de pédagogie, estime Pierre Ozenne. Et dès l'automne on sera dans la préparation pour le marché de Noël. L'idéal était vraiment de commencer à la mi-août, d'autant qu'il s'agit d'une demande des Vitrines de Strasbourg d'accélérer les choses pour les places violettes."

Des places réparties sur les secteurs "en tension"

Ces places à un euro l'heure seront disséminées dans quinze "poches" ou secteurs de la ville. Une poche (par exemple la Grande Île, ou le quartier Gare, ou l'avenue des Vosges) comprend 7 à 30 emplacements. Ceux-ci seront signalés par une ligne violette donc, mais aussi par des horodateurs violets et des panneaux "très visibles" selon l'adjoint au maire.

Plus précisément, les principaux axes qui disposeront de places violettes sont la rue de la Division-Leclerc, la partie automobile de la rue du 22-Novembre ou encore l'avenue des Vosges. "Nous avons ciblé les secteurs en tension où il y a à la fois une part importante de commerces et un nombre conséquent de voitures garées sur un temps très long, souvent des résidents qui pourraient tout aussi bien aller ranger leurs voitures dans des parkings en ouvrage", explique Pierre Ozenne. 225 places sont prévues au total.

Ces 15 poches devraient s'étendre aux quartiers du Neudorf et du Conseil des XV à partir de janvier 2024.

Les restaurateurs lésés ?

S'il est clair que le public cible de ces places violettes est celui des conducteurs se rendant en ville pour une course rapide chez un commerçant du centre, certaines professions, notamment les restaurateurs, s'estiment "lésés" par le dispositif. L'UMIH (Union des métiers et des industries de l'hôtellerie) maintient ainsi sa demande d'un tarif réduit pour le stationnement entre 12h et 14h "pour que les clients puissent venir sans que le parking ne leur coûte le prix d'un plat du jour". 

Pierre Ozenne reconnaît que les places violettes ne sont "pas faites pour les restaurateurs". "Mais en réalité il y a très peu de clients qui viennent stationner en centre-ville pour déjeuner. Les études montrent que les secteurs en tension se trouvent plutôt autour des magasins, par exemple vers la place des Halles. Dans le même temps les parkings couverts sont remplis à 20% seulement, d'où notre décision d'inciter les gens à aller se garer en ouvrage." Il assure par ailleurs que "le dialogue n'a jamais été interrompu avec les commerçants et les restaurateurs". 

L'opposition politique, des Républicains aux socialistes, s'était par ailleurs montrée particulièrement véhémente au printemps dernier puis après l'annonce des places violettes, fustigeant "une guerre faite à l'emploi" à Strasbourg. "Les quelques places violettes ne répondent pas aux préoccupations bien réelles (des usagers)", avait par exemple souligné Jean-Philippe Vetter au conseil municipal du 26 juin dernier. Deux recours avaient été faits devant le tribunal administratif au sujet de la politique du stationnement de la Ville. "Nous avons répondu à l'une et l'autre est en cours de préparation", informe Pierre Ozenne, tout en estimant qu'il s'agit de "politique politicienne".

Le prochain dossier important en matière de politique de stationnement sera le "forfait professionnel mobile" et il sera "présenté aux acteurs du monde économique dès le mois de septembre", selon Pierre Ozenne.

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