"Certains enfants sont fatigués, ils ont froid", des enseignants se mobilisent pour des mineurs scolarisés qui dorment dans la rue à Strasbourg

Ils étaient une quinzaine d'enseignants du collège strasbourgeois Lezay Marnésia à manifester, mercredi 16 octobre devant le siège de la Collectivité européenne d'Alsace pour demander le relogement de plusieurs de leurs élèves qui dorment actuellement sous tente. Deux d'entre eux ont été reçus sans obtenir pour autant de résultats.

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C'est un cri du cœur plus qu'un simple courrier qu'ont envoyé ces deux enseignantes du collège Lezay Marnésia à la CEA, Collectivité européenne d'Alsace.

Géraldine Dalla-Gasperina et Céline Balasse, émues du sort réservé à trois de leurs élèves, ont alerté cette dernière sur les conditions de vie de ces enfants, scolarisés, et qui dorment sous tente. Dans le campement de fortune de Krimmeri, situé près du stade de la Meinau à Strasbourg (Bas-Rhin). Elles précisent dans ce courrier la possibilité pour leurs élèves d'être relogés dans les logements vacants des collèges, 162 en Alsace, qui "peuvent être accessibles aux personnes dans le besoin." Depuis la rédaction de ce courrier, la liste des élèves s'est allongée.

Ces familles-là sont demandeuses d'asile et doivent être relogées

Géraldine Dalla-Gasperina, enseignante

"En tout, j'ai quatre familles, plus de dix enfants, qui dorment depuis des semaines dans des camps sous tente, je m'en suis aperçue au moment de l'inscription en leur demandant une adresse. Ces familles-là sont demandeuses d'asile et doivent être relogées. Les enfants sont fatigués, ont mauvaise mine, ont vite froid. Quand on voit qu'il pleut des trombes et qu'ils doivent rentrer, on ne dort pas bien parce qu'on sait qu'ils dorment dehors, ça pèse sur le quotidien, c'est urgent qu'on trouve des solutions" explique Géraldine Dalla-Gasperina.

150 enfants dormiraient dans la rue à Strasbourg

Sa collègue, Céline Balasse a été reçue ce mercredi après-midi à la CEA, soutenue par des collègues qui ont planté les banderoles dehors. Elle ressort très déçue de cet entretien qui s'est avéré stérile. "On nous a dit que ce n'était pas possible de reloger ces familles dans les logements vacants qui seront utilisés pour autre chose. On nous a dit aussi que le droit à l'hébergement d'urgence est un droit inconditionnel et que cette famille doit donc être relogée, que c'est de la compétence de l'État." "Ce n'est pas gagné encore, on va continuer avec tous les interlocuteurs qu'il faudra, pour que ces enfants soient mis à l'abri. On leur apprend en classe que la France est une république sociale, ils sortent des cours et ils vont dormir sous la tente. Ce n'est pas possible de faire des cours dans ces conditions".

Ils ne sont pas mineurs non accompagnés et relèvent donc de l'hébergement d'urgence

Philippe Meyer, en charge du collège à la CEA

Philippe Meyer, en charge du collège à la CEA, confirme son incapacité à régler ce problème.  "Effectivement, nous avons 700 logements de fonction en Alsace dont certains sont vacants, en travaux, d'autres en attente de personnel de l'éducation nationale ou de la CEA. C'est leur rôle. Mais oui, nous avons aussi cette mission d'accueil des mineurs non accompagnés. En Alsace, on en a près de mille, dix fois plus qu'il y a quelques mois. Notre priorité, c'est de mobiliser les bailleurs sociaux pour mettre des logements à disposition de ces jeunes et de les accueillir dans nos logements vacants, oui. Là, ils ne sont pas mineurs non accompagnés, mais avec leur famille, et relèvent donc de l'hébergement d'urgence. Ce n'est donc pas de notre ressort. Nous avons alerté la préfecture sur cette situation anormale. La famille est une responsabilité de l'État comme la politique migratoire." 

Selon les associations, près de 150 enfants dormiraient à la rue à Strasbourg. Parmi eux, Vktongi, 12 ans, élève en 5ᵉ au collège Kléber, que notre équipe a rencontré au camp de Krimmeri. Le jeune Géorgien dort avec ses parents sous tente depuis deux mois.

"Ça fait deux mois que je suis là, je n'ai pas de bonnes notes parce que je ne peux pas bien travailler sous la tente, avec toute ma famille. Ma petite sœur est aussi au collège, on est plusieurs comme ça sur le camp. Mes profs ont essayé de m'aider, ils m'apportent parfois de quoi manger, mais ça ne suffit pas." Les enseignants du collège ne comptent pas en rester là et envisagent d’autres actions pour aider leurs élèves.  

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