Confinement - Concours des musées de Strasbourg : devenez vous-même une oeuvre d'art

Les musées sont fermés à cause du confinement. Qu'à cela ne tienne. Invitez l'une de leurs œuvres chez vous… ou, plutôt, incarnez-la, reproduisez-la de manière décalée, amusez-vous. C'est le concours auquel les musées de France – dont ceux de Strasbourg – vous convient.   
 

Les salles des musées, comme tous les lieux artistiques, sont actuellement interdites aux visiteurs. Loin des yeux, mais heureusement pas loin du cœur. Bien au contraire. Car un concours national, #artenquarantaine, auquel participent les musées de Strasbourg, propose de faire entrer l'art chez vous.  

Alors attention, pas de fausse interprétation : on ne vous prête pas un Rubens ou un Picasso à accrocher dans votre salon. Non, c'est plus simple, et bien mieux que ça. On vous suggère de représenter une oeuvre, la réinterpréter, la transposer dans votre quotidien, la modeler selon votre propre grille de lecture. En quelque sorte, de devenir vous-même l'œuvre d'art. Mais surtout, surtout, de vous amuser sans prise de tête. Ça vous tente ?
 


Ce concours s'inspire largement du défi mondial #tussenkunstenquarantaine, lancé le 16 mars par trois jeunes femmes d'Amsterdam. Elles proposaient de choisir une œuvre d'art et de la reproduire de manière personnelle, sans logiciel de retouche, puis de poster le résultat photographié sur les réseaux sociaux.

La mayonnaise a tellement bien pris qu'elle a rapidement inspiré le club Innovation et culture clic France, suivi par des journaux d'art ainsi que plus de 65 musées représentant une bonne trentaine de collectivités françaises (d'Aix à Villeneuve d'Ascq, en passant par Nouméa et, bien sûr, Strasbourg). Ils ont réitéré et "officialisé" cette aventure à l'échelle hexagonale sous forme d'un véritable concours, ouvert jusqu'au 25 mai, et dont les meilleures contributions seront récompensées.   
 
 

Inspiration locale ou nationale ?  

Deux conditions pour participer : 1. vivre en France et 2. choisir une œuvre présente dans un musée de France. Ainsi, quoique Alsaciens, vous êtes bien sûr autorisés à  jeter votre dévolu sur un tableau conservé en Bretagne, dans le Midi ou à Paris. Mais vous avez aussi le droit d'être un peu chauvins. Ainsi, si votre cœur penche davantage pour la statue du Tentateur de la cathédrale de Strasbourg (l'original est conservé au musée de l'œuvre Notre Dame), ou le portrait de Richelieu du musée des Beaux-Arts, surtout pas d'hésitation.
 

Paul Lang, directeur des musées de Strasbourg, espère bien que le "public strasbourgeois soit davantage tenté de se souvenir d'une œuvre qu'il a pu voir pour de vrai" dans l'un des musées de la ville. En effet, ceux-ci regorgent de trésors. Et si votre mémoire vous fait défaut, ou que vous vous sentez en mal d'inspiration, leur site (ainsi que le site national d'images d'art) peuvent vous rafraîchir les idées. D'ailleurs, pour Paul Lang,  "ce sera intéressant de voir dans quelle mesure le déclenchement (du choix) sera confronté au souvenir" de l'œuvre vue en vrai, et pas seulement en photo dans un livre ou sur le web.  


Mercure, madone ou morse ? peu importe

Votre choix établi, vous pouvez passer aux choses sérieuses. Mais sans faire du (trop) sérieux, ni de la copie conforme. Libre à chacun de réactualiser et recréer selon sa propre vision et son humour. L'essentiel est de s'approprier l'oeuvre. De la revisiter, la traduire en quelque chose d'amusant, de beau, de joyeux, de loufoque, de foutraque… c'est selon.   

Ce qui me fait plaisir, c'est que personne ne se prend au sérieux. Les œuvres dont on s'inspire sont prises au sérieux, mais pas leurs interprètes.
- Paul Lang, directeur des musées de Strasbourg

Et nul besoin de vous limiter aux toiles peintes. Les musées de Strasbourg regorgent de mille autres richesses qui peuvent s'avérer inspirantes : stèles romaines du musée d'archéologie, vitraux du musée de l'œuvre Notre Dame, dessins du musée Tomi Ungerer ou animaux naturalisés du musée zoologique. Que vous vous sentiez l'âme d'un Mercure, d'un géant, d'un ange ou d'un morse, toutes les envies et toutes les fantaisies sont permises.
 


La tradition des tableaux vivants

Le succès rencontré dès la mi-mars par ces projets de réappropriation d'œuvres d'art pourrait correspondre, selon Paul Lang, "à quelque chose d'inconscient" : la réminiscence de "la  tradition des tableaux vivants" pratiquée dès... la Renaissance. En effet, nous, confinés du XXIe siècle, ne sommes pas les premiers à avoir eu l'idée de réinterpréter des oeuvres à notre sauce. A la cour pontificale de Jules II (pape de 1503 à 1513), "on s'amusait déjà à imiter des tableaux du peintre Raphaël" nous rappelle Paul Lang.   

A la Renaissance, des jeux consistaient à mimer des œuvres peintes.
- Paul Lang, directeur des musées de Strasbourg

Un peu plus tard, à la fin du XVIIIe siècle, Lady Hamilton, l'épouse de l'ambassadeur britannique à Naples, donnait des soirées où elle reproduisait sous forme de tableaux vivants des peintures réalisées pour la cour de Naples. "C'était l'une de ses spécialités, qu'elle appelait 'attitudes' " précise Paul Lang.  

Et dans la même veine, l'an dernier, en mars 2019, le trio Alain Fontanel (adjoint au maire de Strasbourg), Roger Siffer et Jean-Pierre Schlagg (cabarettistes) participait déjà au concours avant l'heure et sans le savoir : pour rendre hommage à Tomi Ungerer, décédé le 9 février 2019, ils ont personnifié ses Trois brigands lors d'une déambulation  dans les rues de Strasbourg.  
  

L'humour sauve de la crise

Pour servir de figurants ou d'éléments ornementaux, il n'y a aucune contre-indication à faire collaborer votre labrador, votre hamster ou votre éléphant en peluche, sous réserve d'obtenir leur accord. Seule contrainte (évidente) : vous contenter des accessoires que vous avez sous la main pour fabriquer décors et costumes. Car comme chacun sait, s'approvisionner dans les magasins de bricolage est un tantinet compliqué à l'heure actuelle. Mais ce sont justement ces solutions marabout-bout d'ficelle qui démontrent l'étendue de votre créativité.
 

 

Et derrière l'humour se cache bien autre chose. Car ce concours correspond à une "volonté d'abolir la frontière entre l'art et la vie", démarche bien plus sérieuse qu'il n'y paraît. "Il sollicite l'imagination et la créativité, ce qui est particulièrement bienvenu en ces temps de confinement" estime Paul Lang.

En période de crise, l'art permet de se reconstruire. 
- Paul Lang, directeur des musées de Strasbourg

Véritable jeu thérapeutique, ce concours offre une activité ludique, certes. Mais au-delà, il permet de se sentir créatif… et vivant. "En période de crise, l'art permet de se reconstruire" rappelle le directeur des musées de Strasbourg.

Et après... on retourne au musée ?

Pour l'instant, impossible de savoir quelles œuvres des musées strasbourgeois les participants choisissent. En effet, les photos des réalisations ne sont pas collectées au niveau régional. Et même si les musées de Strasbourg "suivent l'affaire", il est encore bien trop tôt pour en tirer le moindre bilan.
 
 
A l'issue du concours, le 25 mai, Paul Lang pense que "ce sera une vraie surprise de voir les œuvres utilisées" : celles qui auront interpellé les participants par coup de cœur, ou simplement parce qu'elles sont plus faciles à reproduire. Mais par la suite, le service éducatif et culturel des musées de Strasbourg va certainement exploiter ces résultats, car il serait dommage de "laisser retomber cette dynamique une fois la page du coronavirus tournée." Il pourrait même, pourquoi pas, proposer une exposition avec toutes les oeuvres retenues et interprétées par les concurrents. 

Mais Paul Lang l'avoue, l'un des buts du concours est aussi qu'après la crise, "les personnes retournent au musée pour revoir les œuvres originales." D'ailleurs, les principales récompenses du concours vont dans ce sens : à côté des catalogues d'expositions, coffrets DVD et autres, les vainqueurs pourront gagner des visites VIP ou des abonnements d'entrées annuels pour les familles.
 

Comment jouer ?

Publier la photo de la réinterprétation, associée à l’image de l’oeuvre originale, sur le compte Facebook (accès public) ou Instagram du participant avec trois mentions obligatoires: . #tussenkunstenquarantaine, #artenquarantaine (en incluant cet #, vous autorisez la publication de votre photo sur les réseaux sociaux et les supports écrits des partenaires musées et médias) et le @ ou # du musée où l'oeuvre est conservée.
 

Le concours est ouvert jusqu'au 25 mai 2020. Les photos des réinterprétations déjà publiées avant le 23 avril, date de démarrage du concours, peuvent être republiées sur le compte Facebook ou Instagram du participant avec les 3 tags mentionnés ci-dessus. On peut aussi les envoyer par mail à challenge@club-innovation-culture.fr.

Les meilleures créations seront récompensées fin juin 2020 par un prix du public (vote sur un site dédié) et /ou un prix du jury, attentif aux critères de  pertinence, d’originalité, d’esthétique et d’humour.
 
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