Le président de le Collectivité européenne d'Alsace a décidé de sortir le grand jeu. A grand renfort d'encarts publicitaires dans la presse nationale, Frédéric Bierry veut que la France entière ait vent de la consultation citoyenne sur la sortie de la CEA du Grand Est
Difficile de passer à côté. Des pleines pages dans Le Monde ou Le Figaro, avec en gros "L'Alsace doit-elle sortir du Grand Est pour redevenir une région à part entière?". Voilà qui donne le ton ou plutôt lance l'offensive. Frédéric Bierry, qui a lancé le 21 décembre dernier une consultation citoyenne sur la sortie de la Collectivité européenne d'Alsace du Grand Est, entend que cela se sache dans la région bien sûr dans les médias locaux notamment, et au delà des frontières régionales.
"C'est une consultation indicative, qui n'aura aucun poids juridique, Frédéric Bierry le sait, il l'a dit, donc il s'agit plutôt d'en faire un levier politique, nous explique le politologue de l'Observatoire de la vie politique en Alsace Bernard Schwengler. Une campagne nationale via des grands médias peut donner du poids politique à cette démarche, l'objectif étant sûrement d'influencer l'attitude des candidats à la présidentielle, qu'ils prennent position. C'est une façon aussi de diffuser l'information plus largement même en Alsace, plus on en parle et mieux c'est, en tout cas c'est une initiative logique et rationnelle au vu des objectifs de Frédéric Bierry."
Quant à la question de l'impact d'une telle campagne, difficile de lire dans la boule de cristal. "L'événement est crée, tout le monde va être informé, sauf que la région Grand Est commence à faire partie du paysage, Jean Rottner a eu de bons résultats aux dernières élections régionales, donc difficile de présager de ce que peut donner cette consultation même si elle est un plébiscite pour la sortie du Grand Est", conclut Bernard Schwengler.
Objectif : mettre le débat sous le nez des présidentiables
Pour Frédéric Bierry, c'est justement l'occasion de peser sur la présidentielle. "Je suis confiant, si le vote est conséquent et en faveur de l'Alsace, alors nous serons entendus". Et cela passe donc par une campagne nationale de communication. Et le président de la CEA d'assurer qu'elle a été financée par les économies réalisées sur le budget global de la communication. "Et de toutes façons, à mon arrivée, j'ai baissé ce budget de 40%". Nous n'en saurons pas plus sur son coût.
A titre indicatif, le Monde affiche en 2020 un tarif (H.T) de 164.000 euros pour la page 7 (celle où figure la publicité pleine page de la CEA) et le Figaro 195.000 euros pour la même page (tarif 2022). La CEA affirme avoir négocié un tarif plus favorable.
En tout cas, communiquer l'information jusqu'à Paris semblait nécessaire à Frédéric Bierry, et ce, pour de nombreuses raisons. "En cette période électorale, tous les candidats à la présidentielle doivent savoir que cette question existe pour qu'ils s'en saisissent, c'est ce que nous avions fait aussi pour défendre la collectivité européenne d'Alsace. Et puis aujourd'hui, il faut rénover la démocratie. C'est ce que nous faisons en proposant cette consultation qui s'étend sur plusieurs semaines, se passe par voie numérique et postale. On peut par la suite en envisager d'autres, sur la taxe poids lourds ou Stocamine par exemple".
Au moins 100.000 votants ?
Pour l'instant, pas de chiffres concernant la participation à cette consultation qui doit s'achever le 15 février. Mais Frédéric Bierry sait qu'elle doit être importante, au moins 100.000 personnes, pour peser dans la balance. "J'aimerais que nous prenions exemple sur la votation suisse. Le peuple s'exprime via des consultations et cette volonté se traduit ensuite dans les textes. J'aimerais que ces consultations en France aient une portée réglementaire pour redonner aux citoyens l'envie de voter".
Une initiative qui n'en finit pas de faire grincer des dents coté grande région. Si Jean Rottner, le président du Grand Est a refusé de s'exprimer sur la question, des nombreux élus, lorrains notamment, n'ont pas caché leur agacement dans la presse régionale. Pas de quoi doucher l'optimisme de Frédéric Bierry. Rendez vous est pris le 15 février pour la clôture des résultats.