Coronavirus : le Haut-Rhin au cœur d'une étude menée par le CNRS pour comprendre comment "tout a basculé"

Quand et comment le Haut-Rhin s'est-il transformé en foyer épidémique ? Pour le savoir, le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et l'Université Clermont-Auvergne lancent une étude épidémiologique de grande ampleur. Tous les habitants du département sont invités à y répondre.
 

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C’est l’une des zones qui a viré au rouge vif sur la carte de France. Le Haut-Rhin, identifié comme étant l’un des principaux foyers de circulation du Coronavirus, attire l'attention de la communauté scientifique. A quel moment tout a basculé ? Comment la situation sanitaire de ce département a-t-elle pu s’emballer à ce point ?

Pour répondre à ces questions, depuis mardi 21 avril 2020, la population haut-rhinoise fait l’objet d’une étude lancée par le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et l'Université Clermont-Auvergne. Une enquête anonyme, observationnelle et rétroactive, mise au point en moins de deux semaines, "alors qu’il aurait fallu deux mois dans un contexte normal", précise Laurent Gerbaud, spécialiste en santé publique, chargé de l’analyse de données. "Il fallait aller vite. Tant qu’on est en situation de confinement, on est encore suffisamment prêts de l’évènement. Les gens peuvent se souvenir de ce qui s’est passé".

Convoquer les mémoires, un exercice qui devrait permettre aux scientifiques de remonter le temps et de retracer l’histoire de la propagation du virus sur le territoire. "C’est une démarche de science-citoyenne", explique Vincent Breton, en charge de l’étude. "Aujourd’hui, la science a besoin de tous les témoignages possibles pour en savoir plus sur le SARS-CoV-2, trouver des réponses adéquates et anticiper l’avenir", avance encore le directeur de recherche au CNRS.
 

Le rassemblement de la Porte ouverte chrétienne comme point de départ


Certes, le Haut-Rhin n'est pas le seul foyer infectieux mis en évidence dans l'Hexagone.  L'Oise, la Haute-Savoie ou encore l’Ile de France sont aussi sur le devant de l’épidémie. Mais si le département alsacien est en passe de devenir un cas d’école, "c’est parce qu’il a été un des lieux de démarrage extrêmement important. C’est à partir de là qu’il y a eu un débordement des capacités hospitalières", rappelle Laurent Gerbaud.

En guise de repère temporel et de "starter", les chercheurs ont pointé le rassemblement de la Porte ouverte chrétienne, qui avait réuni 2.500 personnes à Mulhouse en février dernier. Un événement devenu la cible de toutes les critiques, accusé d’être à la fois la bombe et le détonateur. A tel point que les membres de la communauté évangélique essuient depuis, insultes et menaces. Une situation considérée comme "injuste", que l’un d’eux, le docteur Jonathan Peterschmitt, a souhaité dénoncer dans un manifeste diffusé le 19 avril 2020.
  

À partir de mi-janvier, le virus circulait déjà
Laurent Gerbaud, professeur de santé publique -
 

"Il se peut qu’un autre évènement, antérieur à ce rassemblement, ait permis de faire circuler le virus dans le département, dès la mi-janvier. Le rassemblement pourrait simplement être un moment où la diffusion s’accélère et se propage hors d’Alsace, mais pas un démarrage. Dans l’Oise aussi, tous les modèles convergent pour dire que c’est autour du 15 janvier que le Coronavirus a commencé à circuler", précise le scientifique.

"L’idée c’est justement d’essayer de savoir si le virus évoluait avant l’événement, quel rôle cet événement a-t-il pu jouer et comment le Coronavirus a continué sa route après. C’est ça qui est intéressant dans le cas du Haut-Rhin : c’est qu’il y a une unité de temps et de lieu", ajoute Vincent Breton.


Tous les Haut-Rhinois invités à participer


Connaître les symptômes ressentis par ceux qui ont été traversés par le virus, analyser les interactions au sein des familles, connaître ses modes de transmission dans les milieux scolaires, professionnels et associatifs…pour arriver à disséquer le fonctionnement du Covid-19, une centaine de questions est posée à travers l’étude. Temps de réponse estimé par foyer : entre une demi-heure et une heure.

Pour l’heure, 350 questionnaires ont déjà été renvoyés sur les quelques 2000 attendus et espérés par les chercheurs. Sur son site internet, la Porte ouverte chrétienne invite ses fidèles à répondre. Mais les chercheurs insistent, "tous les habitants du Haut-Rhin sont invités à participer. Il n’y a pas de petits témoignages. Toutes les contributions sont uniques et précieuses, que l’on ait eu des symptômes ou pas, que l’on ait fréquenté le rassemblement ou pas".

Pour ceux qui souhaiteraient contribuer à l'étude, rendez-vous sur le site de l’Université de Clermont Auvergne. Les premiers résultats devraient être connus après le déconfinement, prévu le 11 mai prochain.

 
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