Je m’appelle Lisa et j’ai commencé à travailler pour France Télévisions en télétravail (sans mauvais jeu de mot), en confinement, le 14 avril 2020 à Strasbourg. Mais entre la signature de mon contrat et ma prise de fonction est arrivé le covid19...
Ce n’est pas vraiment comme ça que j’imaginais mon premier jour d’intégration. Alors que le covid19 fait rage partout dans le monde, mon premier questionnement, hormis ma santé et celle de mes proches, fut de savoir comment m’organiser pour prendre mes nouvelles fonctions, dans un nouveau poste, dans une nouvelle entreprise, et ceci à distance. Lors de mes entretiens d'embauche en décembre, avec mon chef et les DRH, nous n'avions pas forcément prévu le coup. Et je n'ai pas encore eu l'occasion de rencontrer d'autres collègues excepté eux trois.
Changer de vie professionnelle, c’est déjà stressant. Alors en changer "confinée", ça l’est d’autant plus. Dans les conditions normales, les collègues sont là pour nous guider, nous former et nous rassurer tout au long des premières semaines. Alors comment cela se passe-t-il lorsqu’on est à la fois seule, nouvelle et éloignée des autres ?
Les bons conseils de mes parents
Souvent sujette aux migraines et aux cervicalgies, ma maman a pris soin de m'envoyer une flopée d'articles sur "les réflexes à adopter pendant une journée de télétravail" et quelques bons conseils de respiration pour évacuer un peu la tension. Adepte de la méditation et yogiste, j'essayais alors de suivre son chemin vers la zen attitude. Mon père, lui, est beaucoup plus direct. Un SMS concis et clair : "Allez Dolly ! Courage, organisation, apprentissage, relecture et talent !"
J'étais stressée à l'idée de commencer un nouveau job dans ces conditions, j'ai alors enchaîné les nuits blanches et les questionnements. Une amie m'a dit : "Relax and chill. Mange un truc qui te fait plaisir, mets ton meilleur pyjama, regarde ta meilleure série sur Netflix et surtout arrête de cogiter !" C'est drôle, d'habitude c'est moi qui ai ce rôle de rassurer mon entourage dans des périodes d'angoisses et de doutes. Les missions s'inversent.
(Re)prendre ses marques
Le réveil a été catastrophique. Étant une adepte des grasses matinées, j'ai pris la mauvaise habitude de me lever tous les matins à 11 heures depuis le début du confinement. En temps normal, je me serais apprêtée pendant une demi-heure, j'aurais choisi la tenue idéale pour ce premier jour et j'aurais englouti mon petit-déjeuner rapidement avant d'enfourcher ma bicyclette pour rencontrer mes nouveaux collègues.
Ce jour-là, rien de tout ça. Le regard hagard à 8 heures du matin, j'ai pris une douche pour me réveiller, j'ai enfilé mon plus beau bas de pyjama et un tee-shirt, câliné Moka, mon labrador chocolat, discuté avec mon copain… Puis j’ai pris mon poste à 9 heures, depuis mon salon. Autant vous dire que j’avais envisagé beaucoup de scénarios pour ce premier jour, mais aucun comme celui-ci. Par chance, mon boulot est entièrement lié au numérique, avec quelques codes, quelques heures de formations téléphoniques, mon boss a pu me donner mes premières missions.
Changer ses habitudes
Le plus difficile n’était pas les missions en elles-mêmes mais l’organisation personnelle à mettre en place. J'ai l'habitude de sortir Moka entre midi et deux et le soir (munie de mon attestation bien-sûr !) Ce jour-là, c'est mon copain qui s'y est collé.
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Aspirée par le travail, je n'ai pas vu les heures passer, j'en ai même oublié de manger. Je pratique le jeûne intermittent depuis un mois environ, j'ai des horaires stricts à respecter pour mes repas. Ce mardi, je n'ai pas pris le temps de cuisiner et j'ai littéralement mangé sur mon clavier. Je me suis vite rendu compte qu'il fallait me fixer des règles et des temps de travail/pause, pour rester productive et prendre du plaisir quotidiennement.
La "rencontre" avec mes collègues
On dit de moi que je suis une personne sociable et extravertie. Lors de ma rencontre avec mes homologues régionaux en visioconférence, je me suis plutôt trouvée timide voire perdue. C'est difficile de vraiment montrer sa personnalité derrière un écran. Je faisais attention à mes gestes, à ma posture, à tout ce que je disais. Je me rappelle même m'être dit : "ça fait plus de deux minutes que tu souris bêtement, prends un air plus neutre. Attention, ne te ronge pas les ongles, reste droite et à l'écoute. Arrête de te tenir la tête, elle ne va pas tomber..." Fort heureusement, j'ai la chance de bosser avec des personnes empathiques et chaleureuses. Cet appel m'a rassurée. Le travail d'équipe est important et des relations saines et équilibrées sont la base.
Bilan d'un premier jour
Je ne fais pas partie de ceux qui ont profité du confinement pour apprendre à tricoter ou peindre. Pour moi, c'était plutôt improductif et répétitif. Après un mois à tourner en rond, cette première journée m'a fait du bien. Je me suis sentie utile. Je suis heureuse d'être confinée au printemps. Rien de mieux que d'aller se balader avec mes fidèles compagnons après une journée de travail et aller faire coucou à mes parents depuis leur jardin, à moins d'un kilomètre.
