Coronavirus : récupération et blouses de fortune, la débrouille des infirmiers libéraux

A la guerre, comme à la guerre : on se bat avec les armes que l'on a. Et les infirmiers libéraux n'ont pas grand chose. Peu de masques, mais surtout, pas de blouses, pas de surchaussures, pas de charlottes, au risque de contaminer ceux qu'ils sont sensés soigner. Il faut donc les inventer, et vite.

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Une cinquantaine de visites par jour : c'est la journée type de Julien Boehringer, infirmier libéral dans les quartiers ouest de Strasbourg.  Cinquante fois par jour, il sonne chez des patients, puis reprend sa voiture, et repart chez un autre patient. Sans aucune protection contre les virus qu'il pourrait embarquer bien malgré-lui sur ses vêtements. Avec l'envahissant virus Covid-19 en particulier,  toujours susceptible de rester accroché au siège de sa voiture, jusqu'à la prochaine occasion.... Or, il se trouve que les patients de Julien Boehringer sont pour la plupart âgés et atteints de pathologies chroniques, et donc cibles toutes désignées pour ce virus... 

J'ai envie de pleurer souvent...
-Julien Boehringer, infirmier libéral 

Julien Boehringer est également président de la fédération nationale des infirmiers du Bas-Rhin et il est très inquiet.  "J'ai envie de pleurer souvent", dit-il. "Au sens propre comme au figuré". Alors, il en parle, à tout hasard confiné chez lui , à son voisin, de l'autre côté de la clôture. Et voilà comment l'idée est venue. Adapter des housses de sièges auto.

 

Faire fonctionner son cerveau et ses réseaux

Le voisin s'appelle Gaston Kopferschmitt. Lui et son frère Sylvain sont les créateurs de la marque Bretzel Airlines, avec boutiques éponymes aujourd'hui fermées pour cause de confinement généralisé. Les deux frères tournent en rond, cherchent à se rendre utiles. Être solidaire, c'est une nécessité. Oui mais comment? La problématique de Julien Boehringer fait tilt : éviter de contaminer les voitures, grâce à des housses, à poser sur les sièges, ou à transformer en blouses.

En quelques jours, et quelques coups de fils plus tard, la logistique se met en place. L'ADIRA, l'agence de développement d'Alsace, par le biais de son directeur général Vincent Froelicher se met en quête de concessionnaires automobiles, et obtient des réponses positives.

En quelques jours, 13.000 kits de protection auto sont réunis. Ce sont des housses que les garagistes utilisent pour protéger l'habitacle des voitures lors des révisions. Elles ont l'avantage d'être en plastique, et donc plus faciles à nettoyer que le tissu d'origine des sièges auto. "Bien sûr, ce n'est pas l'idéal explique Gaston Kopferschmitt, mais c'est une réponse adaptée à la situation actuelle". Certaines de ces housses font aussi de magnifiques blouses... vertes, comme celles des soignants en milieu hospitalier. Une coquetterie qui fait sourire Gaston Kopferschmitt.
  

Les entreprises, le Rotary et le Lions Club à la rescousse

Sollicitées par l'ADIRA, des enseignes habituellement concurrentes ont travaillé ensemble. Clément Wieser, gérant de Myoto à Mommenheim, a appelé le plus gros fournisseur de housses de la région, et obtenu 10.000 kits de protection à prix réduit, le solde étant financé par les clubs Rotary et Lions de Strasbourg. Pendant ce temps, Car Avenue totalisait 3.000 unités supplémentaires, et mettait à disposition ses locaux à Strasbourg, Saverne, Haguenau, Sélestat, Colmar et Mulhouse, rouverts spécialement pour la distribution de ces kits aux infirmiers libéraux du secteur. Ce fut la ruée raconte Clément Wieser. "En 20 minutes tout est parti. On a assisté à des scènes hallucinantes au même titre que des SDF qui viennent chercher du pain invendu. Et les infirmières vous disent merci mille fois".
 

Poursuivre l'effort

Vendredi 27 mars, 8.000 pièces supplémentaires vont être distribuées partout en Alsace. La chaîne d'entraide qui s'est constituée ne va pas s'interrompre. Les infirmiers ont besoin de tabliers afin de pouvoir réaliser la toilette de leurs patients dans des conditions acceptables. Les EHPAD seraient également preneurs d'un tel équipement.

Pour en fabriquer, des rouleaux de PVC vont être découpés en bandes de 1m50. Objectif : 10.000 tabliers. Le défi sera de les confectionner tout en respectant les consignes de distanciation sociales. Défi relevé. "Je suis touché par la solidarité des entreprises et des particuliers qui nous aident à travailler dans les conditions les moins pires possibles" dit Julien Boehringer. Le procédé utilisé, le fonctionnement du poste et le mode d'emploi sont expliqués dans cette video.

Et l'initiative alsacienne n'est pas isolée. Partout en France, les infirmiers font appel à leurs contacts, et se débrouillent pour trouver des solutions que les circuits officiels n'apportent plus.
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