Pour aider les habitants à tenir le coup face à l'épidémie de covid19 et aux mesure de confinement, une cellule de soutien psychologique sera lancée lundi 6 avril 2020 dans le Bas-Rhin. Un dispositif d’ampleur qui réunira près de deux cents professionnels de santé bénévoles.
La crise sanitaire que nous traversons est inédite tant par son ampleur que sa durée. Ses conséquences sont physiques, mais aussi psychologiques. "Le confinement commence à avoir des résultats sanitaires mais les effets psychiques de cette épidémie se font également sentir", confirme le médecin strasbourgeois Alexandre Feltz, président du CLSM (conseil local en santé mentale) de l’Eurométropole de Strasbourg.
Dans ce contexte, la communauté des soignants du Bas-Rhin a largement répondu présente à l’appel des Hôpitaux universitaires de Strasbourg et du CLSM pour tenir une cellule d’écoute destinée à la population, active dès lundi 6 avril 2020. Un dispositif exceptionnel, normalement mis en place lors d’accidents majeurs ou d’attentats. Au total, plus de 180 professionnels seront mobilisables, prêts à décrocher le téléphone bénévolement, du lundi au dimanche. "On a été agréablement surpris. Ça montre l’élan de générosité exceptionnel des soignants", se réjouit le docteur Feltz.
Au bout du fil, des médecins retraités, des infirmières, des psychologues ou encore des travailleurs sociaux, des écoutants "tout venant", "mis à disposition" par la ville de Strasbourg, l’Eurométropole et le département. Tous seront chargés d’écouter, de conseiller, d’apporter des réponses, à ceux qui en expriment le besoin.
"Si ça un lien direct ou indirect avec le virus, qu’ils appellent. Quelles que soient les difficultés ou les questions", précise encore Alexandre Feltz, avant d’insister sur l’importance de libérer les paroles. "Pour certain, psychologiquement ça devient dur. On sait que c’est très important d’intervenir le plus tôt possible quand il y a des traumatismes".
#Coronavirus #Covid19
— Préfète de la région Grand Est et du Bas-Rhin (@Prefet67) April 1, 2020
Face à la maladie, face au confinement, face au climat général qui peut être particulièrement anxiogène, une cellule d’écoute CoviEcoute67 a été créée pour tous les habitants du #BasRhin.
☎️Appelez le 03 88 11 62 20 si vous en ressentez le besoin pic.twitter.com/0ggc6413Kr
Concrètement, le dispositif fonctionne à la manière d'un SAMU. L’appelant contacte une plateforme téléphonique gratuite (au 03.88.11.62.20) et anonyme. Il expose sa situation à un régulateur qui activera la prise en charge adéquate. Une plateforme équivalente fonctionne déjà pour aider le personnel soignant.
"Ça peut être des gens qui ont du mal à supporter le confinement, des gens contaminés mais qui ont des symptômes bénins et qui se posent des questions sur l’évolution du virus ou encore des personnes qui ont perdu des proches ou qui ont des proches hospitalisés", évoque le docteur Dominique Mastelli, l’un des responsables du dispositif. "On sait qu’il y a plein de sources d’angoisse. Cet épisode est très anxiogène et l’idée c’est vraiment que les gens puissent parler".
Evoquer ses craintes liées à l’épidémie, mais aussi aux difficultés qu’elle induit. Sur ce point, les médecins alertent. "Ce sont les facteurs concomitants qui peuvent faire basculer des situations déjà difficiles. Il peut y avoir des questions sociales qui pourront être traités par les services sociaux de la ville, des questions de ressources, prises en charge par le conseil départemental, ou encore des questions de violence, relayées aux associations. Chaque écoutant à une liste d’interlocuteur. »
Quid de l’après crise sanitaire ? Prévu pour rester actif deux mois, le numéro départemental pourrait survivre à la phase de déconfinement. "Sur l’après, nous n’avons pas de représentations, mais il pourra y avoir un après-coup. Nous allons recenser les personnes qui pourront continuer à être écoutantes quand elles auront repris leur activité pour proposer un accompagnement au-delà du confinement", précise encore Dominique Mastelli.
CoviEcoute67 sera joignable du lundi au vendredi, de 10h à 22h et du samedi au dimanche de 10h à 12h. En dehors des horaires d’ouverture, les personnes qui en ressentent le besoin peuvent contacter la plateforme nationale au 0 800 130 000 qui dispose d’une cellule d’écoute